Germinal, Emile Zola,1885 - 4ème - Littérature

Lecture sur Germinal, Emile Zola,1885 en 4ème.

La scène se situe dans le nord de la France. Catherine travaille à la mine avec toute sa famille. Elle aide un jeune homme, Etienne, qui vient d’être embauché.

Le jeune homme, dont les yeux s’habituaient à l’obscurité, la regardait, blanche encore, avec son teint de chlorose[1] ; et il n’aurait pu dire son âge, il lui donnait douze ans, tellement elle lui semblait frêle. Pourtant, il la sentait plus vieille, d’une liberté de garçon, d’une effronterie naïve, qui le gênait un peu : elle ne lui plaisait pas, il trouvait trop gamine sa tête blafarde de Pierrot, serrée aux tempes par le béguin[2]. Mais ce qui l’étonnait, c’était la force de cette enfant, une force nerveuse où il entrait beaucoup d’adresse. Elle emplissait sa berline plus vite que lui, à petits coups de pelle réguliers et rapides ; elle la poussait ensuite jusqu’au plan incliné, d’une seule poussée lente, sans accrocs, passant à l’aise sous les roches basses. Lui, se massacrait, déraillait, restait en détresse.

À la vérité, ce n’était point un chemin commode. Il y avait une soixantaine de mètres, de la taille au plan incliné ; et la voie, que les mineurs de la coupe à terre n’avaient pas encore élargie, était un véritable boyau, de toit très inégal, renflé de continuelles bosses : à certaines places, la berline chargée passait tout juste, le herscheur devait s’aplatir, pousser sur les genoux, pour ne pas se fendre la tête. D’ailleurs, les bois pliaient et cassaient déjà. On les voyait, rompus au milieu, en longues déchirures pâles, ainsi que des béquilles trop faibles. Il fallait prendre garde de s’écorcher à ces cassures ; et, sous le lent écrasement qui faisait éclater des rondins de chêne gros comme la cuisse, on se coulait à plat ventre, avec la sourde inquiétude d’entendre brusquement craquer son dos.

— Encore ! dit Catherine en riant.

La berline d’Étienne venait de dérailler, au passage le plus difficile. Il n’arrivait point à rouler droit, sur ces rails qui se faussaient[1] dans la terre humide ; et il jurait, il s’emportait, se battait rageusement avec les roues, qu’il ne pouvait, malgré des efforts exagérés, remettre en place.

— Attends donc, reprit la jeune fille. Si tu te fâches, jamais ça ne marchera.

Questionnaire

À propos de l’intrigue :

❶ Quels sont les deux personnages de l’extrait ?

❷ Dans quel lieu se déroule la scène ?

Dans la galerie d’une mine b) Dans un lavoir c) Dans une fonderie

❸ Quelle activité les personnages sont-ils en train de faire ?

À propos du personnage :

❹ Comment Catherine est-elle décrite au début de l’extrait ?

❺ Quelles qualités de Catherine sont mises en avant ?

❻ Quel rôle joue-t-elle vis-à-vis d’Etienne ?

❼ Quels indices montent qu’Etienne débute en tant que mineur ?

❽ a) Pourquoi Etienne se sent-il honteux à un moment donné ?

b) Comment décrire l’environnement dans lequel travaillent Catherine et Etienne ?
a) c’est un lieu de travail agréable et aéré
b) c’est un lieu très étroit et sombre
c) c’est un lieu vaste mais peu éclairé

❾ Quelles difficultés les personnages rencontrent-ils à cause de cet environnement ?

À propos du style :

❿ Quelle figure de style est utilisée pour désigner Catherine dans la phrase : « elle semblait trotter à quatre pattes, ainsi qu’une de ces bêtes naines qui travaillent dans les cirques. » ?