Comment enseigner la tenue du crayon aux élèves de petite section ?
Bien tenir son crayon ou tout autre outil scripteur permet de fluidifier l’écriture. C’est d’autant plus important que les habitudes ancrées dans l’enfance perdurent à l’âge adulte : la mauvaise tenue du stylo est donc le résultat d’habitudes prises précocement avec des outils souvent inadaptés. De ce fait, il paraît nécessaire d’œuvrer en vue d’une bonne préhension dès le plus jeune âge, en maternelle. Nous allons donc voir ensemble comment mener un travail pour apprendre à bien tenir son crayon en petite section.
Qu’est-ce qu’une bonne tenue de l’outil scripteur?
Une prise confortable qui permet un geste fluide
La bonne tenue du crayon puis plus tard du stylo est une prise qui permet à l’enfant, puis à l’adulte, d’écrire confortablement et de manière fluide. L’acte d’écrire doit pouvoir durer des heures à l’âge adulte sans engendrer de douleurs quelles qu’elles soient. La position permettant une prise confortable et adaptée est celle mettant en jeu la pince, autrement dit le pouce et un doigt en opposition, l’index. La position des autres doigts est moins importante à partir du moment où elle n’entrave pas le geste. Pour cela, le majeur et les autres doigts sont laissés à l’arrière.
Une prise qui permet un ajustement instantané du tracé
La tenue du stylo doit permettre un ajustement instantané du tracé, que ce soit du graphisme en petite section ou de l’écriture plus tard. Pour ce faire, la posture de la main et du corps doit permettre la visibilité sur le déroulement de la trace. Ainsi, de façon à ce qu’ils voient toujours la mine du crayon, veillez à ne pas laisser les enfants utiliser de crayons trop courts, à une bonne position des doigts sur l’outil mais également du poignet. Ce dernier ne doit pas être cassé, laissant la main dans l’axe de l’avant-bras.
Cela passe aussi par une bonne posture
Si bien tenir son crayon passe nécessairement par une bonne position des doigts, cela n’est pas suffisant. Il est également important de veiller à ce que les élèves soient assis confortablement, les deux pieds posés, le dos droit. Le bras de la main qui écrit est idéalement positionné dans l’axe de la feuille ou du cahier, légèrement incliné, de façon à ce que l’élève ait toujours une vue dégagée sur ce qu’il écrit et la main dans l’axe du bras. Une bonne posture passe nécessairement par un mobilier adapté et une bonne taille des chaises et tables. Compte tenu qu’en PS les enfants mesurent en moyenne entre 93 et 116 cm, la table doit être haute de 40 cm et l’assise de la chaise de 26 cm.
Comment le rectifier dès que possible?
Un accompagnement au quotidien
Les habitudes de l’enfance étant inscrites de manière durable, il est important d’aider vos élèves à prendre de bonnes habitudes dès leurs débuts dans les activités graphiques. Cela passe un accompagnement au quotidien de votre part mais également de celle de votre ATSEM, justement informée par vos soins. Cela peut également faire l’objet d’un point à expliquer aux parents lors de votre réunion de rentrée.
Clarifier la nécessité d’une bonne tenue du crayon
Afin d’aider les enfants à comprendre l’importance de bien tenir leur crayon, expliquer leur, démontrer leur qu’on ne peut bien écrire, bien dessiner, bien tracer que si l’on voit ce que l’on fait et si c’est confortable. Pour ceux qui n’y parviendraient pas de manière spontanée, vous pouvez leur présenter l’histoire de la voiture jaune, une petite vidéo explicative (à retrouver en fin de cet article) réalisée par Josiane Caron Santha, ergothérapeute. Celle-ci fait le parallèle avec l’importance de la place de chacun en voiture et met en avant l’enjeu d’une bonne prise du crayon. Une fois la vidéo visionnée, n’hésitez pas à l’expliquer et rejouer le scénario en classe afin d’en accompagner la compréhension et la mise en œuvre. Vous pourrez par la suite aisément faire les rappels nécessaires aux élèves qui se souviendront que Papa et Maman (pouce et index) sont devant et les enfants (les autres doigts) sont placés à l’arrière de la voiture.
Choisir des outils adaptés
Pour aider à une bonne tenue, veillez également à choisir les outils scripteurs adaptés. Ceux-ci disposent idéalement d’une bague antidérapante et d’une butée pour éviter que les doigts ne glissent. Les feutres fins, au corps lisse, sont ainsi à écarter pour les élèves de petite section. Afin d’aider les élèves à installer de manière adéquate leurs doigts sur le crayon, vous pouvez également installer des guide-doigts.
Quelles activités mener pour améliorer la motricité fine?
Parce que bien tenir son crayon demande une certaine habileté, celle-ci est à entraîner de diverses manières, en amont et en parallèle. Toutes les activités de préhension et de précision qui vont amener les élèves à délier leurs doigts, leur poignet et l’entièreté de leurs bras sont importantes pour améliorer leur motricité fine. Les ateliers autonomes, permettant une progressivité respectant le rythme de chacun, sont particulièrement adaptés :
- activités mettant en jeu l’utilisation de pinces : pinces à linge (les accrocher sur un disque de carton, accrocher les vêtements des poupées sur le fil à linge), pinces à pansement ou pinces à épiler (lors d’activités de tri par exemple), pinces à cornichon, à sucre, à salade, à pâtes, lors des activités de transvasement notamment ;
- activités de précision : vissage/dévissage, boulonnage/déboulonnage, laçage, tressage, toutes les activités d’ouverture/fermeture de vêtements (pression, scratch, fermeture, boutonnage) mais également l’ouverture/fermeture de cadenas ;
- tourner les pages d’un livre posé sur un chevalet, obligeant ainsi la mobilisation de la pince et la mobilité, en souplesse, du poignet et du coude ;
- activités de pâte à modeler : morceler avec les doigts, former des colombins puis des serpentins, couper avec le couteau, enrouler les serpentins sur eux-mêmes ou autour d’une tige, former des boules avec le plat de la main ou avec les doigts ;
- activités de découpage : librement puis entre des obstacles, autour d’objets, sur des lignes épaisses puis plus fines, droites puis courbes.
La progressivité des apprentissages dans chaque atelier permet l’utilisation d’abord globale puis de plus en plus fine de leur main par les élèves. Cela contribue à la fois à renforcer leur main et leurs doigts et à affiner leur dextérité manuelle, indispensable pour une tenue adéquate des outils.