IEF : comment les intérêts de l’enfant façonnent un apprentissage réussi

IEF : comment les intérêts de l’enfant façonnent un apprentissage réussi

Une des phrases clés de la pédagogue Maria Montessori était : ne me suivez pas, suivez l’enfant. On ne peut pas dire que les programmes officiels de l’Éducation nationale invitent au même chemin. Néanmoins, suivre les intérêts de l’enfant semble couler de source pour favoriser ses apprentissages. Et en instruction en famille, c’est d’autant plus possible. Mais, la crainte reste grande de se voir reprocher de ne pas faire ce qu’il faut lors des contrôles pédagogiques. En effet, en IEF la famille construit le programme éducatif en s’assurant de répondre aux fondamentaux énoncés dans le socle commun de compétences, de connaissances et de culture. Alors, suivre les intérêts de l’enfant en IEF tout en respectant le socle commun de l’Éducation nationale, possible ou non ?

Que signifie « suivre les intérêts de l’enfant en IEF » ?

« Suivre les intérêts de l’enfant » désigne à la fois le soutien que l’on apporte à :

  • son bien-être, notamment physique ; or en IEF, on peut d’autant mieux respecter le rythme biologique de l’enfant ;
  • son attirance pour certains sujets, ses passions, sa curiosité afin qu’il approfondisse certains thèmes, un véritable bienfait pour sa santé mentale.    

À l’école traditionnelle, il est difficile de répondre aux intérêts individuels de chaque enfant. Certaines activités peuvent rester en libre choix, mais les thématiques et projets abordés sont généralement les mêmes pour toute la classe. 

Quelques écoles alternatives proposent d’autres fonctionnements. Par exemple, dans certaines écoles Montessori, les élèves de 6 à 12 ans écoutent chaque année les 5 grands récits pour introduire l’histoire, la géographie, les sciences, l’écriture, les mathématiques, etc. Puis chaque enfant creuse le thème qui l’intéresse et réalise un exposé. Les grandes leçons éveillent tellement la curiosité que le plus difficile est peut-être de choisir quel sujet investiguer !

Des périodes sensibles aux passions de l’enfant

L’école à la maison présente l’avantage de pouvoir adapter l’environnement éducatif aux passions et curiosités naturelles de l’enfant plutôt que de lui imposer un curriculum rigide. 

  • Les intérêts de l’enfant peuvent inclure des domaines académiques spécifiques, comme les mathématiques, la lecture, les sciences physiques ou de la vie et de la Terre, l’histoire, la géographie…

Chez le jeune enfant, on parle de périodes sensibles : les mouvements, l’ordre, le langage, le raffinement des sens, le comportement social, les petits objets, les mathématiques.

  • Au-delà des matières traditionnelles, les intérêts peuvent aussi être thématiques. Par exemple, un enfant pourrait être fasciné par les dinosaures. Il passera des heures à apprendre leurs noms, leurs caractéristiques, et l’ère géologique à laquelle ils appartenaient. Un autre peut vouloir tout savoir sur les pirates ou encore les chevaliers et les châteaux. Cela peut être l’occasion de programmer des visites de monuments en lien avec la période historique qui attise l’intérêt de l’enfant. 

Observer pour identifier les centres d’intérêt de l’enfant

Mais comment savoir ce qui plaît à l’enfant ? Comment trouver ce qui va capter son attention, stimuler sa curiosité ? Maria Montessori expliquait que l’observation est au cœur du rôle de l’éducateur.

L’observation permet : 

  • de mieux connaître l’enfant et comprendre ses réactions, ses émotions, ses capacités et difficultés, ce qu’il aime, etc. ;
  • d’adapter le programme d’apprentissage, tant en termes de contenu, de planning que de pratiques, afin qu’il soit le plus efficace possible ;
  • d’accompagner le développement de l’enfant en lui proposant des projets qui lui donnent envie d’apprendre, qui ont du sens pour lui ;

L’observation peut être formelle avec des temps planifiés d’observation, pendant lesquels on peut utiliser une grille d’observation par exemple. On cherche alors à collecter des données sur un point précis du développement de l’enfant, qu’il s’agisse de compétences académiques ou psychosociales. 

Elle peut être informelle, guidée par notre sensibilité : on profite de ce que l’enfant donne à voir et à entendre sans objectif précis… mais c’est souvent fort instructif ! Les périodes de jeu libre, où l’enfant est naturellement engagé et actif, se prêtent particulièrement à ce type d’observation. Quels livres choisit-il de lire ? Quels sujets le stimulent dans ses discussions ? Quels types de jeux ou d’activités préfère-t-il ? Au-delà de l’observation de ses choix spontanés, échanger avec l’enfant sur ce qu’il aime et pourquoi il apprécie ces activités peut fournir de précieux renseignements.

Quels sont les avantages à suivre les intérêts de l’enfant en IEF ?

Suivre les intérêts de l’enfant dans son instruction offre un avantage précieux : l’enfant met du sens sur ses apprentissages. Puisqu’en apprenant ce qui l’intéresse, il va pouvoir répondre à ses propres questionnements et non à ceux imposés. Certains rétorqueront qu’on ne fait pas toujours ce que l’on veut dans la vie. Et que permettre à l’enfant d’apprendre, avant tout, ce qui lui fait envie et l’intéresse, ce n’est pas l’aider pour la suite. Pourtant, suivre les intérêts de l’enfant dans ses apprentissages, c’est rendre ces derniers plus efficaces. C’est une posture :

  • qui vise à intégrer les passions naturelles dans un cadre éducatif structuré ;
  • qui encourage l’exploration et le développement personnel. 

Lorsque les enfants investiguent des sujets qui les passionnent, leur engagement et leur motivation sont nettement accrus. 

Cette motivation intrinsèque transforme l’apprentissage en une activité plaisante plutôt que laborieuse. La rétention est meilleure et la compréhension des matières étudiées plus profonde. 

Des études en psychologie éducative montrent que l’apprentissage basé sur les intérêts peut améliorer la concentration et la persévérance, éléments clés pour un apprentissage durable.

Soulignons également qu’en s’alignant sur les intérêts de l’enfant, les parents évitent les affrontements au sujet des études. Cela réduit les tensions et renforce le lien parent-enfant. Cette approche coopérative instaure un climat de confiance et d’ouverture. L’enfant se sent compris et soutenu par ses parents.

Chaque enfant est unique. Il semble logique et naturel que son parcours d’apprentissage reflète ses propres inclinations et motivations… en tous les cas en IEF.

Comment concilier intérêts de l’enfant en IEF et conformité aux programmes officiels ?

Suivre les intérêts de l’enfant en IEF ne va pas pour autant de soi. Pourquoi donc alors que les impacts positifs de cette approche sont indéniables ? Parce qu’en France, les familles qui sont autorisées à faire l’école à la maison sont soumises à des contrôles pédagogiques. Elles doivent bien sûr respecter le socle commun de connaissances, de compétences et de culture de l’Éducation nationale.

En tant que parent instructeur, on peut craindre que l’intégration de ces intérêts dans une programmation ne soit complexe ou que l’on se voit reprocher d’être trop éloigné des programmes. Or, les deux sont conciliables selon différentes stratégies :

  • Aborder certaines compétences académiques à travers les thèmes chers à l’enfant : il s’intéresse particulièrement aux animaux ? Ce thème peut s’étudier en biologie, géographie (habitats, biodiversité), histoire (évolution, domestication), lecture, résolution de problèmes à base de vraies informations sur le sujet, etc. Cette méthode permet de couvrir les matières obligatoires, en utilisant des programmations clé-en-main comme celles proposées par Pass-Education, tout en engageant l’enfant avec des contenus qui lui plaisent.
  • Mener une pédagogie de projets transdisciplinaires qui combinent plusieurs disciplines. Un projet autour des chevaliers peut inclure l’histoire (le Moyen Âge), la littérature (étude de textes), les arts (construction de maquettes de châteaux), les mathématiques (calcul des dimensions et des proportions), etc. 

Pour s’assurer de respecter les attentes des inspections académiques, pensez à bien documenter les activités d’apprentissage et les progrès réalisés. Présentez le projet sous forme de carte mentale pour montrer toutes les compétences visées selon les disciplines. Tenez un journal de bord détaillé, incluant des exemples de travaux, des évaluations sur les compétences acquises.

  • Travailler certaines compétences de façon massée, selon les appétences de l’enfant : les périodes sensibles de l’enfant peuvent amener à aborder, pendant plusieurs semaines, l’apprentissage de la lecture, aux dépens provisoires de la numération. Et a contrario, les mathématiques peuvent reprendre le dessus, alors que l’intérêt pour le langage écrit décroît provisoirement.

Alors ? Prêt·e à piocher dans les différentes pratiques pédagogiques ? À concevoir des projets pour assurer une éducation complète, conforme, mais passionnante et en phase avec les intérêts de l’enfant ? Cap sur l’IEF.

Elsa Boulet du blog Mes Petits Curieux pour Pass-Education