Un beau matin, au moment de se préparer pour aller à l’école, votre enfant est pris d’une crise d’angoisse. Il pleure, il crie, il n’arrive pas à gérer ces intenses émotions. En prenant le temps d’échanger avec lui, sur ce qu’il se passe, vous vous rendez compte que le fait de se rendre à l’école le terrifie. La phobie scolaire touche votre enfant.
En France, ce phénomène touche environ 5% des élèves, et son origine ne vient pas toujours d’où on pense. En effet, au-delà des (très médiatisées) causes de phobies scolaires, il en est une qui est plus confidentielle, mais tout aussi impactante pour nos enfants. La peur de l’enseignant existe bel et bien. Cette personne, censée être la relation de confiance à l’école pour l’enfant, ne s’avère pas toujours être celle que l’on croit ! L’humiliation scolaire est un phénomène terrifiant pour les enfants qui la vivent.
Qu’est-ce que l’humiliation scolaire ?
Nous avons presque tous en souvenir l’exemple d’un professeur respectueux et bienveillant. Mais, malheureusement, nous avons également presque tous en souvenir l’exemple d’un professeur dur dans ses paroles. C’est un sujet tabou dont l’Education nationale ne veut pas parler. Et pourtant, ce phénomène existe depuis des années et touche bien souvent les enfants les plus faibles, sous des formes de rabaissements violents. Et il n’y a pas d’âge pour subir ces humiliations. Elles sont vécues par les lycéens, les collégiens, les élèves du primaire, mais aussi de la maternelle. Jugée marginale par les enseignants, l’humiliation scolaire est ressentie avec des degrés plus ou moins intenses par les élèves. Bon nombre d’entre eux déclarent se sentir humiliés ou rabaissés par leur professeur. Dans le système scolaire, l’enseignant est désigné comme le supérieur, le connaisseur, le sage, l’autorité. Et cette image semble difficile à remettre en question. Cette attitude de la part du professeur peut être la traduction d’un mal-être, d’un sentiment de solitude face à sa classe, d’un sentiment d’abandon, d’une non-reconnaissance de ses compétences, de l’absence de soutien de la part de sa hiérarchie. Malgré cette souffrance, il ne peut être acceptable que l’enfant devienne le souffre-douleur, doivent subir ces actes de violences qui pourraient ressembler à de la vengeance.
Quand l’enfant a peur de son enseignant
Pour commencer, j’ai envie de vous raconter une petite anecdote qui reste gravée dans mon cœur de maman : Je me souviens encore de cette séance qui s’est déroulée il y a 5 ans. Nous aidions nos enfants à se préparer pour partir pour l’école. Et soudain, mon fils de 3 ans, en petite section à l’époque, s’est mis à pleurer comme jamais je ne l’avais vu pleurer. Il était inconsolable. Il nous demandait avec insistance, et pleurs, de ne pas l’emmener à l’école. Cette scène a été impressionnante pour nous, à tel point que nous avons décidé de le garder à la maison. J’ai pris le temps de l’accompagner dans la gestion de cette intense émotion. Quand il fut calmé, nous avons tous les deux pris le temps de discuter pour comprendre ce qu’il se passait. Du haut de ses 3 ans, il m’a expliqué qu’il avait peur d’aller à l’école, car « la maîtresse est méchante ». Je suis restée quelque peu bouche bée en entendant ces mots. En effet, nous connaissions cette enseignante, et rien ne montrait qu’elle puisse être « méchante ». Et mon fils est allé plus loin dans ses explications, me racontant les actes de violence qu’elle pouvait avoir à l’encontre d’autres enfants, et les cris qui fusaient dans la classe. Mon fils avait donc peur d’aller à l’école !
Nous entendons pratiquement toujours parler de la phobie scolaire sous le projecteur du harcèlement entre enfants, de la peur de l’échec, de l’angoisse de la séparation, ou encore de la pression familiale. Mais la phobie scolaire peut également avoir pour origine l’attitude inadaptée et néfaste de l’enseignant auprès de ses élèves. On parle moins de ces agissements, mais ils existent bien. Moqueries, punitions répétitives, harcèlement moral, les enfants peuvent conserver des traces. Ces violences éducatives ordinaires ne sont pas anodines et peuvent laisser des traces qui peuvent marquer une personne pour longtemps.
Il est donc important d’observer les signes de cette maltraitance émotionnelle. Ces signes peuvent se traduire par un changement dans ses habitudes alimentaires. Manque ou excès d’appétit, soyez vigilant à ces premiers troubles. Vous pourrez également remarquer que votre enfant a peur de l’échec, et que participer à de nouveaux projets le terrifie. Les enfants en souffrance émotionnelle ont également tendance à vouloir satisfaire les attentes de leur entourage. En essayant de gagner l’approbation des autres, ils développent une mauvaise estime d’eux-mêmes. Vous pourrez enfin constater une baisse dans ses résultats scolaires.
Quelles solutions apportées pour le bien-être de son enfant ?
La phobie scolaire vécue par votre enfant a ainsi pour origine l’humiliation provenant des pratiques de l’enseignant. Ces pratiques se traduisent par des paroles et/ou des actes violents de la part de l’instituteur, avec une volonté, consciente ou inconsciente, de se venger et/ou d’asseoir son autorité via des rapports de force, ce qui nuit à l’enfant.
Il ne peut être imaginable que votre enfant parte à l’école la boule au ventre. Il est donc primordial d’être présent aux côtés de votre enfant et d’agir en conséquence. Dans un tel contexte, la voix seule de votre enfant ne sera pas entendue, ni prise au sérieux. Mais avec votre aide, votre écoute, votre accompagnement, votre parole d’adulte, les difficultés rencontrées pourront trouver une issue positive. Vous pouvez vous adresser à la direction de l’établissement scolaire pour essayer de régler cette situation en interne. Et, si rien ne bouge, n’hésitez pas à contacter la direction académique. Il est indispensable de trouver des solutions rapidement afin que l’enfant ne souffre pas davantage.
Conclusion
Vous l’aurez compris, ce sujet de phobie scolaire dû à l’attitude de l’enseignant reste tabou.
J’ai envie de vous raconter la fin de l’histoire vécue par mon fils : J’ai pris rendez-vous avec l’enseignante de mon fils qui m’a avoué être en dépression. Elle a admis avoir des gestes et des paroles violentes envers certains enfants de sa classe (mais pas mon fils m’a-t-elle assuré !). Il n’empêche que mon fils, hypersensible, était spectateur de ces scènes. Et il était terrifié à l’idée de les vivre à son tour. Nous avons terminé les trois derniers mois de l’année scolaire en étant vigilants au comportement de mon fils, mais aussi en réfléchissant à d’autres solutions qui permettraient à notre fils de retrouver sa joie de vivre et sa sérénité.
L’écoute attentive, l’accompagnement bienveillant, le soutien inconditionnel sont les clés qui permettront à votre enfant de retrouver confiance en lui, et de s’assurer un avenir heureux.
Sylviana de Lamour en Vadrouille, pour Pass éducation