Pourquoi déscolarise-t-on un enfant ?

Il n’existe pas autant de raisons qu’il existe d’enfants … mais pas loin. Les raisons sont très variées, nous ne citerons ici que les principales. Surtout, ce que nous voudrions vous donner, c’est un éclairage sur les raisons qui doivent vous mettre la puce à l’oreille – vous guider sur ce qui est, ou n’est pas, une raison « suffisante » pour déscolariser un enfant. S’il est fortement déconseillé de déscolariser un enfant qui aime aller à l’école, il est aussi vivement recommandé de déscolariser un enfant qui n’aime pas/plus l’école, qui n’y est pas heureux, qui n’y trouve pas sa place et ne s’y épanouit pas. De fait, face aux nombreux soucis que l’enfant rencontre dans la vie scolaire, nombreux sont les parents à s’interroger, à être perdus, et à douter. Quand donc faut-il réagir ? Quand et pourquoi faut-il sérieusement, en songeant avant tout au bien-être de l’enfant, envisager une déscolarisation ?

    • Votre enfant a changé, ou est en train de changer : perte d’appétit, de tonus, d’envie de jouer, de se mêler aux autres, de joie de vivre, … il devient agressif, se replie sur lui-même, peine à communiquer – c’est indubitablement le signe qu’il subit quelque chose, qu’il souffre. Il a un énorme souci, ou même plusieurs, et il est urgent pour les parents de réagir. N’oublions pas que l’impulsion de vie est l’essence même de l’enfance, quand elle n’est pas présente, ou même lorsqu’elle faiblit, c’est que le corps de l’enfant tire un signal d’alarme. Si vous êtes certain que le problème ne vient pas de la cellule familiale, ou d’une activité périscolaire, ou encore ne cache pas un trouble de santé, c’est que c’est à l’école que se situe le souci.
    • Votre enfant est porteur de handicap, ou bien souffre d’un trouble « DYS », quel qu’il soit : l’école, par les règles de groupe que son fonctionnement impose, ne peut matériellement pas s’adapter aux demandes de votre enfant.
    •  Vous devez voyager, ou partir à l’étranger – quoiqu’il en soit, vous choisissez un mode de vie nomade, pour des raisons qui vous appartiennent – l’IEF (Instruction En Famille) est alors toute indiquée.
    • Vous êtes intrinsèquement convaincu.e de la profonde inadaptation de l’école, et votre enfant partage votre point de vue. Il ne déteste pas forcément l’école, mais il préfèrerait pouvoir apprendre à son rythme, en se concentrant sur ses propres centres d’intérêt. Dans un même ordre d’idée, votre enfant … s’ennuie à l’école – parce qu’il sait déjà ce qui est vu en classe, parce que ce qui est enseigné ne l’intéresse pas, etc.
    • Tout simplement … l’IEF correspond mieux à vos idées, à votre philosophie de vie. Vous vous inscrivez dans une démarche d’accompagnement respectueux de l’enfant, de ses besoins, de ses goûts, de ses envies – en somme, de sa personne – et alors que vous progressez sur ce chemin, l’IEF s’impose naturellement à votre famille – tant que l’enfant est d’accord avec vous, et que ce choix de vie ne lui est pas imposé. Généralement toutefois, les enfants bénéficiant d’un accompagnement respectueux de la part de leurs parents, s’inscrivent naturellement dans la même lignée.

Les obligations légales quand on déscolarise un enfant.

Ça y est, la décision est prise : vous retirez votre enfant de l’école. Que vous ayez fait ce choix dans l’urgence, parce que votre enfant souffrait trop dans le système scolaire classique, ou bien qu’il s’agisse d’un choix longuement réfléchi que vous appliquerez à la prochaine rentrée de septembre, pas de panique, nous allons vous expliquer les démarches obligatoires. Vous verrez que ce n’est pas bien compliqué, et sans risque, si vous respectez ce qui est attendu de vous au niveau légal.

Lorsque votre choix est fait, vous devez en informer au plus vite : 

  • Le chef d’établissement où était jusqu’alors scolarisé votre enfant. Il doit ensuite vous fournir rapidement un certificat de radiation (radiation de votre enfant de l’établissement scolaire en question). Il doit également vous remettre le dossier scolaire de l’enfant, ainsi que tout élément lui appartenant. Certains chefs d’établissement profitent de ces situations pour faire des excès de zèle : ne vous laissez pas intimider, et soyez conscients de vos droits. Ils n’ont pas le droit, légalement, de vous refuser la déscolarisation, ni de refuser de vous remettre le certificat de radiation, ni les affaires de l’enfant. Ils n’ont pas plus le droit de vous demander de justifier votre choix, ou ce que vous allez faire par la suite : comment vous allez vous y prendre pour faire l’IEF, par exemple. Enfin, ils n’ont pas non plus le droit de vous demander si vous êtes conscient des « risques » pour votre enfant (difficultés en apprentissages, problèmes de niveaux, de socialisation, etc) : cela relève de leur point de vue de chef d’établissement, qui est bien différent de celui d’un parent s’engageant dans l’Instruction en Famille. Lorsque le certificat est en votre possession, conservez-le précieusement : en l’attente du retour des courriers de l’Inspection Académique, c’est ce qui vous protège d’une éventuelle accusation d’absentéisme.
  • La mairie de votre domicile, par courrier, avec accusé de réception (ce n’est pas légalement obligatoire, mais l’accusé de réception est gage de votre bonne foi en cas de courrier égaré, par exemple). Là encore, pas besoin d’exposer le pourquoi de vos choix. Vous trouverez des exemples de lettre type en suivant ce lien. Vous disposez de 8 jours si vous déclarez en cours d’année, et cela doit être fait pour la rentrée scolaire de septembre si vous prenez votre décision pendant l’été.
  • L’Inspection Académique dont dépend votre commune (ou DSDEN) – et toujours en recommandé avec accusé de réception. Vous trouverez facilement les adresses en ligne. Si vous déscolarisez en cours d’année scolaire, il faut envoyer votre déclaration dans les huit jours maximum à compter du 1er jour de déscolarisation. N’attendez surtout pas, sinon ce sera considéré comme de l’absentéisme. Si vous choisissez de ne pas remettre l’enfant en classe à la prochaine rentrée de septembre 2020, il vous faudra envoyer le courrier au plus tard le jour de la rentrée. L’IA vous enverra en retour un accusé de réception attestant que votre enfant est instruit en famille – les délais sont très variables selon les académies, même si la nouvelle loi prévoit « sans délai ». Ce document tient lieu d’attestation de l’IEF, et vous informe de vos droits, de vos obligations, des modalités de contrôle, de la possibilité de contrôle inopiné, et des éventuelles sanctions – là encore, cela peut être assez intimidant au départ, mais ne vous en formalisez pas – en tant qu’employés de l’Éducation Nationale, leur rôle n’est pas vraiment de vous encourager à faire l’IEF. Conservez ce document précieusement, et transmettez-en une copie à votre CAF si vous bénéficiez d’aide de leur part. Il n’est pas nécessaire de transmettre ce document au directeur de l’ancien établissement scolaire de votre enfant. Vous trouverez des exemples de lettre type pour votre déclaration d’IEF à l’IA ici.

Premier jour, première semaine, premier mois de désco : on fait quoi maintenant ?

Le changement de rythme peut être assez déroutant, pour vous comme pour l’enfant – en pratique, cela le sera certainement. La 1ère règle à suivre est certainement de ne pas se prendre la tête … il n’y a aucune urgence. Alors, on lâche prise, on souffle, on se donne du temps pour s’imprégner de la nouvelle situation familiale – on parle alors de « déscolarisation mentale ». La durée de ce processus sera variable selon chacun, il n’y a aucune règle en la matière. Néanmoins, si l’enfant a été déscolarisé dans l’urgence, suite à un énorme mal-être, ou suite à des violences, il faudra certainement prévoir un certain temps pour qu’il décroche de tout ça, se détende, évacue, et renoue avec des apprentissages sereins. Vous trouverez plus d’informations concernant cette période de transition école/IEF, dans cet article.

On fait l’IEF, c’est bien, mais comment on s’y prend ?

Lorsque vous avez fait le choix de la déscolarisation, un nouveau choix s’impose à vous, qui n’est parfois pas moins aisé que le 1er : comment va-t-on faire l’IEF ? quels supports choisir ? quelle pédagogie ? IEF ou CPC ? etc

Sur notre section IEF de Pass Éducation, vous trouverez de nombreux articles susceptibles de vous guider, concernant tous ces sujets. Vous pouvez aller vous balader et lire ce qui vous tente, en suivant ces liens :

Vous trouverez aussi plusieurs témoignages, ainsi que des pistes de lecture ou de vidéos disponibles sur Youtube.

OK mais …et la socialisation alors ?

J’ajouterais pour terminer, qu’un des arguments majeurs contre l’IEF n’est là que pour vous faire peur. La fameuse socialisation, si importante apparemment de nos jours, est précisément et au contraire de ce que pourront en dire tous ses détracteurs, facilitée par l’Instruction en Famille : l’enfant n’est plus confiné entre quatre murs, avec des enfants du même âge (ou quasiment, s’il s’agit d’une classe multi-niveaux), et sous le joug d’une poignée d’adultes. En IEF, le parent doit y veiller bien sûr, mais le plus souvent ça se fait tout seul – on ne vit pas en vase clos, on ne fait pas, vraiment, « l’école à la maison ». Au contraire, on sort, on va au-devant de gens de tous âges, de personnalités de tous types, on s’ouvre au monde et on part à sa découverte.

 

 

Anne-Catherine Proutière, fondatrice du blog « Pédagogies alternatives en liberté », pour Pass éducation