Avant de vous délivrer mes petites astuces pour aider votre enfant dyslexique et/ou dysorthographique, un petit rappel s’impose sur ce que sont vraiment ces pathologies.
Ce sont des troubles spécifiques d’apprentissage du langage écrit c’est-à-dire que ces troubles sont caractérisés par de grandes difficultés dans l’acquisition et dans l’automatisation des mécanismes nécessaires à la maîtrise de l’écrit (lecture, écriture, orthographe…). La dyslexie concerne le versant de la lecture et la dysorthographie le versant de l’écriture. La dyslexie peut être isolée mais elle est bien souvent associée à une dysorthographie. Le diagnostic est posé par un orthophoniste qui fera bénéficier par la suite votre enfant d’une prise en charge afin de lui donner les bons outils pour compenser son trouble. On ne “guérit” pas une dyslexie-dysorthographie, c’est un trouble durable du langage écrit, il sera donc présent toute la vie de votre enfant mais avec les bons outils, ils apprennent à le dompter pour que leur quotidien devienne plus facile. L’instruction en famille est un vrai avantage au quotidien : si tous les enfants présentant une dyslexie-dysorthographie étaient instruits en famille, cela faciliterait sans aucun doute leurs apprentissages. Il est indispensable de garder à l’esprit que le maître-mot doit être l’adaptation des supports. En effet, c’est en proposant des supports sur des sujets que vos enfants aiment qu’ils auront envie de plonger dans la lecture et l’écriture malgré leurs difficultés. Il faut garder à l’esprit que votre enfant est obligé de réfléchir à chaque mot qu’il lit ou écrit, qu’il confond les lettres, en oublie ou en rajoute et qu’il se perd facilement dans les lignes. Lire ou écrire lui prend beaucoup de temps et d’énergie, ses difficultés l’empêchent d’avoir une lecture fluide et de bien comprendre ce qu’il lit. Il ne peut pas traiter rapidement les informations contenues dans les écrits. Ce déchiffrage permanent rend l’enfant lent et le fatigue rapidement. Les astuces qui vont suivre concernent les enfants qui ont réussi à entrer dans la lecture et l’écriture mais qui ont du mal à retenir l’orthographe des mots . Des articles ultérieurs seront consacrés notamment aux débuts de la lecture et à l’acquisition des sons manquants.
Tout d’abord, il est important d’adapter les supports que vous proposez à votre enfant. Il faut veiller à lui présenter des textes aérés en utilisant des interlignes mais également à utiliser de grands caractères (minimum : taille 14) pour une plus grande lisibilité c’est-à-dire qu’il soit plus facile pour lui de déchiffrer le texte qu’il lit. Vous pouvez proposer de la lecture alternée à votre enfant dès que le besoin s’en fait ressentir c’est-à-dire lire chacun son tour une phrase afin d’alléger sa fatigue et de maintenir son intérêt pour la tâche en question.
Il est également possible de télécharger la police d’écriture open-dyslexic afin de créer vos supports d’apprentissage : celle-ci est gratuite et en libre téléchargement. C’est une police qui a été pensée et adaptée pour les enfants présentant une dyslexie.
Il est préférable, au quotidien, de privilégier les temps courts de concentration et de réduire au maximum les éléments susceptibles de le distraire notamment la présence d’écran ou même simplement d’une fenêtre juste en face de lui. En effet, un environnement calme et apaisant va permettre à votre enfant de se concentrer plus facilement.
Pour favoriser l’assimilation des acquis, il est bénéfique d’apporter des redondances c’est-à-dire de faire passer les savoirs par plusieurs canaux sensoriels (auditif, visuel, kinesthésique). On apprend en écoutant, en regardant mais aussi en étant au cœur de l’action. Il faudra veiller à utiliser les canaux les plus performants de votre enfant pour compenser ceux qui sont déficitaires. Un petit exemple, pour mémoriser l’orthographe d’un mot, vous pouvez lui faire écrire avec son doigt sur le bureau, lui dire en même temps le mot et lui montrer une image du mot.
Il est également important de sensibiliser et développer la conscience des familles de mots (saut, sautiller, sauter, sautoir, sursauter…). En effet, s’il prend l’habitude d’y avoir recours, il saura, par exemple, que le mot “enfant” prend un t à la fin car il connaît le mot enfantin. Ce sont des petites astuces qu’il faut développer au fil du temps avec votre enfant.
Un travail sur la morphologie des mots peut aider à améliorer au quotidien son orthographe. Il faut l’aider à se servir des mots écrits qu’il connaît pour en développer d’autres (utiliser les préfixes et suffixes associés à un radical). Par exemple, à partir du verbe geler, on peut trouver simplement des mots comme congeler, surgeler, regeler, dégeler, etc… Plus votre enfant s’exercera et plus ce sera facile pour lui de se servir des apports de la morphologie mais il ne s’agit pas là d’imposer cet exercice. Il faudra veiller à suivre ses envies et à lui proposer au moment opportun. Les mots illustrés sont également un véritable outil pour aider à fixer l’orthographe d’un mot qu’il n’arrive pas à retenir. Le concept est simple : écrire le mot et l’agrémenter d’un dessin qui permettra de mieux comprendre les difficultés du mot. Ainsi, les deux –t du mot “botte” se transforme simplement en botte. L’idée est que ce soit l’enfant qui imagine les illustrations sur le dessin tout simplement parce qu’il les retiendra mieux si c’est lui qui les décide et les dessine. Un enfant qui est acteur de ses apprentissages est simplement un enfant qui retiendra plus facilement.
La boîte à mots est un vrai outil pour aider votre enfant à mémoriser l’orthographe des mots dans le but de les lire plus facilement mais aussi de parvenir à les retranscrire. L’idée est simplement d’écrire sur un papier, de préférence sur l’ordinateur avec la police adaptée, les mots que votre enfant a du mal à écrire et de les glisser dans cette boîte. Chaque jour, votre enfant ou vous-même piocherez un ou plusieurs mots suivant votre disponibilité et vous devrez lui poser plusieurs questions sur l’orthographe de ce mot. Au fil du temps, ce travail de l’esprit lui permettra d’acquérir des nouveaux mots et d’enrichir son stock orthographique c’est-à-dire plus simplement les mots qu’il sait écrire par cœur sans avoir besoin d’une réflexion. Plusieurs tâches sont possibles à partir de cette boîte : épeler le mot à l’endroit, épeler à l’envers, donner une lettre sur deux, poser des questions de type “quelle est la troisième lettre de ce mot?”, l’écrire dans les airs… Cependant, il est inutile de proposer à l’enfant la copie pure de mots comme moyen de mémorisation puisque celle-ci est inefficace et fatigante chez les enfants dyslexiques-dysorthographiques. C’est un outil qui demande vraiment très peu de temps quotidiennement mais qui, sur le long terme, va permettre à votre enfant d’enrichir le nombre de mots qu’il sait transcrire. Ceci n’est pas une liste exhaustive bien entendu mais elle est là simplement pour vous permettre d’accompagner au mieux vos enfants qui sont parfois en souffrance face à leurs apprentissages. Certains outils conviendront mieux à certains enfants que d’autres. Comme toujours, votre seul repère sera votre enfant.
Léa Helias (orthophoniste), fondatrice de Jeunemamanextraterrestre, pour Pass Education