Organiser efficacement la numération en classe de grande section
La numération passe par la manipulation d’objets jusqu’à l’abstraction. Le travail des élèves sur les nombres et la résolution de problèmes s’appuient sur la pratique pour représenter les situations, les modéliser et contrôler les réponses. Progressivement, les élèves passent de cette manipulation aux dessins puis aux schémas de plus en plus abstraits. Ce parcours s’accompagne de la verbalisation des actions lors des différentes étapes. Elle favorise l’accès à l’abstraction et apporte à l’enseignant des renseignements sur les procédures de l’élève. Le professeur apporte alors les éventuelles aides appropriées. Quelles sont les attentes en numération en grande section ? Comment vous organisez-vous en classe ? Et enfin quelles activités mettez-vous en place ?
Les attentes institutionnelles en maternelle
Selon, le bulletin officiel spécial n° 2 du 26 mars 2015, chapitre 4.1, dans l’apprentissage du nombre à l’école maternelle, l’enseignant fait construire le nombre pour exprimer les quantités, stabiliser la connaissance des petits nombres et utiliser le nombre comme mémoire de la position. Il contribue à la construction de la notion de nombre.
En fin de maternelle, en grande section, vos élèves connaissent deux notions essentielles en numération.
Utiliser les nombres
Ils doivent :
- Évaluer et comparer des collections d’objets avec des procédures numériques ou non numériques.
- Réaliser une collection dont le cardinal est donné ; utiliser le dénombrement pour comparer deux quantités, pour constituer une collection d’une taille donnée ou pour concevoir une quantité égale à celle proposée.
- Utiliser le nombre pour exprimer la position d’un objet ou d’une personne dans un jeu, dans une situation organisée, sur un rang ou pour comparer des positions.
- Mobiliser des symboles analogiques, verbaux ou écrits, conventionnels ou non pour communiquer des informations orales et écrites sur une quantité.
Étudier les nombres
Vos élèves doivent :
- Avoir compris que le cardinal ne change pas si on modifie la disposition spatiale ou la nature des éléments.
- Avoir compris que tout nombre s’obtient en ajoutant un au nombre précédent et que cela correspond à l’ajout d’une unité à la quantité précédente.
- Quantifier des collections jusqu’à dix au moins ; les composer et les décomposer par manipulations effectives puis mentales ; dire combien il faut ajouter ou enlever pour obtenir des quantités ne dépassant pas dix.
- Parler des nombres à l’aide de leur décomposition.
- Dire la suite des nombres jusqu’à trente et les lire en chiffres jusqu’à dix.
Attention, les algorithmes en grande section ne font pas partie de la catégorie de la numération dans les instructions officielles. Ils appartiennent au chapitre 4.2, formes, grandeurs, suites organisées, et au domaine de la logique. Ils ont néanmoins un impact sur celle-ci par la compréhension de l’ordre des chiffres dans le nombre.
L’organisation des activités numériques au sein de la classe
La programmation des ateliers mathématiques en maternelle se fait sur la semaine et sur la période à la fois. La progression est beaucoup moins linéaire qu’en élémentaire en raison de l’important écart des compétences d’un enfant à l’autre dans ce domaine. L’organisation en ateliers facilite la différenciation nécessaire. La numération doit être largement traitée à chaque période. Si dans la semaine elle ne l’est pas dans le cadre des ateliers organisés (en cas de projet important en langage par exemple), elle peut se travailler en regroupement. Ce fonctionnement prend parfois la forme de séances très poussées et très intéressantes à l’occasion des rituels. L’organisation de temps d’apprentissage dans les coins jeux plus ou moins autonomes est également possible. Les divers jeux se mènent à 2, à 4, en demi-groupe. Vous choisissez la meilleure configuration selon l’activité menée.
La numération en grande section : des conseils essentiels
Les rituels
Les rituels mathématiques en grande section s’avèrent primordiaux afin de renforcer les apprentissages numériques. Lors de la vérification du nombre d’absents et de présents, utilisez systématiquement l’itération de l’unité (trois c’est deux et encore un). Cela se construit progressivement. Vos élèves prennent conscience de la notion de quantité, de dénombrement et non de comptage comme si un numéro était attribué à chaque enfant. Lorsqu’ils dénombrent les présents, ils disent « 1 et encore 1 ça fait 2, et 1 ça fait 3… » afin de conscientiser la notion de quantité.
Vous pouvez y aborder aussi la notion de soustraction. Pour cela, les élèves se souviennent de la pérennité du nombre de présents potentiels. En le repérant sur une demi-droite graduée avec les nombres de 0 à 30, reculez ensuite du nombre d’absents. La notion de soustraction s’installe.
Abordez en période 2 par exemple, la notion de dizaines et d’unités à l’aide de cartes à points. Ainsi, 23 présents se convertissent en 2 dizaines et 3 unités. Vos élèves procèdent par comptage de paquets de 10 enfants, correspondants à une carte à point de 10, une dizaine.
La répétition quotidienne de ces exercices ancre des apprentissages que vous réinvestissez dans d’autres activités mathématiques de manipulation.
La manipulation
Il s’agit de donner encore une fois du sens aux nombres. L’élève doit en avoir conscience lors des diverses rencontres avec eux ! Les aspects manipulatoire et ludique préviennent des difficultés de conceptualisation des nombres. Les activités sur fiches ne laissent pas la place nécessaire à la manipulation et sont limitées en cycle 1. Le jeu de plateau, la nécessité d’une trace écrite comme aide à la mémorisation, les situations vécues dans le quotidien de la classe et les situations problèmes sous forme de jeux servent de base à la découverte du nombre.
Les fiches apparaissent en fin de manipulation, afin que vos élèves de grande section aient une approche de l’abstraction qu’ils rencontrent plus systématiquement en CP.
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Voici quelques activités dont l’intérêt est d’être à la disposition de vos élèves :
- « La corde à linge » : disposez une demi-droite graduée de 1,50 m environ, fixée dans un coin de la classe, des pinces à linge, des étiquettes-nombres. L’enfant reconstitue la file numérique, trouve les erreurs, ne place que quelques étiquettes dans l’ordre.
- Les jeux de plateau tels que le jeu de l’oie, les petits chevaux, les jeux de cartes offrent des incitations ludiques d’apprentissage indéniable.
- Les jeux pédagogiques sont nombreux ; il est essentiel d’y avoir recours avant de recourir aux fiches.
- Organisez des tournois inter classes, avec notation des résultats, sur la résolution de problèmes numériques.
Les jeux de calcul mental
Diverses activités répétées quotidiennement apportent aussi un éclairage intéressant sur la conceptualisation du nombre. En voici quelques-unes :
- Greli-grelo : prenez un certain nombre de jetons dans une main que vous montrez au groupe d’élèves. Puis fermez la main. Dans l’autre, mettez quelques jetons. Réunissez vos deux mains : « Greli-grelo, combien de pièces dans mon sabot ? ». Ils doivent donc additionner mentalement les jetons et donner la réponse. Vérifiez en ouvrant les mains.
- La fusée : les enfants montent debout sur le banc, et comptent à rebours à partir de 3, de 5 ou de 10. Ils sautent quand ils atteignent 0.
- La rivière : faites couler dans une boîte des jetons, lentement, vite. Vos élèves les comptent mentalement. Puis vérifiez en comptant à haute voix.
L’aspect ludique est inhérent à de meilleures acquisitions en numération (ou dans d’autres domaines bien entendu). Organisez principalement des activités de manipulations.
Les activités de décomposition et recomposition s’exercent sur des quantités jusqu’à dix. Tous les jeux de dés entre autres proposent ce travail lorsque vous en utilisez deux.
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