Je m’appelle Claudia, j’ai 33 ans et je suis la maman de Lisandro 7 ans, et Leonidas 2 ans. Je travaille à la maison depuis la naissance de mon premier enfant. Le papa travaille et est très présent pour eux aussi. J’ai toujours su, avant même d’être maman, que je ferai l’IEF lorsque j’aurais des enfants en âge scolaire. L’envie de partager un maximum de bons moments avec mes enfants dans la bienveillance, était mon moteur. Mon grand m’a donné raison : il a tout d’abord été reconnu TDAH, puis « enfant au développement atypique rentrant dans le cadre du spectre autistique, à haut potentiel ». Traduction : il est autiste à haut potentiel. Il n’a appris à parler qu’il y a un an de cela. À l’inverse, il a commencé à lire à ses 3 ans, seul. Donc l’IEF et ses prémisses ont débuté il y a fort longtemps pour mon aîné qui avait soif d’apprendre. D’ailleurs il maîtrise 3 langues, et toujours en apprentissage ‘seul’, je veux dire par là que l’envie découle de lui, et je respecte son rythme et ses envies. De là, j’en obtiens que satisfaction : il ne tient certes pas assis, rechigne à travailler (à s’y mettre en tout cas), est hypersensible au point de faire une crise de pleurs chaque jour avant les cours… mais avec empathie et patience, nous travaillons bien. Sous le regard amusé du petit frère de 2 ans qui répète tout !
Dans une école, avec une maîtresse, des camarades, voire même la présence d’une AVS, mon fils ferait une crise de pleurs continue la journée entière. Je ne peux pas lui infliger une telle chose. Dans une classe IME (institut médico-éducatif), il n’y a pas sa place. Il est certes « atypique », mais a le droit d’apprendre comme un enfant au développement classique, et il en a les capacités, si l’on lui en donne les moyens. Et c’est ce que nous faisons en IEF : je lui donne toutes les chances d’avoir le même niveau de connaissances qu’un enfant scolarisé en CE1. Le pédopsychiatre de mon fils est acteur de l’IEF en un sens : je n’ai jamais eu aucun jugement de sa part, ni de incitation à le scolariser, ni proposition d’AVS. Elle ne m’a même pas demandé si pour cette année, il était toujours à la maison : on appelle cela, je me trompe peut-être, la confiance. La confiance que moi, sa maman, je suis capable et sait gérer ses crises et sensibilités qui sont nombreuses, ses craintes, tout en lui prodiguant un enseignement optimal. Il suit un parcours scolaire classique à la maison, assez formel, dans le sens où je lui ai acheté divers manuels d’école niveau CE1. Nous utilisons des manuels à « pédagogie explicite ». C’est un enseignement qui vise l’acquisition des connaissances sur le long terme (avec des automatismes) et qui se focalise sur la compréhension des acquis par l’élève. C’est un enseignement très guidé et structuré, par celui qui le prodigue. Mais tout cela est travaillé à son rythme. En anglais par exemple, il est déjà bilingue. En sciences, il est incollable. L’écriture, la motricité fine, étant les domaines où il prend plus de temps. Il aime beaucoup le skate, le vélo et aussi aller à la piscine. Il n’aime pas du tout les arts plastiques ! En contrepartie il adore coder ! Hé oui, le code informatique, même moi je ne sais pas en faire autant !
Nombreuses sont les personnes qui pensent qu’un enfant instruit en famille ne sort jamais de chez lui, reste enfermé entre quatre murs, etc. Alors certes dans notre cas, nous sommes à la maison le temps d’étudier, pour le temps « école ». Aller dans une médiathèque pourrait sembler une bonne idée, mais il y trouve beaucoup de distractions, et son esprit se trouve ailleurs à chaque mot que je prononce. A la maison à l’inverse, il se concentre mieux. Après l’école, nous faisons des activités qui incluent aussi son petit frère lorsque c’est possible. A titre d’exemple : nous sortons, faisons des balades en forêt ou allons aussi dans notre jardin où nous faisons un potager. Nous voyons du monde il est d’ailleurs très sociable, et parle naturellement à tout enfant ou adulte inconnu (un vendeur dans un magasin, ou une personne promenant son chien par exemple). Mon fils a même le plaisir de payer et compter les sous quand on fait de tout petits achats.
L’apprentissage à son rythme, est une chose impensable dans une école où l’enseignant a en face une bonne vingtaine d’élèves, qui malgré eux, doivent se conformer au rythme qui leur est imposé. Aujourd’hui, je n’imagine pas scolariser mes enfants. L’IEF est rentré dans notre mode de vie, et convient à mes enfants. Nous, en tant que parents, pouvons tous un jour ou l’autre devoir faire le choix de l’instruction en famille pour diverses raisons. Il n’y a pas que des enfants TDAH ou TSA comme le mien à la maison : cela peut être juste un choix pédagogique, un mode de vie qui « impose » ce choix, mais aussi des enfants ayant besoin d’apprendre à leur rythme, à qui le rythme scolaire ne convient pas. N’oublions pas aussi les enfants ayant été scolarisés par le passé, et subi moqueries, brimades ou autres, et ceux ayant une phobie scolaire. J’en oublie beaucoup encore. Car il n’y a pas un « enfant type », ou plutôt, une « famille type » ayant fait le choix de l’IEF. Nous avons tous des raisons qui nous sont propres. Mais ses raisons ont toujours pour but le bien-être de nos enfants.
Bien entendu, je compte faire le même choix pour le petit frère de 2 ans. Je souhaite sincèrement préserver la liberté de ce choix, ce droit.
Mes enfants sont extrêmement proches et soudés, je ne me vois pas les séparer. Lisandro n’a appris à parler que lorsque son petit frère est venu au monde. Ils sont vraiment proches, complices, et c’est un bonheur de chaque jour faire l’IEF. Ils apprennent aussi énormément en bougeant, en jouant ensemble. Car c’est ça aussi d’être un enfant de 2, et de 7 ans : avoir la liberté de mouvement (bougeotte pour les intimes !), liberté d’apprendre en jouant, de jouer en apprenant.
Les voir épanouis, et la meilleure chose que l’on puisse m’offrir chaque jour. Pour que leur épanouissement, et celui de tous les enfants en IEF puisse se poursuivre : maintenons le droit à l’IEF. Car même les parents d’un enfant scolarisé, pourraient un jour avoir besoin de ce choix. Nous, parents, sommes tous concernés.
Une pétition est en cours pour soutenir l’IEF : partageons-la !
Claudia, pour Pass éducation