IEF, homeschooling, unschooling, école à la maison, enfants non-sco, … plusieurs mots pour désigner un choix de vie, pour parler d’un sujet qui tient à cœur à de très nombreuses familles : l’IEF (l’instruction en famille). Une diversité de mots pour désigner ce choix, pour une multitude de manière de faire et de motivations à choisir cette alternative à l’instruction en école. Une alternative actuellement protégée par notre Constitution et mise en danger par un projet de loi qui devrait être présenté le 9 décembre ; Un projet de loi mêlant nécessité de lutter contre les séparatismes et extrémismes religieux et volonté de mettre fin à la liberté de choisir l’instruction en famille pour nos enfants. Un choc pour nous mais aussi pour toutes les familles ayant choisi d’instruire eux-mêmes leurs enfants. Actuellement, en France : uniquement l’instruction est obligatoire, dès l’année des trois ans. Et de nombreuses familles choisissent d’instruire leurs enfants en famille. Les motivations sont diverses et variées. Si pour certaines familles ce choix s’inscrit dans un projet de vie familial, il y a aussi de nombreuses familles qui se sont tournées vers ce choix parce que leurs enfants ont des besoins particuliers difficiles à accompagner en école, ou encore parce que leurs enfants ont été victimes de harcèlement ou de violences scolaires et dont la souffrance les empêche de retourner en classe. Il y a ceux qui font ce choix le temps d’une année pour voyager ou vivre autrement, ceux qui font ce choix dès la première année de maternelle pour poursuivre tout au long de la scolarité de leurs enfants….
Alors scolarisée en petite section de maternelle, notre fille aînée a très rapidement développé une angoisse liée à l’école puis une phobie scolaire. Le manque d’adaptation possible à ce moment-là, et un mal-être grandissant nous a fait choisir l’instruction à la maison. Un choix que l’on a décidé de poursuivre les années suivantes avec notre fille mais aussi avec son petit frère. Heureux de profiter d’une telle aventure en famille et de pouvoir participer activement à leur instruction, mais aussi de les voir grandir et évoluer. C’est un des avantages indéniables de l’instruction à la maison : pouvoir s’adapter à sa vie de famille, aux besoins de chaque enfant. L’instruction en famille est avant tout la possibilité de respecter le rythme physiologique de l’enfant. Ralentir le rythme effréné que l’on connaît actuellement. Nous voulions laisser à nos enfants le temps de vivre plus sereinement. Leur laisser le temps de se lever tranquillement le matin, de passer du temps à jouer et dessiner eux-mêmes leurs journées. Prendre le temps de profiter ensemble de chaque instant, sans courir après les horaires, les contraintes liées à l’école. Si nous avons choisi d’instruire nos enfants à la maison c’était aussi pour cette possibilité de s’adapter totalement au fonctionnement cognitif de nos enfants. Leur permettre d’évoluer et de se construire des bases solides, en leur laissant le temps d’acquérir chaque notion et de l’intégrer avant de passer à d’autres choses. Leur donner la possibilité de découvrir une multitude d’activités différentes loin des manuels scolaires : cuisine, arts, loisirs créatifs, bricolages, projets à mener. C’est surtout, respecter l’individualité de chaque enfant en respectant son rythme, et alors lui donner la chance de prendre confiance en lui et en ses capacités.
L’instruction en famille, c’est avant tout un choix rempli d’amour à l’égard de nos enfants. Loin d’une volonté de les faire vivre en vase clos, mais plutôt de les accompagner autrement. Grâce à une alternative que la Constitution protège, garantissant la liberté pour les parents, de choisir le mode d’instruction qu’ils préfèrent pour leurs enfants. Mettre fin à une telle liberté n’est pas anodin en termes de conséquences. C’est une décision forte qui n’impactera pas uniquement les familles, qui comme nous, ont fait le choix de ce mode d’instruction alternatif. Cette annonce suscite de nombreuses questions sur bien des points. C’est une décision qui aura aussi un impact sur l’ensemble des familles françaises. Celles dont les enfants sont actuellement scolarisés mais qui pourraient un jour avoir besoin, même l’espace d’un court laps de temps, de garder à la maison leur enfant qui connaîtrait certaines difficultés (phobie scolaire, harcèlement…). Mais c’est aussi s’interroger sur le nombre d’enfants dont les familles se battent à chaque rentrée scolaire pour pouvoir faire respecter ce droit d’être instruit à l’école parce qu’il n’y a pas d’AVS disponible pour accompagner leur enfant, ou qu’il n’y a pas les moyens d’accompagner l’enfant dans de bonnes conditions. Comment le gouvernement et l’Education nationale pourraient garantir des conditions d’accès égalitaires et respectueuses de l’individualité et du bien-être de chaque enfant en voulant imposer de remettre les enfants actuellement instruits en famille à l’école ? Il est question de 50000 familles ayant déclaré prendre en charge l’instruction de leurs enfants. A l’heure où le sujet des classes surchargées, du manque d’AVS et de moyens pour permettre aux enseignants d’accompagner respectueusement chaque enfant fait partie de ceux qui reviennent régulièrement, vouloir faire revenir en école un si grand nombre d’enfants laisse beaucoup de familles très inquiètes. Comment peut-on mettre de côté le bien-être de nos enfants alors que les découvertes en matière de neurosciences et développement de l’enfant évoluent constamment depuis quelques années. On sait aujourd’hui l’impact de l’environnement, du stress, sur le développement neurologique de l’enfant. Il est important d’en tenir compte et de réfléchir à l’impact d’une telle décision sur les enfants de manière générale, mais aussi sur tous ces enfants parfaitement épanouis au sein de leur famille et à qui on va imposer d’aller en école. Sans parler de ceux souffrant de phobie scolaire, ou de traumatismes liés à des faits de harcèlement. Comment pourrait-on dire à ces enfants-là de retourner sur les bancs de l’école ?
Si actuellement de nombreuses personnes ne se sentent pas concernées par ce projet de loi, c’est aussi parce que l’IEF est mal connue et souffre de nombreux préjugés que l’on peut entendre/lire régulièrement. L’instruction à la maison serait source « d’enfants désocialisés, déscolarisés, vivant en vase clos au sein de leur famille avec des parents qui, n’étant pas enseignants, ne sont pas en mesure de faire l’école à la maison et de faire des leçons à leurs enfants ». Des idées reçues qui ont la vie dure parce que cette liberté de choisir d’instruire nous même nos enfants n’est pas suffisamment mise en avant. Peu de gens savent aujourd’hui que l’école n’est pas obligatoire. Mais ce sont ces préjugés qu’il est aujourd’hui important de déconstruire ; Il est important de lutter contre ce projet de loi, en amont, avant même qu’il ne soit présenté en décembre. Il faut que le grand public ait une image positive de ce que représente l’instruction en famille pour la majorité d’entre nous. Non, nos enfants ne vivent pas en marge de la société, ils pratiquent des sports en club ou des activités artistiques (instruments, danses, ateliers peinture…), parfois plusieurs fois par semaine, rencontrent leurs amis lors de sorties organisées entre familles IEF ou amis scolarisés durant le week-end ou périodes de vacances scolaires. La socialisation passe également par des rencontres quotidiennes lorsque nous sortons acheter du pain, ou que nous rencontrons d’autres randonneurs lors de balades en forêt ou en montagne… La socialisation c’est avoir l’occasion de se confronter à d’autres personnes, rencontrer enfants ou adultes d’âges et d’horizons variés, et c’est pour nos enfants une grande richesse offerte par l’instruction en famille. Des rencontres qui leur permettent de grandir, d’apprendre, et lors desquelles ils aiment souvent partager autour de leur quotidien, de ce qui les anime. Ce sont bien souvent des enfants très à l’aise pour parler, et qui savent s’exprimer avec un bon niveau de français, des propos construits, un vocabulaire riche, partager leurs idées et en débattre…
Il est important aujourd’hui de montrer comment nous familles, pratiquons cette instruction. Qu’elle soit formelle, informelle, plutôt unschooling, apprentissages autonomes… Si nous avons fait le choix ici d’un mélange de manière de fonctionner, il est essentiel pour nous d’accompagner nos enfants, de respecter leurs centres d’intérêts et passions. De leur offrir une ambiance riche qui répond à leur curiosité et leur permet de s’épanouir dans leurs apprentissages et leur faire garder longtemps leur enthousiasme face à de nouvelles découvertes, de nouvelles expériences. De les laisser évoluer sur plusieurs domaines de connaissances sans fixer de niveau à atteindre ou de limiter un apprentissage parce qu’ils n’ont pas l’âge habituellement attendue pour l’aborder et de développer un esprit de cohésion et de solidarité plutôt que de compétitivité. L’instruction en famille c’est aussi la possibilité d’approfondir et de répondre aux questionnements de nos enfants aussi loin qu’ils en ressentent le besoin. De les voir grandir autant qu’ils nous font grandir. Voilà les maîtres mots dans la plupart des familles en IEF : partage, adaptation, enthousiasme, respect et bien-être de l’enfant.
Signons la pétition, soutenons l’IEF !
Ana Husson, planète parentage, pour Pass Education