Luna, 10 ans, instruite en famille pour raisons de santé | Expérience IEF

Nathalie a 2 filles : Luna, 10 ans, déscolarisée pour raisons de santé; et sa fille aînée, 14 ans, qui fréquente le collège. Cette dernière apprécie le collège et ne souhaite pas être déscolarisée. Sa maman n’aime pas l’influence du collège sur sa fille mais respecte son choix.

 

Pourquoi avoir choisi l’IEF (Instruction En Famille) ? Quel est votre parcours ?

Dans le cas de cette famille, le parcours vers l’Instruction En Famille a duré 3 ans. Il a été une nécessité en raison des problèmes de santé de Luna. La maman est l’instigatrice et le papa a suivi car il veut le bien de sa fille. « Il a été OK de suite avec cette solution, mais il est un peu loin de tout ça, pas sensibilisé à ce type d’instruction. » Luna a suivi sa scolarité à l’école en grande maternelle, CP et CE1, jusqu’à l’âge de 7 ans. Elle ne supportait pas l’échec, vivait beaucoup de pression par rapport à ce qu’on lui demandait, ce qui générait des tensions. Sa maman observait beaucoup de violence à l’école, pas que subie. Depuis la dernière année de maternelle, elle développait des infections urinaires à répétition. Elle était fréquemment sous antibiotiques ce qui était compliqué à gérer. En CP elle a manqué l’école pendant 1 mois, est restée à la maison avec certificats médicaux. Le maître disait qu’il manquait d’autorité avec elle. Luna a vu le psychologue scolaire, elle hurlait et se débattait. En CE1 la maîtresse n’est pas dans l’écoute : par exemple, elle ne veut pas la changer de place à la demande de sa maman : « Il faudra bien qu’elle s’arme ». Le directeur de l’école se montre compréhensif, mais ne donne pas vraiment de réponse. Nathalie se demande si sa fille ne serait pas précoce, ce qui pourrait expliquer ses difficultés avec le système éducatif. La maîtresse la regarde de haut en lui disant que sa fille n’est pas première de la classe… Finalement un neuropsychiatre confirme qu’elle a bien de l’avance au niveau du langage. Mais son corps n’en est pas au même stade, d’où une frustration et des émotions difficiles à gérer. Tout cela déséquilibrait la cellule familiale. Ensemble ils évoquent l’école à la maison, puis optent pour une inscription réglementée, rendue possible du fait des problèmes de santé rencontrés par Luna. Pendant 2 ans, elle suit les cours du CNED, pris en charge par l’Etat. Elle a un professeur attitré, suit le programme scolaire et passe des évaluations. Sa santé et son comportement s’améliorent grandement, si bien que le médecin de l’Education nationale demande un retour à l’école, « de temps en temps… ! » Les parents de Luna reçoivent un courrier de l’Education nationale, mentionnant un refus pour l’inscription réglementée, et une obligation d’inscrire l’enfant à l’école sous peine d’amende. L’instruction étant obligatoire, mais pas l’école, les parents de Luna acceptent ce refus de l’inscription réglementée car ils ont une meilleure solution : l’Instruction En Famille. Ils souhaitent que leur fille devienne une adulte responsable et épanouie, et grandisse dans de bonnes conditions. Et effectivement, en faisant l’école à la maison, Luna est heureuse, en bonne santé et motivée.

 

Quels sont les bienfaits de l’IEF ?

Luna n’est plus malade, elle est apaisée, tranquille, créative. Un autre aspect super intéressant : Elle apprend l’autonomie quand sa maman (qui travaille à la maison) part pour un rendez-vous.

 

Quelles sont les activités de Luna en dehors de la maison ?

Luna va s’entraîner au cirque deux fois par semaine, et fréquente le centre de loisir une après-midi par semaine. Elle apprécie de voir d’autres enfants. Elle garde également contact avec des amis de l’école, les retrouve lors d’anniversaires. Elle participe à un cours d’astronomie d’1h30 tous les 15 jours. Luna et sa maman rencontrent des personnes ayant aussi fait le choix de l’IEF, lors de regroupements organisés via facebook.

 

Y a t’il une journée type ?

Luna choisit son emploi du temps et établit son programme sur la semaine.
Elle travaille 2h le matin, 2h l’après-midi, passe 15 minutes sur un site éducatif, 1/2h en brain gym ou danse, et laisse également place aux improvisations.

 

Comment s’est passée l’inspection ?

La famille a été contrôlée par la mairie : « Le responsable des écoles est très sympa, respecte le choix, ne juge pas. Il a demandé les raisons de la déscolarisation, comment la semaine était organisée, quels étaient les supports pédagogiques et les activités extrascolaires. »

 

Quelles sont les réactions de l’entourage suite à votre choix de l’IEF ?

Ils ne font pas de différence entre le CNED et l’ IEF, demandent comment les parents font pour les cours, mais connaissant la situation, ils trouvent qu’effectivement c’est peut-être la solution. Le médecin de Luna n’est pas pour au départ car il se demande ce qu’elle va faire à l’extérieur de l’école. Il avoue ne pas être d’accord avec le médecin scolaire, puis se montre finalement convaincu par le choix de la famille. Le papa étant absent la semaine, la maman a le soutien d’une amie pour lui confier sa fille si besoin.

 

Luna a t’elle des projets d’avenir ?

Elle aimerait faire du cirque (acrobaties). Elle suit des cours privés en plus de ses entraînements, 2 fois par mois depuis cette année.

 

 

 

 

 

Quels sont les points sur lesquels vous devez rester attentifs :

 

  • Gérer le temps passé devant les écrans. Nathalie impose des temps d’écran car Luna est tentée par la télévision et l’ordinateur.
  • Trouver une façon de motiver Luna. Quelquefois, elle n’a pas envie de se mettre au travail. La motivation passe par le jeu, beaucoup dans le mouvement. Par exemple pour les angles, elle lui demande de tourner ; elle peut écrire au sol, s’aider d’une marelle, etc.
  • L’IEF demande présence et investissement personnel.

 

Est-ce que vous avez des conseils à donner aux familles désirant se lancer dans l’aventure de l’IEF ?

Etre conscient que l’IEF demande beaucoup de disponibilité, d’écoute, d’adaptation et d’observation. Il faut aussi gérer frustration et colère, surtout quand ce n’est pas un choix au départ, mais le bien être de l’enfant passe par là. On apprend tous les jours.

 

Si vous deviez choisir un mot pour évoquer l’IEF, lequel choisiriez-vous ?

« Liberté ! »

 

 

 

 

 

 

Avez-vous quelque chose d’important à ajouter ?

Ce cheminement a été amené par rapport au manque de réaction et d’accompagnement des personnes concernées, et par la défaillance du système de l’Education nationale tel qu’il est aujourd’hui.

 

Je remercie infiniment Nathalie d’avoir accepté de nous livrer son expérience de vie et ses conseils. Si vous aussi, vous souhaitez témoigner, rejoignez IEF Pass éducation sur Facebook, Instagram ou Twitter et contactez-nous ! Notre équipe de rédaction sera heureuse de discuter avec vous à propos de votre parcours IEF !

 

 

Florence P, pour Pass éducation