Quels peuvent être les troubles dys pour un enfant ?
Qu’est-ce qu’un trouble dys ? Comment savoir si son enfant est dys ou s’il fait simplement face à des difficultés d’apprentissage ? Les troubles dys touchent 5 à 7 % des enfants d’âge scolaire, soit 1 à 2 élèves par classe selon l’INSERM. Faisons le point sur ces troubles cognitifs qui affectent la scolarité, mais aussi la vie personnelle de l’enfant dys.
Qu’est-ce que les troubles dys ?
Les troubles dys sont des troubles cognitifs spécifiques. Sans rapport avec la déficience intellectuelle, ils affectent une fonction cognitive ciblée.
Des troubles durables
Ils apparaissent au cours du développement de l’enfant et continuent à l’âge adulte. Ces troubles désignent à la fois :
- les troubles des apprentissages précoces (langage, gestes) ;
- les troubles des apprentissages scolaires (l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul…).
Les troubles dys ne se guérissent pas, car chaque cerveau a son organisation neurologique propre. Cependant, leur prise en charge par des professionnels de santé spécialistes permet à l’enfant de mieux vivre avec ses troubles, que ce soit à l’école ou en dehors.
Comment se manifestent les troubles dys ?
Ils se manifestent par différents dysfonctionnements neurologiques lors des apprentissages, qui entrainent souvent des difficultés scolaires. Les enfants dys présentent un trouble cognitif spécifique. Cela signifie que pour certaines tâches précises le cerveau fonctionne différemment : cela les rend plus pénibles. Le degré et la nature de ces dysfonctionnements varient selon les individus et impliquent des aménagements personnalisés afin de contourner les obstacles rencontrés.
Les symptômes chez l’enfant
D’après Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialiste des troubles dys, « Il s’agit d’enfants à l’intelligence normale, mais auxquels il manque un outil, un “instrument” pour être totalement efficace. ». Les troubles dys sont souvent détectés à l’école, car ils affectent les apprentissages scolaires :
- difficulté à lire et à comprendre ce qui est lu ;
- nombreuses fautes d’orthographe et/ou de grammaire à l’écrit ;
- expression orale confuse et laborieuse ;
- incompréhension des consignes orales ;
- peine à coordonner ses gestes, à être habile de ses mains ;
- écriture laborieuse ou illisible ;
- problèmes en mathématiques ;
- incapacité à rester concentré sur une tâche et à rester assis…
Ces différents constats peuvent apparaître chez tout enfant qui rencontre des difficultés d’apprentissage, sans pour autant qu’il souffre de troubles dys. C’est la récurrence et la durabilité d’un ou plusieurs de ces troubles qui doit alerter.
Quels sont les différents troubles dys ?
La dyslexie
La dyslexie est un trouble spécifique du langage écrit qui touche la lecture et l’écriture. Ces apprentissages chez l’enfant dyslexique sont semés d’embûches :
- déchiffrage très lent et erreurs dans l’identification des lettres ;
- inversion ou fusion de syllabes et de mots ;
- confusion entre des lettres ou des mots proches ;
- oubli et/ou l’ajout de lettres ;
- difficulté à mémoriser l’orthographe des mots…
Les erreurs et inversions fréquentes d’un apprenti lecteur (confusion b/p ou d/t par exemple) ne doivent pas être confondues avec le trouble dyslexique. À l’école, l’enfant bénéficie de 2 années (CP et CE1) pour s’approprier la lecture et l’écriture. Ce n’est donc qu’en fin de CE1, si le retard est significatif et durable, que le diagnostic peut être posé par un spécialiste : l’orthophoniste.
La dysorthographie
Dysorthographie et dyslexie sont souvent liées. L’enfant dysorthographique fait de nombreuses erreurs en lien avec l’orthographe :
- difficulté à faire correspondre un son avec la ou les lettre(s) associées ;
- confusion d’homophones ;
- découpage des mots ;
- difficultés à assimiler les règles d’accord et de conjugaison ;
- difficulté à se représenter mentalement les mots, même les mots simples, donc à les mémoriser…
La dyspraxie
La dyspraxie est un trouble qui touche les mouvements coordonnés dans un but précis (les praxies) : se servir un verre d’eau, écrire, attraper un ballon… Les gestes du dyspraxique manquent de coordination et de précision. Ce qui peut être interprété comme de la maladresse est en réalité un trouble développemental. Habituellement, le cerveau programme des mouvements qui, à force de répétitions, deviennent de plus assurés et précis. Chez l’enfant dyspraxique, ce programme s’exécute rarement correctement : cela conduit à des gestes malhabiles très fréquents. C’est le psychomotricien ou l’ergothérapeute qui réalisent le bilan.
La dysphasie
La dysphasie est un trouble neurologique lié au développement du langage. Différentes régions cérébrales sont impliquées dans le langage oral. Les profils des enfants dysphasiques sont très variés et vont de la difficulté à s’exprimer, à l’impossibilité de comprendre la parole d’autrui. Ils éprouvent de la peine à :
- rassembler leurs idées pour construire une phrase structurée ;
- prononcer les mots ;
- mettre les mots dans l’ordre ;
- rester dans le sujet de l’échange ;
- comprendre une consigne orale ;
- mémoriser un message entendu.
La dysphasie amène les enfants qui en souffrent à redouter ou fuir les situations d’échange oral. Les troubles du développement du langage oral sont fréquents chez les jeunes enfants et ne doivent pas être confondus avec une éventuelle dysphasie. Le diagnostic est réalisé par un orthophoniste, ainsi que la prise en charge, qui peut être complétée par un accompagnement psychologique ou ergothérapique selon le degré du trouble.
La dysgraphie
La dysgraphie est un trouble du geste graphique. Il rend l’écriture laborieuse, voire douloureuse. L’apprentissage de l’écriture demande des efforts à tous les enfants, et finit, avec le temps et l’entrainement, par devenir automatique. Chez l’enfant dysgraphique, cette phase d’automatisation ne vient pas : il reste donc perpétuellement soumis à l’obligation de réfléchir au tracé des lettres. Les écrits des enfants dysgraphiques sont souvent illisibles. Lorsqu’ils sont de qualité, c’est au prix d’incroyables dépenses d’énergie et de temps, incompatibles avec le rythme de la classe. C’est pourquoi il est important d’aider l’enfant dysgraphique : orthophonie, mais aussi graphothérapie, ou ergothérapie. Comme pour les autres troubles dys, il convient de mettre en œuvre une rééducation qui englobe toutes les problématiques à l’origine du trouble de l’enfant, qu’elles soient motrices, affectives ou émotionnelles.
La dyscalculie
La dyscalculie est un trouble des activités numériques. L’enfant ne parvient pas à comprendre et utiliser les nombres :
- comprendre les quantités ;
- lire et écrire les nombres ;
- mémoriser les tables ;
- comprendre et résoudre des problèmes…
Si c’est souvent l’enseignant qui découvre le trouble, c’est l’orthophoniste qui établit le diagnostic et propose un plan d’accompagnement.
Le TDA(H)
Le Trouble Déficitaire de l’Attention (avec ou sans Hyperactivité) est un trouble neurologique qui affecte l’attention et la concentration. L’enfant a du mal à rester concentré et/ou à se contrôler. Cela se manifeste par un déficit attentionnel, une agitation permanente et parfois une certaine impulsivité.
Parmi les symptômes, on peut observer :
- une tendance à être désordonné, à perdre ses affaires ;
- la difficulté à mener une tâche à son terme ;
- l’incapacité à rester assis ;
- un besoin de s’exprimer parfois incontrôlable…
Les troubles dys affectent la vie de l’enfant même en dehors de l’école. Les sphères sociale, familiale, émotionnelle et affective sont fréquemment touchées. L’enfant dys se sent souvent différent et s’en veut de ne pas « fonctionner » comme la majorité de ses camarades. Anxiété, fatigue, mésestime de soi peuvent en découler. Le rôle des adultes, qu’ils soient parents, enseignants ou spécialistes, est de prévenir le mal-être et l’altération de l’image de soi que les difficultés d’apprentissage entraînent. À l’école, l’enfant dys bénéficie d’adaptations pédagogiques. Il a besoin d’être soutenu dans l’acceptation de sa différence et la construction de stratégies efficaces de contournement du dysfonctionnement.
