Tout au long de sa carrière, Maria Montessori a observé les enfants de tous âges ; elle a démontré ce qu’elle a appelé les périodes sensibles, des fenêtres d’opportunités pendant lesquelles un enfant se concentre sur un aspect de son environnement, en excluant tout le reste.
Les périodes sensibles Montessori, qu’est-ce que c’est ?
Maria Montessori définit une période sensible comme un temps de concentration et d’activité intense, sur une compétence particulière, à un instant T de son développement. Concrètement, nous avons tous été témoins de ce phénomène extraordinaire : un enfant répète une activité, à plusieurs reprises, avec passion et conviction, sans que rien ne puisse le dissuader d’accomplir cette tâche, jusqu’à ce qu’il soit satisfait. C’est sa motivation interne, son besoin qui transparait dans l’accomplissement répété de sa tâche. L’adulte se doit alors de soutenir cette passion, en préparant son environnement et en l’accompagnant sans intervenir inutilement.
“L’enfant est dirigé par la nature durant sa période de croissance, et les sensibilités psychiques qui le guident ont la force de lois naturelles. »
Les étapes de l’éducation.
Quelques exemples de périodes sensibles entre 3 et 6 ans
Développement du langage
La première année, le cerveau de l’enfant fabrique une carte de perception des sons du langage. A trois ans, l’enfant forme des phrases et son vocabulaire s’étend, à hauteur de son environnement. Il utilise les temps et une syntaxe correcte, en absorbant et reproduisant ce qu’il entend. A quatre ans, il manifeste un fort intérêt pour l’écriture. L’envie de lecture peut se déclencher au même moment ou surgir un an plus tard. Vers 6 ans, il développe un vif intérêt pour la grammaire et les origines des mots.
Sens de l’ordre – de dix-huit mois à quatre ans
L’enfant de 3 à 6 ans est très sensible à l’ordre : il peut être frustré si les objets ne sont pas à leur place, ou si la routine pour une occasion particulière n’est pas respectée. Ce sens de l’ordre se caractérise par un désir de cohérence et de répétition. L’enfant peut réagir très fortement à de petites perturbations non perçues par les adultes. L’environnement doit donc être soigneusement ordonné avec une place pour chaque chose et suivant des règles soigneusement établies. L’ordre dans son environnement aide l’enfant à construire son propre « ordre psychique ».
Coordination du mouvement
Une fois que les mouvements de base sont établis, l’enfant de 3 à 6 ans aime les activités d’équilibre, le transport d’objets et les jeux psychomoteurs qui l’amène à coordonner ses mouvements. C’est par la répétition qu’il améliorera ses compétences motrices : les sorties en extérieur sont indispensables à son bon développement. Entre deux ans ½ et quatre ans ½, l’enfant utilise ses deux mains pour développer des activités de préhension fine, comme la tenue d’un crayon.
Développement sensoriel
Vers 3 ans, l’enfant expérimente son environnement avec ses sens, Maria Montessori place la main au cœur de l’apprentissage.
« L’organe moteur qui caractérise l’homme, c’est la main, au service de l’intelligence, pour la réalisation du travail.”
Maria Montessori
Intérêt pour les petits détails
L’enfant fixe longuement un objet pour en observer tous les minuscules détails : ceux-ci se mettent en ordre dans le cerveau de l’enfant afin de former un tout cohérent. Il est important que l’objet soit étudié dans un environnement ordonné, afin de ne pas laisser s’éparpiller la concentration de l’enfant.
Notions de base en mathématiques et en musique
Les dernières recherches neuroscientifiques indiquent que la période allant de la naissance à quatre ans est la plus importante pour développer des concepts fondateurs en mathématique. L’enfant exposé à du matériel concret dès la maternelle en retire de nombreux avantages tout au long de ses études. Le même principe vaut pour la musique : l’enfant exposé à la musique avant l’âge de sept ans, tout comme l’apprentissage d’un instrument et du chant, augmente considérablement son intelligence spatiale.
Les bons outils au bon moment
Pendant une période sensible, l’apprentissage est aussi exhaustif et complet que possible : l’enfant suit sa motivation intrinsèque et en retire une grande satisfaction.
« En raison de ces périodes sensibles, ce que nous appelons le « libre choix », c’est-à-dire la liberté pour l’enfant de choisir son travail, a une grande importance pratique à l’école ; et c’est précisément le libre choix qui a révélé à la fois ces possibilités merveilleuses et l’existence de lois régissant la construction psychique de l’enfant ».
Maria Montessori, Les étapes de l’éducation.
On parle souvent de Montessori en lui reprochant le laxisme et l’absence d’autorité au sein de sa pédagogie. C’est confondre la liberté et la licence : la première mène à l’indépendance, la deuxième mène au chaos. Tout comme la discipline n’est pas l’opposée de la liberté :
« Le grand problème de l’éducation consiste donc à respecter la personnalité de l’enfant et à ne pas entraver, mais au contraire à laisser libre son activité spontanée… Il ne s’agit pas de l’abandonner à lui-même en le laissant faire ce qu’il veut. Mais, pour qu’il puisse être libre, il s’agit de lui préparer un milieu approprié et de lui donner les moyens nécessaires à son développement selon ses besoins psychiques du moment ».
La pédagogie scientifique.
Isableue, pour Pass éducation