Les bienfaits du jardinage des le plus jeune âge avec votre enfant

« Cultiver son potager, ce n’est pas seulement produire ses légumes,  c’est apprendre à s’émerveiller du mystère de la vie »

Pierre Rabhi

 

Jardiner, particulièrement avec un très jeune enfant, cela peut être l’occasion d’une myriade d’activités ou de découvertes. Découvrons ensemble certaines des possibilités que nous offre cette activité en apparence bien anodine.

 

Organiser une chasse au trésor

On pourrait imaginer demander à notre enfant s’il trouve dans le jardin des fleurs jaunes, oranges, rouges, etc. Selon la saison, on peut aussi rendre cette chasse au trésor plus spécifique. En automne par exemple, pourquoi ne pas les lancer en quête de feuilles mortes, pommes de pin, champignons, flaques d’eau, maïs, cucurbitacées en tout genre, marrons et châtaignes ? Et on peut également pousser l’idée encore un peu plus loin en transformant cette chasse au trésor en chasse multi-sens. Se concentrer sur certains bruits, odeurs ou couleurs à chaque saison leur permettra de cultiver leur attention et la pleine conscience du moment présent.

Classer des objets, des outils, des graines, des pots, des fruits ou des légumes par taille ou par couleur

Un peu plus terre à terre, cette activité vise principalement à leur permettre de structurer leur pensée et de préparer l’enfant aux mathématiques en étant attentif aux différences, aux occurrences et aux schémas récurrents. Motricité fine : cueillir des mûres, des tomates cerises, écosser des petits pois, saisir des graines, les semer en poquet, à la volée ou au cordeau… On peut également fournir une paire de petits ciseaux à l’enfant et lui permettre de nous aider à couper les herbes adventices ou les aromatiques. Même s’ils sont amenés au quotidien à rencontrer certain nombre de fruits et légumes dans leurs assiettes, il est toujours plaisant pour les plus jeunes de découvrir d’où ils viennent. Semer les graines et voir le plant évoluer et grandir au fil du temps sont autant de petits moments simples qui ne manqueront pas d’éveiller la curiosité des enfants et d’engendrer une flopée de questions. Apprendre à reconnaître les fruits et légumes et leurs différentes familles (bulbes, feuilles, racines, fruits, tubercules, grains, fleurs…) sont autant de petites richesses que l’on peut semer très tôt et qui leurs seront toujours bien utiles dans leur vie d’adulte. Savoir repérer les différences entre les feuilles de certaines plantes constitue également une bonne préparation à la lecture en leur faisant travailler leur discrimination visuelle.

Se relier aux rythmes temporels

Cultiver un jardin potager, c’est aussi prendre conscience que ce que nous consommons prend parfois beaucoup de temps à pousser. Vivre pleinement chaque saison, découvrir à quels moments on peut semer, puis quand poussent certaines plantes. Se rendre compte du rôle que peuvent jouer les insectes, les petits habitants du sol tels que le ver de terre. Observer la pollinisation puis la transformation des fleurs en fruits sont autant d’enseignements riches qui auront d’autant plus de sens à leurs yeux s’ils ont pu les vivre de façon directe, les mains dans la terre en quelque sorte ! En cette période où tout va de plus en plus vite, il peut être bon de rappeler à nos enfants de ralentir et de vivre pleinement au rythme des saisons. Vivre en plein air aidera aussi à renforcer leur immunité, à faire le plein de vitamine D et à passer un bon moment tout en s’aérant le corps et les idées.

S’initier à la protection de l’environnement

Au jardin, rien ne se perd ou presque. Les déchets alimentaires peuvent être transformés en compost au fil du temps. Les petits éléments de récupération peuvent être recyclés et vivre une seconde vie plus verte. Là des baguettes chinoises qui deviennent tuteurs pour de jeunes pousses. Ici de vieilles chaussures aux semelles de vent qui se transforment en pots. Des bouteilles en plastique pourront servir à créer des serres miniatures. Des cuillères tordues et peintes pourront aussi permettre de marquer le nom des espèces semées dans le jardin. Il n’y a de limite à l’upcyclage que notre imagination. Enfin, de façon plus sérieuse, jardiner sensibilise souvent dès l’enfance à l’intérêt de gérer de façon économe et réfléchie l’eau et de rechercher des façons astucieuses d’éviter sa déperdition. Lorsque les adultes sont confrontés à un problème, comme par exemple, créer un récupérateur d’eau, on peut inclure les enfants au processus de « recherche et développement ». Ils peuvent parfois avoir des idées hors de notre cadre d’adulte mais pour autant pas dénuées d’intérêt. Cultiver c’est aussi apprendre à prendre soin du sol qui nous nourrit et à le traiter avec respect. Même si ces enjeux paraissent au-delà de la portée de nos tout-petits, il me semble important de ne pas les préserver dans une bulle. Ce sont eux les citoyens de demain, et comprendre les conséquences, à leur échelle, de la pollution des sols et de l’usage des pesticides et leurs effets sur le vivant devrait faire partie de ce que nous leur enseignons… Ou en tous cas, de leur permettre de comprendre en conscience tout ce qui ce joue et de se faire par la suite leur propre opinion.

Cultiver la responsabilité

En laissant à l’enfant une parcelle dont il est responsable, il se sent pris en compte en tant qu’individu et peut exprimer ses propres choix et tester ses idées et théories sans que les adultes n’interfèrent dans son processus d’expérimentation. Peu importe qu’il n’utilise cette partie du jardin que pour patouiller, transvaser, creuser, semer, arracher, détruire ses propres plantations… Si par l’observation, ils n’ont pas déjà acquis les gestes qui leurs seront utiles pour cultiver leur petit bout de terre, sachons être là pour les guider tout en leur laissant la place nécessaire pour qu’ils apprennent de leurs expériences, de leurs erreurs et de leur réussite.

Laisser libre court à la créativité, à l’imagination et aux jeux libres

La nature est un terrain de jeu idéal pour les enfants, rempli de vie et d’imprévisibilité. C’est aussi la porte ouverte à plein de découvertes sensorielles et motrices. S’ils prennent plaisir à partager ces moments avec nous, tâchons parfois de nous effacer pour leur permettre de cultiver leur propre jardin secret. Nul doute qu’ils le rempliront de salon de thé improvisé en plein air avec petites tartes à la boue, de jeux de cache-cache, de chasse aux trésors, de discussion avec les escargots, les vers de terre et autres petits habitants du jardin.

Créer des liens sociaux

Dans notre cas personnel, nous n’avons pas suffisamment de place chez nous pour cultiver quoi que ce soit. À peine avons de la place pour un petit aloe vera qui rêve de grand air ! Nous avons donc porté notre dévolu sur une parcelle de jardins partagés géré par un centre socioculturel. Lorsque nous allons cultiver notre potager – qui se trouve finalement à 2 kilomètres de chez nous mais que nous rejoignons à pied ou à vélo le temps d’une balade -, nous rencontrons souvent beaucoup de monde déjà affairé à prendre soin de son propre petit lopin de terre. Prendre le temps de discuter, d’échanger, voir les différentes façons de chacun de gérer son jardin sont donc des petits plus que nous offre le fait de « partager » cet espace. Outre la mixité sociale et culturelle, c’est aussi un lieu où notre enfant a plaisir à retrouver les uns et les autres, en particulier ses jeunes amis. 

 

Il y a probablement encore mille et un bienfaits que l’on pourrait trouver au jardinage, en particulier pour les enfants instruits en famille. Mais je vous laisse le plaisir de les découvrir sur le terrain et de les partager autour de vous.

 

 

D. Bello, fondatrice de lescookiesauxdetoursdumonde, pour Pass éducation