En quoi consiste la lecture inférence en cycle 2 ?

En tant qu’enseignant de cycle 2, vous avez pour objectif d’amener vos élèves à devenir de bons lecteurs. Et donc, de bons « compreneurs ». Vous qui êtes lecteur expert, vous le savez : comprendre des textes, ce n’est pas collecter des informations écrites noir sur blanc sur des pages. Il faut parfois être capable de lire entre les lignes, car un texte ne dit pas tout. C’est ce que l’on appelle faire des inférences. Voyons ensemble ce que recouvre la lecture inférence en cycle 2 et comment l’enseigner.

Accéder à une compréhension fine du texte

La lecture inférence : comprendre l’implicite

Regardez cette phrase, extraite d’un livre :

« Couché dans mon lit, la perfusion dans le bras gauche, j’essaie d’attraper la sonnette avec ma main libre pour appeler une infirmière. »

Ici, vous déduisez que le narrateur se trouve à l’hôpital. Ce n’est pas écrit. Pourtant, des indices vous mettent sur la voie : couché, lit, perfusion, sonnette, infirmière. En produisant des inférences logiques (fondées sur le texte) et pragmatiques (fondées sur nos connaissances), vous accédez à la compréhension de l’implicite.

Pour résumer, la production d’inférences nécessite de :

Sélectionner les informations pertinentes du texte.
Utiliser ses propres connaissances.
Combiner ces deux sources d’informations.

En grandissant, les élèves réussissent de mieux en mieux à inférer. Cependant, il est prouvé que cette capacité s’améliore par l’enseignement. Voilà pourquoi les programmes du cycle 2 préconisent de le mettre en place à l’école dès le plus jeune âge.

Les inférences étudiées au cycle 2

Il existe dix grandes catégories d’inférences. Johnson et Johnson (1986) les ont définies en fonction de ce qu’elles concernent :

Le lieu. Où sommes-nous ?
L’agent. Qui est Arthur ?
Le temps. À quel moment se passe cette scène ?
L’action. Que fait Léa ?
L’instrument. Quel outil utilise Gaston ?
La catégorie. De quelle catégorie d’objets s’agit-il ?
L’objet. De quoi parle-t-on ?
La cause/l’effet. Qu’est-ce qui a causé cette situation ? Quelle sera la réaction de sa maman ?
Le problème/la solution. Quel est le problème de Pierre ? Quelle solution a été trouvée ?
Le sentiment/l’attitude. Quel sentiment éprouve Ibrahim ? Quelle attitude manifeste le plombier ?

Vous vous en doutez, tous les types d’inférences ne sont pas accessibles au cycle 2. En CP, les élèves sont capables d’inférer un lieu, un agent, un temps, une action et/ou un objet. Dans un premier temps, vous mènerez ce travail à l’oral. Peu à peu, vos CP pourront lire en autonomie et écrire leurs hypothèses.

Ensuite, en lecture inférence CE1 et CE2, il est possible d’ajouter à votre programmation annuelle les inférences de catégorie, d’instrument et de cause/effet.

Enseigner de manière explicite la lecture inférence en cycle 2

L’enseignement explicite consiste à donner des clés aux élèves. Il leur permet d’acquérir une stratégie : de savoir comment faire, pourquoi le faire et quand. Le but est de rendre les jeunes autonomes.

Un apprentissage ritualisé et progressif

À la fin du cycle 2, vos élèves doivent être capables de « mettre en œuvre une démarche explicite pour comprendre un texte ». Pour cela, il vous faudra prévoir un enseignement spécifique.

Programmez une dizaine de séances par année scolaire. La durée de chacune sera d’environ 30 minutes. Une fois la séquence terminée, il n’est pas question de ne plus revenir sur la lecture inférence. Pensez à proposer ce genre d’exercices de manière ponctuelle, tout au long de l’année. Lors d’une lecture offerte ou d’une séance de littérature, par exemple.

Bien sûr, vous respecterez une progression adaptée au niveau de vos élèves. Appuyez-vous sur celle ébauchée plus haut, si vous le souhaitez.

Enfin, chaque séance sera construite de façon identique et suivra les phases de l’enseignement explicite.

Les étapes de l’enseignement explicite

Que ce soit en lecture inférence au cycle 2 ou dans un autre domaine, ces étapes sont les mêmes :

Définir la stratégie et préciser son utilité. Cela revient à expliquer à quel point elle est importante.
Rendre le processus transparent. Vous explicitez ce qui se passe dans la tête d’un lecteur chevronné. Vous vous donnez en exemple ou invitez un élève performant à le faire.
Interagir avec les élèves et les guider vers la maîtrise de la stratégie. Vous soutenez les élèves dans la prise d’indices et les amenez à confronter leur stratégie à celle des autres.
Favoriser l’autonomie. Vous diminuez l’aide apportée, jusqu’à ce que les élèves assument toute la mise en œuvre de la démarche.
Assurer l’application de la stratégie.

Un exemple concret de lecture inférence cycle 2

Pour commencer, vous annoncez l’objectif de la séance de lecture inférence CE2.

« Aujourd’hui, nous allons apprendre à faire des inférences sur la personne dont on parle. Parfois, le texte ne dit pas clairement qui est le personnage. Il donne seulement des indices. Afin de bien comprendre, il faut trouver ces indices et les assembler, comme les pièces d’un puzzle. »

« Je vais vous montrer comment faire. Écoutez bien ce petit texte. »

Vous lisez : « Il donna un dernier coup de scie et l’arbre centenaire s’écroula dans un fracas terrible. Qui est-ce ? »

« Voici ce que je me dis quand je lis ces mots : il est question d’une scie, donc d’un outil qui sert à couper. Quand le personnage donne un dernier coup de scie, un arbre s’écroule. Moi, je sais que lorsqu’on coupe un arbre, il tombe par terre en faisant beaucoup de bruit. J’en déduis que l’homme a coupé l’arbre. On me demande qui il est. Je pense que c’est un bûcheron, car ce métier consiste à couper des arbres.

Vous voyez, ce n’était pas écrit. Mais, grâce aux indices, j’ai compris que cet homme est un bûcheron. Maintenant, nous allons faire ce travail ensemble, à partir d’un autre texte. »

Un accompagnement des élèves vers l’autonomie

Les deux premières étapes de l’enseignement explicite sont terminées. Passez à présent à la troisième. En fonction de la classe et du niveau de vos élèves, lisez le texte ou demandez à vos élèves de le faire. Ensuite, évacuez les difficultés de compréhension : expliquez les mots inconnus. Afin d’être le plus progressif possible, mettez vous-même les indices en évidence. Et demandez à vos élèves d’effectuer l’inférence. La mise en commun fera apparaître différentes réponses, probablement. C’est vous qui les validerez, en justifiant chaque inférence. Lors de l’exercice suivant, demandez aux élèves de rechercher les indices dans le texte. En les soulignant, par exemple. Recueillez leurs trouvailles, puis prenez en charge la production et la justification de l’inférence. Pour le quatrième exercice, vous n’assumerez que la justification de l’inférence. Le cinquième et dernier texte sera analysé en totale autonomie par vos élèves.