Les Misérables (Lecture – écriture- Exploitation complète) au Cm1 et Cm2 avec le questionnaire.
Les Misérables
Victor Hugo (1802?1885)
Ecrivain français né en 1802 à Besançon. Il publie en 1822 ses premiers poèmes.
Ce génie est chef de file du courant romantique, et écrit entre autres une pièce de théâtre connue : Hernani (25 février 1830). Il écrit Notre Dame de Paris en 1831.
Il devient académicien en 1841, pair de France en 1845, puis député après 1848
Louis Napoléon Bonaparte l’oblige à s’exiler en 1851. De cette époque datent les trois grands monuments de son œuvre poétique (Les Châtiments, 1853 ; Les Contemplations, 1856 ; la Légende des siècles, 1859) ainsi que trois romans ( les Misérables, 1862 ; les Travailleurs de la mer, 1866 ; l’Homme qui rit, 1869).
Il aura droit à des funérailles nationales, en 1885, au Panthéon.
La mort de Gavroche
Nous sommes à Paris en 1832. Les Parisiens, mécontents de leur souverain Louis-Philippe, se révoltent.
Gavroche, un jeune garçon, a quitté l’abri de la barricade où ses amis les insurgés* résistent contre les gardes nationaux.
Au péril de sa vie, il essaye de remplir un panier avec les cartouches des soldats morts pour les rapporter aux défenseurs de la barricade qui manquent de munitions.
Il rampait à plat ventre, galopait à quatre pattes, prenait son panier aux dents, se tordait, glissait, ondulait, serpentait d’un mort à l’autre, et vidait la giberne* ou la cartouchière comme un singe ouvre une noix.
De la barricade, dont il était encore assez près, on n’osait lui crier de revenir, de peur d’appeler l’attention sur lui.
Sur un cadavre, qui était un caporal, il trouva une poire à poudre
– Pour la soif, dit? il, en la mettant dans sa poche.
A force d’aller en avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade devenait transparent. (…)
Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d’une borne, une balle frappa le cadavre.
– Fichtre! dit Gavroche. Voilà qu’on me tue mes morts.
Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son panier.
Gavroche regarda et vit que cela venait de la banlieue.
Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l’œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta:
On est laid à Nanterre1,
C’est la faute à Voltaire2,
Et bête à Palaiscau3,
C’est la faute à Rousseau4.
Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là, une quatrième balle le manqua encore. Gavroche chanta :
Je ne suis pas notaire,
C’est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C’est la faute à Rousseau.
Une cinquième balle ne réussit qu’à tirer de lui un troisième couplet :
Joie est mon caractère, 1 Commune de la banlieue ouest de Paris
C’est la faute à Voltaire, 2. Ecrivain français
Misère est mon trousseau*, 3. Commune de la banlieue sud de Paris
C’est la faute à Rousseau. 4. Ecrivain français
Cela continua ainsi quelque temps.
Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l’air de s’amuser beaucoup.
C’était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l’ajustant. (…)
Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l’enfant feu follet*. On vit Gavroche chanceler, puis il s’affaissa. Toute la barricade poussa un cri, mais … Gavroche n’était tombé que pour se redresser; il resta assis sur son séant*, un long filet de sang rayait son visage, il
éleva ses deux bras en l’air, regarda du côté d’où était venu le coup, et se mit à chanter:
Je suis tombé par terre,
C’est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C’est la faute à …
Il n’acheva point. Une seconde balle du même tireur l’arrêta court. Cette fois il s’abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s’envoler.
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