Quel est le niveau de langage d’un enfant de 3 ans ?
Le langage est un élément fondamental du développement de l’enfant. Canal privilégié de communication et de compréhension du monde, il a un rôle décisif dans la réussite scolaire. Or, votre bambin fréquente la maternelle et vous vous demandez si le niveau de langage de votre enfant de 3 ans correspond aux compétences attendues à cet âge. Comment faire la différence entre troubles du langage et simple décalage dû aux particularités de chacun ? Suivez le guide.
Langage enfant 3 ans : des points de repère pour se rassurer
Un enfant qui commence sa scolarité et qui parle peu ne doit pas être un sujet d’inquiétude. En effet, chaque personne en construction évolue à son rythme et des différences de comportement à cet âge sont parfaitement normales. Alors, comment savoir si son enfant est en retard ou simplement timide ? Prenez le temps de l’observer dans un cadre familier, où il se sent à l’aise. Repérez les points suivants :
- Il utilise « je » et les autres pronoms.
- Il emploie quelques adverbes de lieu (dessus, dessous, dedans, etc.).
- Il connaît les couleurs.
- Il sait nommer les parties du corps.
- Il sait faire des phrases entre 3 et 5 mots, dont 1 verbe.
- Il commence à poser des questions.
- Il est compris par les adultes extérieurs au cercle familier.
- Il est capable de soutenir une petite conversation.
- Il comprend les consignes et le vocabulaire du quotidien.
- Il peut vous raconter un événement de sa journée.
Ce portrait lui correspond, tout ou en partie ? Alors votre enfant ne présente aucun retard. S’il n’a pas encore la notion du temps ou qu’il oublie des petits mots dans la syntaxe de ses phrases, pas de panique, c’est tout à fait normal.
L’acquisition du langage : un phénomène progressif
L’acquisition du langage commence bien avant la prononciation des premiers mots. Votre bébé vous comprenait et interagissait avec vous avant même de prononcer ses premiers mots. Il babillait et produisait des sons. Il vous écoutait et emmagasinait tout ce qu’il y avait à savoir pour se construire une représentation du monde à travers le langage.
Cette élaboration, propre à l’humain, se produit dans l’hémisphère gauche du cerveau où se trouvent déjà les « autoroutes du langage ». Cette expression, employée par le neuropsychologue Stanislas Dehaene dans son ouvrage Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, recouvre les connexions qui se créent dans le cerveau d’un bébé dès le troisième trimestre de la grossesse entre les différentes aires cérébrales consacrées au langage. Votre bébé est donc né avec la capacité de comprendre et de produire du langage.
Votre rôle de parents ? Nourrir le développement et l’acquisition de cette compétence fondamentale en communiquant avec votre enfant, de manière riche, fréquente et naturelle. Alors que les premières acquisitions sont lentes et qu’il existe une grande différence entre ce que l’enfant peut comprendre et émettre, le phénomène s’accélère et atteint un pic entre 2 et 3 ans : c’est l’explosion lexicale. Durant cette période, il pourra apprendre et produire entre 4 et 10 mots nouveaux par jour.
Ce n’est pas pour autant que votre enfant n’a plus besoin de vous. Continuez à lui faire découvrir de nouveaux mots courants, mais aussi rares et amusants ! Aimer les mots et le vocabulaire est un préalable à une entrée dans la lecture sereine. Pour renforcer le langage de votre enfant de 3 ans, n’hésitez pas à varier les activités :
- chanter des chansons, des comptines ;
- lire des histoires ;
- jouer avec des figurines qui vont dialoguer ;
- commenter vos actes de la vie quotidienne.
Encouragez-le à parler et écoutez-le avec attention. S’il y a des erreurs de prononciation ou de syntaxe, vous pouvez le corriger, tout en douceur, comme le préconise la mallette des parents, ressource officielle de l’Éducation nationale à destination des familles. Voici un exemple :
(l’enfant) « – Oh regarde ! je vois des chevals là-bas ! »
(le parent) « – Ah oui ! je vois aussi les chevaux dans le champs. »
Retard de langage : les signes d’alerte
Le niveau de langage de votre enfant de 3 ans vous inquiète toujours. Voici quelques signes d’alerte qui peuvent être pris en compte :
- Il présente des troubles de la compréhension.
- Il n’est pas intelligible pour les adultes étrangers (hors du cercle famille-éducateurs).
- Il ne formule pas de phrases complètes (sujet-verbe-complément).
Là encore, la prudence est de mise : il n’y pas forcément de troubles à partir du moment où il y a des difficultés de syntaxe ou d’élocution, surtout si elles sont compensées par une bonne compréhension. Si votre enfant est scolarisé, il conviendra d’en parler à l’enseignant pour mettre en place des aménagements en classe et/ou à la maison, avec un contrôle régulier de l’évolution de la situation.
En revanche, des difficultés langagières associées à des problèmes de compréhension doivent interroger sur le développement de l’enfant. Il est alors conseillé de consulter le médecin de l’enfant ou la PMI (Protection Maternelle Infantile) et d’aller voir, le cas échéant, un orthophoniste. Par ailleurs, si votre enfant met du temps à vous répondre ou bloque au début d’une phrase, peut-être s’agit-il de bégaiement, également pris en charge par l’orthophoniste. Si, malgré un accompagnement suivi, les difficultés persistent, les familles peuvent être dirigées vers un centre de référence des troubles du langage.
Difficultés langage : les différentes causes
Un retard de langage chez l’enfant de 3 ans peut être dû à plusieurs facteurs, sur lesquels on peut agir.
Troubles de l’audition
La première chose à vérifier lorsque l’on soupçonne un retard de langage, c’est l’audition. Un enfant qui entend mal ou pas du tout ne peut pas reproduire correctement des sons qui lui parviennent de manière déformée. La cause ? Une surdité non dépistée, des otites à répétition, ou otites séreuses. Des retards de parole ou des troubles de l’articulation sont souvent associés à des problèmes d’ouïe.
Pathologies du langage
Il existe des pathologies du langage, qui sont souvent d’origine génétique. Les troubles du développement du langage oral peuvent aller d’une absence totale de discours à des troubles de la compréhension. On parle alors de dysphasie de développement. Aucune cause extérieure ne peut les expliquer.
Manque de stimulation
Enfin, il faut prendre très au sérieux le manque de stimulation. Les écrans tiennent une grande place dans nos vies et dans celle de nos enfants. Or, les tout-petits ont besoin de dialoguer avec nous pour apprendre à parler, mais aussi pour comprendre les émotions et développer leur empathie.
Serge Tisseron, à travers son programme 3-6-9-12, propose aux parents de bannir tous les écrans avant 3 ans. Pourtant, de nombreux bambins sont exposés trop tôt et trop longtemps aux tablettes, télévisions et autres smartphones. Ils peuvent prendre un retard de langage qui, heureusement, se rattrape s’ils sont correctement suivis.
Pour prévenir ce genre de dommages, la psychologue clinicienne Sabine Duflo a créé le protocole 4 temps sans écrans = 4 pas pour mieux avancer :
- pas d’écran le matin ;
- pas d’écran pendant les repas ;
- pas d’écran avant de s’endormir ;
- pas d’écran dans la chambre des enfants.
Ces temps permettent aux parents de préserver un espace de parole et de communication avec les plus jeunes.
Bon à savoir : le bilinguisme ne peut pas être considéré comme une cause de retard. C’est au contraire une richesse qui, si elle est vécue sereinement, permettra à l’enfant d’apprendre simultanément deux langues.
Un petit parleur ou un enfant timide de 3 ans n’est donc pas forcément en retard au niveau du langage ! L’acquisition et la maîtrise du langage sont un axe fort des programmes de maternelle. Le point de repère ? Voyez comment votre enfant scolarisé réagit au bain linguistique de la classe. Il y a fort à parier que vous constaterez des progrès fulgurants en quelques semaines.