Depuis le mois de septembre 2018, Laetitia et ses deux filles, Emmanuelle 7 ans et Gaïa 2 ans, parcourent les routes. Elles sont accueillies tout le long de leur voyage par des familles IEF (Instruction En Famille), contactées via Facebook.
Pourquoi avoir choisi l’IEF ?
Les deux premières années de maternelle sont très bien vécues par Emmanuelle. Puis en troisième année, son groupe d’amis est disloqué, Emmanuelle perd ses repères. Harcelée par les autres enfants, elle se renferme sur elle-même. Emmanuelle se sent également agressée par les méthodes éducatives de l’institutrice : elle crie et utilise un sifflet. La question de la déscolarisation se pose alors rapidement. Emmanuelle quitte l’école au mois de février pour poursuivre son instruction en famille. Dès lors, elle commence à aller de nouveau vers d’autres enfants.
Comment se déroule l’instruction ?
Durant l’année correspondant au CP, la famille étant encore sédentaire, les activités extérieures pouvaient être programmées sur la semaine : poterie, musique, danse, anglais, équitation. Le matin, Emmanuelle travaille une heure en formel. Depuis le mois de septembre 2018, Laetitia et ses filles voyagent. Au moment de ce témoignage (février 2019), elles visitent leur quinzième famille. Elles se calent sur le rythme de chaque famille, profitant des activités proposées dans chaque lieu. Emmanuelle ne suit plus vraiment une instruction formelle, il s’agit plutôt d’enseignement informel, mais pas de la posture qu’on appelle unschooling, ce qui signifierait pour Laetitia que Emmanuelle pourrait donner le ton sur toutes les activités, ce qui n’est pas le cas.
Quels sont les bienfaits de l’IEF ?
Le premier changement observé très rapidement après la déscolarisation : Emmanuelle va de nouveau vers les autres. Au centre de loisirs, lorsqu’elle était scolarisée, elle jouait seule à côté des autres. La socialisation est maintenant revenue. Emmanuelle apprécie de pouvoir se lever quand elle le souhaite : « Je fais ce que je veux quand je veux et je choisis mes activités. » Elle n’est plus contrainte de s’asseoir et de faire des choses qu’elle n’a pas choisies. Laetitia ajoute qu’en passant d’un rythme scolaire cadré à un rythme plus libre, Emmanuelle a testé les limites qu’elle a repoussées loin. Elle est actuellement plus respectueuse vis à vis de ces limites. L’IEF donne la possibilité de développer une passion et d’en faire son métier. Les enfants ne perdent pas leur temps à l’école. Ils apprennent ce qu’ils ont à apprendre par le biais de leurs passions, pour ensuite en vivre. Laetitia aurait aimé entendre dans son enfance : « Tu n’es pas obligée d’aller à l’école, fais ce qui te passionne ! »
Comment s’est passée l’inspection ?
Laetitia répond spontanément : « Super, très bien ! » Le papa d’Emmanuelle est bien branché sur l’IEF, il est à l’origine de cette orientation et maîtrise les textes de loi. Il est donc plus présent que Laetitia dans les échanges avec l’inspectrice, pendant que la conseillère pédagogique s’occupe d’Emmanuelle. Après la première inspection, le formel disparaît de leur instruction.
Que vous apporte l’aspect itinérant ?
- La sociabilisation : Laetitia, Emmanuelle et Gaïa sont entrées en contact avec 15 familles différentes, et elles rencontrent à chaque fois le réseau IEF local.
- La géographie grandeur nature : La famille est passée par le sud-est et le sud-ouest, Montpellier, Toulouse, l’Espagne, Bordeaux, la Dordogne, puis la Suisse et le Jura. La géographie est plus claire pour Emmanuelle. Les distances parcourues sont assez importantes, mais les filles ne se lassent pas car elles font sans cesse de nouvelles découvertes et rencontrent de nouvelles personnes.
- La richesse des langues et cultures étrangères. Laetitia envisage de voyager aussi en Angleterre et en Italie.
Est-ce que vous auriez des conseils à donner à des familles désirant se lancer dans l’aventure de l’IEF ?
Les motifs de l’IEF étant différents pour chaque famille, les conseils sont difficiles à donner. Alors que pour certains il s’agit d’une philosophie de vie, d’autres sont poussés vers ce choix car leur enfant ne se sent pas bien à l’école.
- Regarder ce que propose l’école et écouter son enfant. S’il se sent bien dans le système scolaire, il n’y a pas de problème. S’il ne suit pas ou s’il est plus rapide que les autres, ne peut pas rester assis… alors dans ces cas, il y a lieu de se poser des questions et d’envisager l’IEF.
- Aux parents qui pensent Je ne suis pas enseignant !, Laetitia répond qu’elle dit souvent à sa fille « Ce sont tes apprentissages, pas les miens ».
- Lâcher prise, se faire confiance et se lancer !
- Garder à l’esprit qu’on fait les choses avec l’enfant, dans l’intérêt de l’enfant et pas contre un système.
Comment évoqueriez-vous l’IEF en quelques mots ?
« Un lâcher prise pour les parents ! »
Une image vient à Laetitia : Courir au même rythme que son enfant, ni devant, ni derrière, mais à son niveau. L’accompagner dans ses apprentissages, là où il a envie d’aller.
Voici la page Facebook sur laquelle vous pouvez suivre le voyage et les découvertes de la famille : « Les sorties de Gaïa et Emmanuelle »
Un grand merci à Laetitia de m’avoir accordé du temps pour partager son expérience de l’IEF, et ainsi en faire bénéficier un grand nombre de familles en recherche de témoignages et de conseils.
Florence P, pour Pass éducation