La phobie scolaire toucherait 3 à 5% des étudiants en France. Souffrant de symptômes somatiques variés : nausées, maux de ventre, maux de tête, vertiges, vomissements, tremblements… Il leur est alors difficile voire impossible de se rendre dans un établissement scolaire. La peur qu’ils ressentent entrave sérieusement leur cursus académique et parfois, leur avenir professionnel. Ce comportement anxieux peut se manifester discrètement ou au contraire violemment selon le profil psychologique de l’enfant. S’il possède un caractère réservé, il se peut qu’il s’efforce tant bien que mal de dissimuler son état, afin de ne pas alarmer ses parents. Néanmoins, plusieurs signes doivent pousser ces derniers à s’interroger :
- Un état de stress le matin avant de se rendre en classe
- Ce même état de stress les veilles de rentrée scolaire (le dimanche soir surtout, en fin de week-end ou de vacances scolaires)
- Une demande répétée à ne pas se rendre en cours
- Des pleurs
- Des excuses qui paraissent anodines pour justifier un refus de retourner à l’école
- Une attitude éteinte lorsque l’enfant est sommé de se rendre en classe
- Un évanouissement de tous ces comportements durant les week-end et vacances scolaires
Un mal méconnu
Cependant, un constat s’impose. Passé le stade du diagnostic, l’affliction qu’est la phobie scolaire reste très méconnue dans notre pays. Le sujet demeure un tabou, et les causes indéterminées. Aucune étude scientifique sérieuse n’apporte une analyse précise et limpide sur ce mal. Pire encore, les statistiques seraient sous estimées. En découlent des recommandations par certains professionnels de santé ou de revues psychologiques qu’il serait mal avisé de suivre. En effet, les conseils de contraindre l’enfant à retourner en cours ou encore de lui imposer une hospitalisation pullulent sur le web.
Une note d’espoir
Pourtant, d’après Luc Mathis président de l’association Phobie scolaire : « Il ne faut pas hésiter à retirer l’enfant de l’école, car il est presque pire de le forcer à y aller. » Cette association fondée en 2008 par des parents concernés et bénévoles, confirme que ce ne serait pas 5% mais 28% d’enfants touchés un jour par un refus scolaire anxieux. Suite à ce constat amer, ils décident de laisser sur leur site internet à la disposition des parents inquiets une « feuille de route ». Elle retrace par étape tout le cheminement à adopter avec les enfants concernés. La toute première phase consiste à accepter de laisser son enfant changer de routine et de lui proposer une pause de 3 semaines pouvant être renouvelée autant de fois que nécessaire. Ce choix qui peut sembler loufoque de prime abord permettra surtout à l’ancien élève de récupérer une certaine sérénité. La période de déscolarisation est très souvent nécessaire. Quant aux parents, cela leur laissera le temps de programmer la suite des points à aborder : prendre des rendez-vous, rencontrer des spécialistes, informer l’établissement scolaire et l’inspection académique de la déscolarisation… Sans oublier de s’offrir du recul concernant la situation, de façon à dédramatiser.
Du sérieux !
Marie-Rose Moro, psychiatre, l’affirme : il n’y a pas de caprices chez ces enfants mais un malaise bien réel. Les causes seraient plurifactorielles : une pression trop forte -consciente ou non- émanant de l’entourage ou de l’enfant lui-même, une difficulté d’apprentissage qui freine son épanouissement en milieu scolaire (précocité, haut potentiel, dyslexie, dyscalculie, dysgraphie, dyspraxie, hyperactivité…), un événement négatif vécu comme un choc émotionnel grave (racket, harcèlement, violence…). Il y aurait donc bien une cause précise qui favoriserait chez le jeune le déclenchement d’une phobie scolaire. Peu importe l’origine, le sexe, ou le milieu social dont l’enfant est issu, tous peuvent être amenés un jour à rencontrer ce problème. Le rôle du parent sera alors d’instaurer un climat de confiance avec des dialogues apaisés. Dans le but de réussir à déterminer la source du blocage. Plusieurs professionnels peuvent intervenir durant cette investigation en vue d’aider à poser le bon diagnostic. L’équipe pédagogique, les soignants et les parents, travaillant main dans la main, pourront alors organiser un plan de secours à suivre avec la complicité de l’enfant. C’est en effet avant tout lui le premier concerné et l’acteur principal dans cet événement. Le challenge sera de respecter sa volonté raisonnablement, mais aussi de se montrer bienveillant, compréhensif et neutre. Tentez d’éviter les paroles et jugements blessants. Trois solutions peuvent alors être envisagées :
- Mettre en place un aménagement scolaire : l’enfant choisit d’assister aux cours uniquement à certaines heures ou alors pour certaines matières, de cette façon son emploi du temps est allégé provisoirement, puis des heures sont ajoutées graduellement quand l’enfant s’estime plus à l’aise
- La prise en charge du trouble : consulter un spécialiste, revoir à la baisse les attentes des professeurs, redoubler ou sauter une classe, changer d’établissement scolaire…
- La déscolarisation.
L’instruction en famille (IEF) : à envisager !
Afin d’éviter de futures lacunes à l’enfant en attendant la fin de cette épreuve, ou parce que votre choix final se porte sur la déscolarisation. Il se peut que vous vous intéressiez à l’IEF (Instruction En Famille). Cette pratique, tout à fait légale, se répand de plus en plus en France. En effet, la loi n’interdit pas l’enseignement au sein du foyer familial. Ce n’est pas l’école qui est obligatoire mais bien l’instruction. A partir de là, tous les parents sont libres d’adopter la méthode d’enseignement qu’ils jugent la plus pertinente pour leurs enfants. A quelques conditions toutefois : il vous faudra envoyer un courrier recommandé expliquant la nouvelle situation à votre mairie ainsi qu’à l’inspection académique de votre région. Vous serez alors soumis à des visites annuelles d’inspecteurs académiques qui vérifieront que le droit à l’instruction de l’enfant n’est pas obstrué. Vous pouvez également faire la demande d’un certificat de radiation à l’ancien établissement scolaire de votre enfant. Cela vous évitera d’avoir à justifier les absences chroniques.
Culpabilisation, non merci !
En conclusion, si vous vous sentez concerné et avez reconnu le profil de votre enfant dans ce texte, surtout respirez. Gardez en tête que rien n’est irréparable. Essayez de maintenir des échanges détendus avec lui et prenez le temps de rassurer votre entourage, y compris vous-même. Des solutions existent. Vous pouvez trouver des associations et discuter avec d’autres familles traversant la même situation. Sachez également que de grandes personnalités comme Fabrice Luchini, Michel Denisot, Christian Estrosi, Zinédine Zidane, Michel Drucker partagent tous un fait en commun : ils ont quitté le système scolaire français avant d’avoir pu obtenir un BAC. Ce qui ne les a pas empêchés de reprendre des études par la suite (politique, arts…). L’IEF peut représenter une alternative intéressante pour laisser à l’enfant une chance de s’épanouir autrement.
Marie, fondatrice du blog m123pommes, pour Pass éducation