Pourquoi Singapour ?
Pour être très clair dès le début, la méthode Singapour n’est pas une méthode miracle qui fera de votre enfant un surdoué en mathématiques dès la première leçon. Les singapouriens n’ont pas dans leur corps un gène « je suis bon en maths ». Ils sont devenus bon en maths grâce à cette méthode. Le gouvernement de Singapour a fait des mathématiques et des sciences une priorité nationale. Ils ont réuni autour d’une table des experts, pendant 5 ans, pour faire une synthèse de tout ce qui fonctionne. Parce qu’elle est une cité-Etat dépourvue de ressources naturelles, le développement économique du pays est subordonné au développement de ses ressources humaines. Les experts ont proposé des formations aux enseignants singapouriens pour mettre en place la méthode dans les classes. Puis il y a eu 15 ans de pratique de terrain avec des remontées régulières de ce qui fonctionnait et des erreurs ou anomalies rencontrées. Et la méthode fonctionne ! Depuis 1995, Singapour est classé 1 er dans la dernière étude TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) ou encore, depuis 2008, dans le classement PISA (Programme for International Student Assessment). Et elle fonctionne également dans les 60 pays qui l’utilisent. Il n’est donc pas surprenant qu’un des objectifs de l’éducation consiste à « soutenir les jeunes singapouriens ayant de la curiosité intellectuelle et qui souhaitent réfléchir de façon différentes, résoudre de nouveaux problèmes et créer de nouvelles opportunités pour l’avenir » (MOE, 2005). En France, la méthode fonctionne aussi. Elle est appliquée dans ses grands principes (quelques adaptations ont été faites en fonction du programme de l’éducation nationale et des « coutumes » comme la géométrie).
Concrètement
Il y a 10 ans, un certain nombre d’ouvrages, de manuels ont été édités du CP à la 6ème, d’abord sans lien avec les programmes français. Puis au bout de 8 ans, la méthode a été adaptée aux programmes en ajoutant la géométrie et les éléments qui manquaient. En conservant tous les parties pris pédagogiques et les forces de la méthode.
Comment la méthode fonctionne ?
La méthode de Singapour repose de 7 grands principes pédagogiques. Ce qui fait la différence avec les autres méthodes, c’est le bon dosage de tous ces ingrédients.
1) Une approche « concrète – imagée – abstraite »
Cette approche permet de passer du monde sensoriel et concret de la petite enfance au monde abstrait des mathématiques en passant par l’image, le schéma. L’enfant passe donc par la manipulation d’objets (étape concrète) qui seront ensuite remplacés par des images (étape imagée). Une fois la notion bien acquise, ils ne travaillent qu’avec les chiffres et les symboles (étape abstraite).
2) Donner du sens aux nombres
Elle sert à donner du sens aux nombres, et donc du sens aux mathématiques, en favorisant les représentations multiples (les familles de nombres, le dessin, la droite numérique, le recours au matériel de base 10) et, par conséquent, en évitant les représentations stéréotypées. Elle permet d’expliciter les liens entre les différentes représentations, en les proposant dans un ordre et dans une progression stratégique. Cet ordre est important car il permet à l’enfant d’avoir une représentation solide de ces nombres.
3) La pédagogie explicite et systématique
Les enfants ont besoin de savoir ce qu’ils font, pourquoi ils le font, quel est le lien avec la leçon précédente, la durée de la leçon et ce qu’ils sauront faire à la fin. Ils ont besoin d’être guidés, accompagnés dans leurs apprentissages. Le pédagogue va donc mettre un « haut-parleur » sur sa pensée. Il va dire, montrer et guider l’enfant tout au long de son apprentissage. Cette explicitation va favoriser la métacognition de l’enfant. Cela veut dire qu’il va se sentir acteur de son propre progrès.
4) 90% – 10%
Il y a une règle en science cognitive qui dit que si l’on veut enseigner quelque chose de nouveau à un enfant (ou un adulte), il faut qu’il y ait 90% de choses déjà connues et 10% de choses nouvelles. La méthode de Singapour c’est un corpus de progression planifiée de manière très rigoureuse pour qu’il y ait 90% de notions connues et 10% de nouvelles notions. L’intérêt est de faire ressentir aux enfants qu’ils sont capables de résoudre de nouveaux problèmes tous les jours, qu’ils progressent tous les jours et de leur faire ressentir le « frisson cognitif », le « j’ai réussi ! ».
5) La pédagogie de la maîtrise
Peu de notion seront étudiées mais elles seront vues en profondeur. Le but de cet apprentissage en profondeur est que les enfants maîtrisent entièrement un sujet avant de passer à l’autre.
6) La résolution de problèmes
Partout dans le monde, il y a un consensus qui veut que les mathématiques soient la résolution de problèmes. De fait, les mathématiques, parce que c’est une science de l’abstraction qui permet de modéliser, de simplifier, de schématiser une réalité, c’est un outil extrêmement performant pour résoudre des problèmes. Et c’est ce qu’on explique à travers la méthode de Singapour, c’est que grâce au mathématiques, on va pouvoir résoudre tous les problèmes qu’on va pouvoir se poser. Et en faisant de la résolution de problèmes, on va apprendre aux enfants à faire des mathématiques.
7) La pédagogie de la preuve
Si on veut enseigner les mathématiques aux enfants, il faut bien doser tous ces ingrédients pour les mettre en confiance, pour bien les guider. On va leur prouver que les mathématiques ce n’est pas de la magie, ce n’est pas du hasard, mais c’est bien un raisonnement scientifique.
La séance « idéale » ?
Pour mettre en place et bien ajuster tous les ingrédients, il faut un plan de leçon bien précis pour que les enfants aient accès à toutes les notions.
Voici un exemple de plan de leçon « idéal » :
- J’annonce l’objectif (5 minutes) = mise en situation
On annonce l’objectif précisément en rappelant ce qui a été vu la veille et en précisant ce que l’on voit dans la leçon du jour. - Je fais (10 minutes) = modelage
C’est vous, parent, qui faites la modélisation en explicitant à voix haute (en mettant un haut-parleur sur votre pensée) toutes les étapes par lesquelles vous passez, avec du matériel. Les enfants vont se servir des mots entendus comme modèle. - Nous faisons (25 minutes) = pratique guidée
Les enfants sont invités à faire la même chose. Ils vont eux-mêmes mettre un haut-parleur sur leur pensée. Le parent va pouvoir vérifier que la leçon ait bien été comprise et va pouvoir préciser une conception fausse et étayer la notion. - Les enfants font seuls (15 minutes) = pratique autonome
Les enfants sont en autonomie, ils ouvrent leur manuel et constatent les similitudes avec la pratique guidée. - Vous récapitulez (5 minutes) = objectivation
A ce moment, le parent demande aux enfants ce qu’ils ont retenu de la leçon.
Pourquoi la méthode est-elle si efficace ?
La méthode de Singapour est progressive et ne laisse rien au hasard. Chaque notion est enseignée dans les moindres détails, et appliquée jusqu’à une compréhension et une maîtrise parfaite. La grande variété des problèmes encourage les élèves à laisser de côté l’aspect superficiel (s’agit-il de mesurer l’aire d’une table, d’un terrain de football, d’un cahier…) et à se concentrer sur la structure profonde (il s’agit dans les trois cas de calculer la surface d’un rectangle). La méthode entraîne donc les élèves à penser comme de vrais mathématiciens.
Quel matériel est nécessaire ?
L’ancienne édition se compose de :
- 1 manuel de cours (14.90€)
- 2 cahiers d’exercices A et B (7.80€ chacun)
- 1 guide pédagogique (32€)
La nouvelle édition se compose de :
- 2 Fichiers de l’élève A et B (qui correspond au cours : pratique guidée) (6.50€ chacun)
- 1 manuel de Fiches photocopiables (qui correspond aux exercices : pratique autonome) (39.90€)
- 1 guide pédagogique (39.90€)
Sylviana de Lamour en Vadrouille, pour Pass Education
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