« IL EST INTERDIT DE SE TROMPER » …Claire BLONDEL (mère et entrepreneuse)
Claire BLONDEL a travaillé 10 ans en tant qu’Ingénieure qualité dans le domaine du sport et de l’automobile. En 2007 elle décide alors de quitter son poste et son mode de vie en s’envolant pour le Japon et de se lancer dans une nouvelle voie professionnelle , autour de problématiques qui lui tiennent à cÅ“ur et qui lui correspondent : la garde d’enfants et la pratique de langues. Quelques années plus tard, elle est de retour en France avec son mari et ses deux filles.
Dans cette conférence du 07/02/2012, Claire Blondel s’attaque à une règle si typique de l’éducation française: « IL EST INTERDIT DE SE TROMPER. » Pour cela, elle part du constat suivant : le taux peu élevé entrepreneuriat en France, expliqué par une peur importante de l’échec (6% d’adultes en création d’entreprise en France, soit un placement en 56ème position sur 59 pays étudiés). Et cette peur de l’échec nous vient en grande partie de cette règle que l’on nous répète depuis notre plus tendre enfance  et qui est du coup tellement bien ancrée en nous qu’elle nous paralyse : « IL EST INTERDIT DE SE TROMPER ». En effet se tromper signifie soit que l’on ne maîtrise pas son sujet, soit qu’on le maîtrise mais qu’ on n’y a pas porté suffisamment attention : il n’est donc pas tolérable –et toléré- de se tromper, et nous le faisons bien comprendre à nos enfants…
Claire Blondel, en se basant sur son expérience personnelle et celle de sa famille, illustre parfaitement ce problème et nous encourage à changer notre approche. Car l’erreur elle-même est formatrice et elle est indispensable pour devenir un adulte capable d’aller de l’avant.
Claire Blondel a donc vécu 8 ans en Asie avec son mari et ses 2 filles qui ont commencé leur scolarisation dans des écoles internationales (Shangaï, Hong-Kong et Tokyo). Pour elles deux , les apprentissages scolaires étaient une réelle source de plaisir. Puis en 2010, la famille décide de  rentrer en France et c’est alors la 1ère scolarisation des filles au sein d’une école française. Petit à petit, leur enthousiasme par rapport à l’école a diminué : elles ont commencé à manifester moins d’envie d’aller à l’école, et même de la peur. Un jour sa fille de 9 ans lui dit alors: « Je suis fatiguée d’avoir peur de me tromper ».
Au travers de cette expérience personnelle, Claire Blondel retire 4 conséquences de cette règle très néfaste pour les enfants.
- 1ère conséquence : l’intolérance qu’elle engendre. Elle illustre alors cette conséquence à travers l’exemple de ses enfants, plus particulièrement sa fille aînée, qui a appris à écrire avec la calligraphie anglo-saxonne et non française : du coup tout le monde, y compris les enseignants, lui disait qu’elle écrivait mal son nom, qu’elle se trompait, que c’était faux -puisque cette écriture a beaucoup de différences avec la française-. Sa maîtresse lui faisait ainsi faire des lignes et des lignes d’écriture afin de corriger cette erreur. Et sa fille s’est donc tout naturellement mise à penser que jusqu’à maintenant, elle n’écrivait pas « normalement ». Et c’est justement ce terme « normalement » qui est inacceptable selon Claire Blondel car il faut au contraire apprendre à nos enfants que sur terre, il y a autant de codes qu’il y a de cultures. Et qu’aucun code ne doit prévaloir sur l’autre.
- 2ème conséquence : cette règle implique une très mauvaise estime de soi. Toujours en illustrant avec l’exemple de sa fille qui ne parvenait pas à écrire « correctement », c’est-à -dire avec la calligraphie française et non anglo-saxonne, Claire Blondel nous explique que son mari et elle, ainsi que la maîtresse, avaient malheureusement tendance à s’acharner  sur ses mauvaises notes, ses mauvaises copies, …ce qui eut comme conséquence que leur fille s’était convaincue qu’elle était nulle et que de toute façon ça ne changerait jamais, quoi qu’elle fasse. Puis sa fille a discuté avec une amie de ses parents qui, au lieu de se focaliser sur les erreurs et les échecs de la petite, a attiré son attention sur ses réussites et ses forces. Et ceci a radicalement changé son attitude, de façon plus que positive : elle est parvenue à reprendre goût aux apprentissages, elle a appris à écrire avec la calligraphie française,  mais surtout, elle a repris confiance en elle.
- 3ème conséquence : le manque d’autonomie face à l’erreur. En effet, l’éducation actuelle en France place toujours un adulte (parents, enseignants) qui vérifie le travail de l’enfant et lui dit si son travail est juste ou pas, s’il y a des erreurs. Ainsi l’enfant travaille et essaie de ne pas faire d’erreurs pour faire plaisir à l’adulte et non pour lui-même, pour éviter de le décevoir, pour éviter de se faire réprimander. Il est primordial que nos enfants deviennent autonomes face à l’erreur, qu’ils soient capables de détecter leurs erreurs tout seuls.
- 4ème conséquence : le manque de persévérance. Pour Claire Blondel l’enfant, s’il vit « activement » ses échecs, va apprendre à en tirer profit et à repartir en appliquant les enseignements de ses échecs. Ce qui n’est pas le cas actuellement dans notre système éducatif qui place l’enfant en position de spectateur.
 Claire Blondel cite cette phrase de Winston Churchill qu’elle affectionne particulièrement :
« Le succès, c’est d’aller d’échecs en échecs sans perdre son enthousiasme. »
C’est ce que nous devons impérativement apprendre à nos enfants pour qu’ils deviennent des adultes capables d’aller de l’avant : des personnes qui font certes des erreurs, mais qui sont capables de l’accepter et de vivre avec tout en continuant à avancer, avec le goût d’entreprendre.
Les enfants d’aujourd’hui sont la société de demain : si nous voulons une société d’adultes entreprenants qui ont envie d’aller de l’avant et qui n’ont pas peur de prendre des risques et d’échouer, alors il faut changer notre message. Il est temps d’entrer dans une nouvelle ère : UNE ÈRE DE FIN D’INTERDICTION. Nous allons enfin donner à nos enfants le droit de se tromper.
Pour écouter la version longue, c’est ici :
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Plum’elle, fondatrice de ptiboudeveil.com, pour Pass éducation