IEF et troubles anxieux : une voie vers l’apaisement ?
Chez les enfants, les troubles anxieux peuvent notamment conduire à de la phobie scolaire. Pour la poursuite des apprentissages, associer IEF et troubles anxieux s’avère être une solution réconfortante pour l’enfant. Il trouve un environnement éloigné des sources de stress, adapté à ses besoins en termes de cadre et de pédagogies. Quant à la socialisation, elle n’est jamais bien loin et peut se faire de façon personnalisée si nécessaire.
Qu’est-ce qui se cachent derrière les troubles anxieux chez l’enfant ?
Être anxieux, ce n’est pas seulement être inquiet. C’est une angoisse sourde, souvent difficile à mettre en mots, ce qui fait que le corps peut alors prendre le relais. On parle de somatisation. La sécrétion d’hormones du stress comme le cortisol ou l’adrénaline est telle que le fonctionnement de l’organisme se dérègle.
Contrairement aux peurs normales et passagères, les troubles anxieux sont persistants et peuvent s’intensifier avec le temps. Ils sont de diverses origines. Identifier ces dernières à l’aide d’un psychologue clinicien par exemple, permettra de mettre en place un travail de soin adapté.
Les différents types de troubles anxieux
On distingue ainsi :
- Le trouble d’anxiété généralisée (TAG), caractérisé par une inquiétude excessive et non contrôlable concernant divers aspects de la vie quotidienne (santé, performances scolaires, sécurité des proches…), persistant pendant six mois ou plus.
- Les phobies spécifiques, ces peurs intenses, irrationnelles et irréelles d’un objet ou d’une situation spécifique, comme les insectes, les hauteurs ou l’obscurité. Elles mènent fréquemment à l’évitement comportemental.
- Le trouble d’anxiété sociale (TAS), cette peur marquée des situations sociales ou des performances en public, due à la crainte d’être jugé, embarrassé ou humilié.
Mon aîné a ainsi souffert de phobie scolaire ou refus scolaire anxieux pendant plusieurs années. Grâce à un bilan de personnalité, sa psychologue a pu identifier une anxiété de performance (problématiques des notes…) et une anxiété d’anticipation (grande difficulté à gérer l’incertitude).
Lors d’ateliers de parole avec d’autres adolescents, il a découvert que certains souffraient d’anxiété liée à la séparation, à la peur de l’agression (sans pour autant en avoir été victime), etc. Le point commun de ces jeunes ? Aller en classe provoquait une grande souffrance, voire leur était impossible.
Signes et symptômes à surveiller
Voici quelques manifestations symptomatiques des troubles anxieux :
- Inquiétudes excessives ou peurs qui semblent disproportionnées par rapport à la situation : cris, pleurs, tétanie, hallucinations, palpitations, etc. Une anxiété échappe à tout raisonnement logique. Le cerveau se met en pilote automatique et la personne concernée ne parvient pas reprendre les manettes de commandement.
- Irritabilité, agitation.
- Difficultés à se concentrer ou à rester en place.
- Tendance à éviter les situations ou les objets qui suscitent l’anxiété.
- Plaintes somatiques récurrentes, telles que maux de tête ou douleurs abdominales, sans cause médicale apparente.
- Troubles du sommeil à l’endormissement, insomnies.
- Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) qui s’installent pour se rassurer ou fuir (alimentation, hygiène, geste répétitif, etc.).
Dans les faits, parce que mes enfants l’ont vécu, je peux témoigner de :
- blocage des cervicales avec formation d’un gros œuf dans la nuque en plein sommeil, parce qu’il fallait réaliser une descente chronométrée au ski (anxiété de performance) ;
- longue crise de tétanie totale ;
- convulsions abdominales ;
- troubles du sommeil conséquents ;
- hallucinations visuelles, etc.
Les troubles anxieux non soignés peuvent mener au burn-out, à la dépression, à l’hypocondrie, etc.
Conséquences des troubles anxieux sur l’apprentissage : la phobie scolaire
Vu l’impact des troubles anxieux sur la santé mentale et physique, ils ne sont pas sans conséquences sur les apprentissages. Cela peut aller des difficultés de concentration à une incapacité physique (enfant qui fait des malaises) à franchir les portes d’un établissement scolaire : la fameuse phobie scolaire, encore nommée refus scolaire anxieux.
Ces troubles anxieux, qu’il s’agisse de peur pour ses proches restés à la maison ou de peur des autres, du jugement, de l’échec, affectent la motivation et les performances scolaires. Cette situation peut se produire même si l’enfant a des facilités pour apprendre. Elle peut ne pas refléter ses véritables capacités.
Comment faire pour que l’enfant ne décroche pas des apprentissages ?
IEF et troubles anxieux : une solution à envisager
Les troubles anxieux constituent un véritable handicap au quotidien. Par exemple, si l’enfant se rend malade d’aller à l’école, si on sent qu’il perd sa joie de vivre, il faut chercher des solutions autres.
IEF, écoles alternatives ou aménagement
Si un enfant est en incapacité d’aller dans un établissement « classique », une école alternative dont la pédagogie, l’organisation, l’équipe enseignante pourront mieux correspondre à ses besoins, peut être une solution. Mais elle ne convient pas à tous les enfants souffrant de troubles anxieux. Et il faut en avoir à proximité… ou déménager.
De notre côté, au cours de 7 années de collège et lycée qui ont correspondu à de la phobie scolaire déclarée, nous avons mis en place :
- des adaptations d’emploi du temps (ex. : rattachement au CNED en terminale pour certaines matières) et un soutien des conseillers principaux d’éducation et du médecin scolaire ;
- des aménagements avec certains professeurs compréhensifs pour les évaluations ;
- un complément via l’instruction en famille et l’aide d’une association qui accueillait et soutenait les jeunes en phobie scolaire.
IEF pour un enfant souffrant de troubles anxieux
L’IEF offre de nombreux intérêts pour accompagner un enfant handicapé par des troubles anxieux. Elle permet de s’adapter pleinement à ses besoins avec :
- un cadre rassurant, calme, sans jugement ;
- des pédagogies efficaces par rapport à ses modes d’apprentissage : par exemple, Montessori pour les mathématiques, Charlotte Manson pour tout ce qui est lié à la nature, des projets de type Freinet pour l’expression orale et écrite, des jeux éducatifs en ligne pour l’entraînement ou l’évaluation… ;
- des situations d’apprentissage variées, qui suivent ses envies, ses intérêts : vivre des expériences, visiter des lieux, des musées, rencontrer des situations, des personnes, etc.
- une durée de travail adaptée au rythme de l’enfant ;
- la possibilité d’organiser les soins, etc.
Si devoir accompagner son enfant dans ses apprentissages suscite des inquiétudes, si on ne se sent pas légitime, on peut s’appuyer sur les packs IEF proposés par Pass-education.fr. Les témoignages d’autres familles peuvent aussi être utiles.
IEF, troubles anxieux et socialisation
Pour les enfants dont les troubles anxieux sont, pour tout ou partie, d’ordre social (TAS), l’IEF sera une soupape bienvenue. Ils pourront, petit à petit, tisser des relations sereines avec les autres, en participant à des sorties organisées par les familles en IEF. L’avantage, c’est que la socialisation se déroule dans un temps limité, avec un groupe réduit. Pour d’autres enfants, les relations aux autres sont plus un soutien qu’un problème. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons cherché à maintenir un peu de scolarisation pour notre aîné qui a pu s’appuyer sur son réseau d’amis d’enfance. Par ailleurs, malgré ses douleurs physiques, notre fils a toujours maintenu un entraînement sportif intensif. Ce qui peut sembler aberrant quand on sait que ses souffrances l’empêchaient d’aller en cours. Mais cela fait partie de la complexité du trouble anxieux.
Si je peux donner un conseil, c’est de ne jamais priver son enfant d’activités périscolaires sous prétexte que pour celles-là, il est en capacité d’y aller, mais qu’il ne peut pas le faire pour l’école. C’est aussi un moyen de maintenir sa socialisation. S’il est en mesure de s’y rendre, c’est que ces temps ne sont pas anxiogènes.
Si votre enfant soufre de troubles anxieux et notamment de phobie scolaire, n’hésitez pas à vous appuyer sur les professionnels de santé qui l’entourent pour poser vos questions, ainsi que sur des associations comme phobie-scolaire. Échanger avec d’autres familles aide à cheminer, à comprendre et à accompagner au mieux son enfant.
Elsa Boulet, du blog Mes Petits Curieux, pour Pass-Education