Tour d’horizon enseignant du graphisme en toute petite section
Mesurer ce qu’un enfant de deux ans est capable de faire n’est pas forcément facile, lorsqu’on aborde la toute petite section de maternelle. Beaucoup de bambins de cet âge griffonnent et gribouillent quand d’autres vont rester de marbre devant les incitations à créer des formes ou des motifs. Cependant, le graphisme en toute petite section fait partie des compétences à développer. Comment passer de la culture graphique personnelle de l’enfant à une expérimentation encadrée et verbalisée, adaptée à l’âge de ces élèves ? Quelques ressources pour vous éclairer.
Le geste graphique : entre autonomie et dépendance à l’adulte
La toute petite section est une classe qui accueille les enfants de moins de trois ans. Comment aménager les apprentissages pour cette tranche d’âge ? Cette interrogation concerne tous les domaines, y compris le graphisme. Et c’est une question légitime car, pendant cette période de développement, l’enfant est très dépendant de l’adulte et requiert beaucoup d’attention.
S’approprier l’espace
Avant de parler de graphisme à proprement parler, il s’agit de développer, comme en petite section, l’appréhension de l’espace par le corps. Grâce aux activités quotidiennes de motricité en classe et dans la cour de récréation, l’élève va expérimenter les trajectoires, les directions (droite/gauche), les positions (en haut, en dessous, dessus, à côté, etc.). Il déplace et organise des objets grâce aux consignes de l’enseignant. Il laisse une trace sur des supports grand format, comme des lignes, des empreintes ou des motifs.
Instaurer des rituels autour du graphisme
Les très jeunes enfants ont besoin de repères et de continuité pour se sentir rassurés. Ainsi, l’activité graphisme peut s’inscrire dans le cadre des ateliers conduits quotidiennement sous forme de rituels :
- temps d’accueil (matin, après-midi) ;
- temps de transition (retour de la cantine, de la récréation) ;
- découverte d’une œuvre (de manière quotidienne ou hebdomadaire) ;
- espace autonome dédié aux explorations graphiques.
Ce travail structuré renforce la posture recherchée, c’est-à-dire celle de l’élève : l’enfant va apprendre à écouter une consigne, à aller au bout d’une activité et à se concentrer.
Le coin graphisme en autonomie
Les classes de maternelle sont souvent aménagées pour permettre aux élèves de faire leurs expérimentations de manière libre. Il est fortement conseillé de concocter un coin dédié au graphisme, adapté aux enfants de moins de trois ans :
- bac avec du sable, du sel ou de la farine au fond pour tracer des formes au doigt ;
- peinture avec différents outils adaptés à la taille de la main : brosses, éponges, tampons ;
- supports variés, de toutes tailles et positionnés différemment (horizontal ou vertical) ;
- pâte à modeler (comestible) ;
- pistes graphiques à suivre avec le doigt ;
- matériel de très grosses perles à enfiler ;
- pinces à accrocher sur un fil tendu ;
- jeux de formes à encastrer sur des supports.
Si vous craignez le désordre, l’accès à ce coin peut se faire sous la surveillance de l’ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles).
Les ateliers dédiés de graphisme
Le graphisme en toute petite section, c’est une habileté qui se développe grâce à une supervision étroite de l’adulte. Ainsi, il faut proposer régulièrement aux élèves des ateliers en petits groupes pour montrer précisément les gestes, permettre l’imitation, personnaliser la verbalisation. C’est lors de ces ateliers que vous pourrez observer les compétences des élèves, rectifier et affiner avec eux la maîtrise d’un geste.
Quelles compétences pour les tout-petits ?
La toute petite section diffère peu de la petite section dans ce domaine, dans la mesure où c’est entre 2 et 4 ans que se déroule une étape particulière du développement. C’est pourquoi il est préférable de rassembler les enfants de toute petite section en un seul groupe ou de les associer à des élèves de petite section. Ainsi, les compétences attendues seront identiques, avec une exigence de maîtrise moins élevée.
L’élève de toute petite section va apprendre à :
- prendre des repères dans l’espace ;
- tracer de différentes manières ;
- à expérimenter un répertoire graphique simple : lignes continues ou discontinues, volutes (escargot), points, vague ;
- développer son attention visuelle ;
- discriminer des formes ;
- reproduire des tracés.
Toutes ces compétences contiennent en germe les ingrédients propices à une entrée dans l’écriture sereine, qui se fera en moyenne section.
Graphisme toute petite section : les erreurs à ne pas commettre
L’enfant de deux ans accueilli à l’école est certes un élève, pas un bambin gardé en crèche. Il est cependant très jeune, et il ne faudrait pas se focaliser sur des attentes scolaires rigides, en décalage avec son développement.
Restreindre le graphisme au tracé sur une feuille A4
De même que pour la petite section, il faut réduire au strict minimum l’usage de fiches ou de cahiers. Ces formats ne sont pas adaptés à l’âge des élèves. Ils ont besoin d’expérimenter avec leur corps, de mettre en action leur main, leur bras et leur épaule dans des mouvements amples, sans entrave.
Proposer des crayons et des feutres
Ces outils sont à proscrire tant que l’élève n’a pas une bonne tenue de l’outil scripteur, ce qui se produit généralement à partir de la moyenne section. En outre, le geste qui permet l’utilisation efficace des crayons et des feutres est en construction en toute petite section, sur des formats plus larges, avec des outils plus maniables, tels que les craies ou les pinceaux brosses. Il en va de même pour le graphisme en petite section.
Confondre coloriage et graphisme
Le coloriage n’est pas, à proprement parler, une activité de graphisme. De plus, pour les enfants de moins de trois ans qui élaborent leur appréhension de l’espace, c’est une habileté bien trop exigeante qui s’exercera à partir de la moyenne section.
Se limiter à la reproduction de formes
Le graphisme en toute petite section doit passer par l’expérimentation. Pas question donc de proposer un modèle à reproduire, de but en blanc. Il faut, comme en petite section, passer par la phase de découverte qui suscite la curiosité. Pour cela, prenez comme support des œuvres d’art, des objets du quotidien, des photographies ou des livres d’auteur jeunesse. Par la suite, donnez aux tout-petits la possibilité de s’approprier ce nouveau répertoire graphique par la transformation : plus grand, plus petit, plus épais, à l’envers, rapproché, espacé, etc.
Le graphisme en toute petite section est donc une compétence ludique qui vise principalement au développement de la motricité, du repérage dans l’espace et de la concentration, associé à une première approche des arts. Vous avez besoin d’outils pour vous aider ? Voici notre répertoire de graphismes-affichage pour la classe.
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