Accompagner son enfant pour une meilleure gestion de la colère
Du côté de l’enfant comme du parent, la gestion de la colère demande patience et résilience. L’émotion a besoin d’être exprimée et accueillie pour pouvoir s’apaiser. Il existe des solutions pour atténuer les crises et préserver l’équilibre familial. Analysons ce qui se joue pendant ces tourbillons d’émotions. Découvrez aussi comment soutenir votre enfant par l’écoute, les mots ou le jeu.
Pourquoi votre enfant ressent-il de la colère ?
La gestion des émotions chez l’enfant TDAH
Tous les enfants vivent des tempêtes émotionnelles. Quand leur système nerveux est surchargé d’émotions, ils trouvent une façon de l’apaiser. Les pleurs et les cris peuvent être interprétés par l’adulte comme de la colère. L’enfant se décharge des tensions créées par une situation stressante ou frustrante. Selon la psychothérapeute Isabelle Filliozat, ces attitudes sont des « réponses du cerveau à des situations trop complexes pour lui ». Ces débordements émotionnels peuvent aussi venir d’un besoin inassouvi : celui de dormir, de manger, de jouer ou encore d’être au calme et de se faire câliner. Si ces moments de crise existent dans tous les foyers, chez l’enfant TDAH, ils sont à la fois plus fréquents et plus puissants. Le trouble de l’attention (avec ou sans hyperactivité) se caractérise par 3 symptômes : le déficit d’attention, l’impulsivité et l’hyperactivité de l’enfant. La personne qui souffre de ce trouble est souvent submergée par ses pensées et ses ressentis. En cause, la fonction cérébrale qui régule les émotions. Elle ne permet pas à l’enfant TDAH de prendre facilement du recul sur ce qu’il vit intérieurement.
Les situations qui créent de la colère
Et si au lieu de parler de la colère, on s’intéressait plutôt aux situations qui la créent ?
Le plus souvent, c’est la non-satisfaction d’un besoin qui déclenche la colère.
La pyramide des besoins du psychologue Abraham Maslow met en lumière les 5 besoins fondamentaux de l’être humain :
- Les besoins physiologiques comme dormir, boire, manger et respirer siègent à la base de cette pyramide.
- Arrivent ensuite les besoins de sécurité (physique, morale, matérielle…).
- On trouve après le besoin d’amour et d’appartenance : celui d’aimer et d’être aimé.
- Le besoin d’estime désigne celle qui vient des autres, mais aussi de soi-même.
- Enfin, en haut de cette pyramide trône le besoin d’accomplissement personnel.
Dès lors qu’un de ces besoins n’est pas respecté, une réaction — et par conséquent une émotion — se déclenche. Après une longue journée d’école, la faim, la fatigue ou encore une dispute avec un camarade peuvent entraîner une réaction ressemblant à de la colère. L’enfant TDAH a alors besoin d’aide pour accueillir et vivre cette déferlante d’émotions.
3 conseils pour un meilleur accompagnement de la colère à la maison
Acceptez de ne pas contrôler la situation
Si vous êtes parent d’un enfant TDAH, il vous arrive certainement de vous sentir désemparé face à une crise. Deux solutions s’offrent à vous, selon la situation et les besoins de votre enfant :
- Accueillir ses émotions et l’aider à s’apaiser.
Rapprochez vous de votre enfant, sécurisez-le, rassurez-le en lui montrant que vous êtes à ses côtés pour accueillir ce tourbillon émotionnel. Apportez-lui votre soutien et votre bienveillance, vous l’aiderez ainsi à se calmer.
Dans certaines situations, votre enfant vous demandera de pouvoir rester seul, au calme, dans un endroit sécurisant pour lui. Dans ce cas, pour respecter sa demande vous pourrez :
- Vous éclipser.
Si votre enfant ne se met pas en danger, tentez de le laisser s’apaiser seul. À plus forte raison si la situation est émotionnellement difficile pour vous-même. Attendez que la tempête passe pour lui comme pour vous, et revenez vers lui sans jugement.
Mettez des mots et des images sur les émotions
Lorsque votre enfant vit une forte crise intérieure, dites-lui que vous entendez sa colère, que vous la comprenez. Mettez des mots sur ce qui a déclenché cette émotion désagréable : « Je comprends que ça te mette en colère de devoir t’arrêter de jouer alors que tu t’amusais bien. C’est dur de devoir interrompre une belle partie de jeu pour aller se coucher ». Parlez ouvertement de ressentis avec votre enfant afin qu’il les identifie plus facilement lorsqu’il les ressent.
Certains livres pour enfants sont de formidables supports d’apprentissage et de compréhension. La couleur des émotions d’Anna Llenas (dès 3 ans) ou Colère et retour au calme, Cahiers Filliozat (à partir de 5 ans) sont des ouvrages qui aident à identifier la colère et à la libérer.
Affichez un référentiel des émotions à la maison. Il en existe de toutes sortes : météo des émotions, baromètre, échelle ou encore roue des émotions. Sous forme de petites illustrations, ils recensent les émotions que traverse un enfant, qu’elles soient désagréables ou agréables. De la fatigue à la joie, en passant par la peur ou encore l’optimisme, encouragez votre enfant à s’observer. Apprenez-lui à parler de ses sensations et de son état intérieur. S’arrêter et examiner ce qui se passe en soi est un véritable exercice pour un enfant TDAH. Plus il effectuera ce travail d’auto-observation, mieux il comprendra ce qui se joue intérieurement dans les moments difficiles.
Pensez à adapter le quotidien
Pour éviter que ces situations difficiles pour votre enfant se réitèrent chaque soir, pensez à améliorer l’environnement et l’organisation. Pour cela :
- Prévenez l’enfant
Vous pouvez lui rappeler 20 minutes avant qu’il s’agit de la dernière partie de jeu avant le rituel du coucher.
- Changez d’avis
Vous pouvez rester souple en décalant le coucher de quelques minutes pour le laisser terminer son jeu.
- Intégrez l’enfant dans les choix qui le concernent
Lorsque l’enfant a la sensation d’avoir participé à une règle, il est beaucoup plus à même de vouloir la respecter. Vous pouvez alors formuler la suite du programme comme suit « Tu es OK si là on se dit que c’est la dernière partie de jeu et après je t’aide à enfiler ton pyjama puis je te lis une histoire ? ». Ecoutez sa réponse avec attention. Surtout dans les premiers temps où vous l’impliquerez, il se peut qu’il propose par exemple, comme alternative à votre proposition, 2 parties de jeux plutôt qu’une. Acceptez lorsque c’est possible pour vous. Exprimez vos limites lorsque ça n’est pas possible : « J’aurais tellement aimé encore jouer avec toi. Je suis désolée mais ton frère/ ta sœur m’attend pour que je l’accompagne vers le sommeil. Mais sinon demain matin on s’organise différemment et on fera une partie juste avant d’aller à l’école, ça te va ? ». Dans les deux cas, verbalisez ses besoins afin qu’il se sente entendu et respecté « Toi tu voulais encore jouer avec moi. Tu aimes beaucoup ce jeu et tu as encore besoin de passer du temps juste avec moi, c’est bien ça ? ».
Des activités pour mieux gérer ses émotions
Nous avons vu que les « colères » peuvent être l’expression d’un trop-plein de tension ainsi que l’expression d’un besoin. À ces deux cas de figure, la psychothérapeute en parentalité positive, Isabelle Filliozat, ajoute la « recherche de stimulation ». Votre enfant a besoin d’activités stimulantes qui répondent à son besoin d’être en action, que ce soit par le mouvement ou la réflexion. Ce sont des outils pour l’aider à améliorer sa gestion de la colère.
Les activités sensorielles
Les enfants souffrant de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité ont souvent une sensibilité exacerbée. Les jeux sensoriels comblent tout particulièrement leur besoin de motricité et d’expérimentation. Tels des exutoires, ces jeux leur donnent la possibilité de focaliser leur attention et de s’apaiser :
- Le sable magique ou la pâte à modeler l’invitent à se concentrer sur ses sensations tactiles. Sans s’en rendre compte, il s’entraîne également à doser ses mouvements moteurs.
- Les jeux de construction et d’emboîtement sont une véritable source de plaisir, car ils permettent aux enfants TDAH d’exercer leurs habiletés cognitives.
👉🏻 Découvrez l’activité Montessori des emboîtements cylindriques, un jeu qui développe la coordination oculomotrice, la concentration et l’attention.
- Le dessin et le coloriage sont pour certains, des moments de calme et d’apaisement très appréciés.
Cette liste non exhaustive d’« activités bien-être » peut tout aussi bien être utilisée :
- De manière préventive, lorsque vous sentez que votre enfant est à fleur de peau et a besoin d’un moment de détente.
- Après une crise si votre enfant a du mal à retrouver son équilibre intérieur.
La relaxation
Invitez la relaxation dans la vie de votre enfant. Comme pour les adultes, c’est un allié de leur santé émotionnelle ! En pratiquant la relaxation avec votre enfant, vous multipliez ses chances de se détendre, d’évacuer les tensions, de bien dormir et par conséquent de diminuer son anxiété. Le jeu du « Ballon des soucis » permet de s’apaiser et retrouver son calme grâce à la visualisation et la respiration :
- Allongé ou assis, votre enfant ferme les yeux.
- Il localise l’endroit où est située la colère ou l’émotion désagréable dans son corps.
- Il prend une grande inspiration et évacue cette sensation en soufflant fort dans un ballon imaginaire.
- Pour finir, il noue le ballon et le laisse s’envoler avec sa colère à l’intérieur !
Toutes ces solutions favorisent l’apaisement de l’enfant… et de l’adulte, souvent éprouvé lui aussi ! La gestion de la colère nécessite de trouver en soi les ressources adéquates. Mais elles ne sont pas toujours disponibles au moment voulu ! N’hésitez pas à partager à votre enfant vos sentiments, vos difficultés et vos recettes pour vous sentir mieux. C’est aussi en vous regardant accueillir vos propres émotions qu’il apprend à apprivoiser les siennes.