Je m’appelle Marie-Pierre et vit sur l’île de la Réunion avec mes deux filles. Je suis une maman comme toutes les autres avec les mêmes défis que toutes les autres mamans, notamment un majeur : celui d’élever mes enfants en les préservant, en accord avec ce qui relève de leur « intérêt supérieur ».
J’ai toujours pensé que cet intérêt supérieur ne relevait pas simplement d’une bonne éducation, mais aussi et surtout de l’équilibre psychologique et affectif que nous leur communiquons et inculquons. J’ai toujours trouvé des personnes, des enseignants, avec qui le débat était ouvert et avec lesquelles, malgré les divergences d’opinion, nous arrivions à tomber d’accord sur les besoins spécifiques de chaque enfant. Dans la description que je vous donne, je ne suis donc a priori pas le public visée par le projet de loi à venir. Mes deux filles sont scolarisées, une en collège « classique » -l’Ecole de la République soi-disant défendue par notre ministre et notre président-, une en école alternative. Pourtant je suis révoltée au même titre que tous ces parents qui s’investissent au quotidien ; font un choix avec pour seul objectif de faire grandir des enfants heureux, sains, autonomes et responsables qui seront les inventeurs de demain ; des parents qui subissent les jugements et procès d’intention à peine voilés parfois de ceux qui les contrôlent avec encore plus de sévérité que ne le fait l’école publique.
Je suis révoltée car oui, je suis concernée. Ma deuxième est en souffrance depuis son tout premier jour d’école alors qu’elle avait 3 ans, elle a fait sa première phobie scolaire à 5 ans, elle a été déscolarisée à partir du CM1 pendant 18 mois avec l’approbation de l’équipe pédagogique. Malgré des enseignants adorables qui prenaient le temps pour elle, malgré des aménagements, malgré des suivis et accompagnements, j’ai vu ma fille au fil des années se refermer chaque année un peu plus, s’emmurer dans le silence souvent, jusqu’à refuser de manger, ne plus rire mais pleurer en silence, des larmes épaisses laissant un sillon sur ses joues. Je suis révoltée que l’on veuille faire croire que l’Ecole est la même pour tous, adaptée pour tous, alors que la réalité de terrain ne cesse de nous montrer le contraire, alors que le confinement a permis à nombre d’élèves d’organiser leur vie différemment avec leur travail scolaire et leur vie de famille, et cela avec succès. Je suis révoltée que l’on parle de faciliter les fermetures administratives des établissements hors contrats, que l’avis médical se doive de venir du médecin de l’EN -je comprends là que tous les médecins en dehors de l’EN sont des incompétents donc…-.
Ma fille n’est et ne sera jamais adaptée à l’Ecole de la République de notre président, et personnellement j’en suis ravie quand je vois ce qui arrive aujourd’hui ! Ma fille est suivie, a été vue par le médecin scolaire qui lui-même a reconnu qu’une re-scolarisation traditionnelle était impossible. Depuis le début, je nous ai toujours protégées avec des certificats médicaux dans l’hypothèse que… Elle est aujourd’hui dans une école alternative avec des effectifs très réduits, mais qu’elle a choisit et dans laquelle elle se sent bien. Elle rit, mange, parle et se projette sur l’avenir. Elle travaille ; parce que oui, les enfants aiment travailler et apprendre avec les bons stimuli ; elle se développe et progresse à une vitesse stupéfiante. Ce n’est pas l’Ecole de la République, c’est l’Ecole de la Vie, tellement plus riche d’expériences ! Elle m’a demandé il y a peu si son école serait toujours ouverte l’année prochaine. Je l’ai rassurée alors ; Mais aujourd’hui … si elle me posait la même question je ne pourrais lui répondre. Après 8 ans de souffrance scolaire, l’accalmie, le plaisir de la voir épanouie,… le soulagement n’aurait finalement duré que quelques mois ?! Le temps d’un trimestre ! C’est peu, ridiculement peu, compte tenue de la souffrance ressentie par le passé.
La France, ce pays de “liberté” -comme on me l’a appris à l’Ecole- ne fait plus rêver. Où est notre liberté quand nous, parents, sommes de plus en plus dépossédés de ce qui nous est le plus précieux : nos enfants ? Où est notre liberté quand nous sommes associés par des amalgames et des raccourcis à ceux qui utilisent le système pour le détourner et le détruire à terme ? Où est notre liberté quand une élite sans aucun contact avec le terrain prend des décisions à notre place et nous les impose ? Qui aujourd’hui est le véritable acteur du séparatisme entre notre gouvernement et leurs « écoles clandestines » ? La désinformation actuelle sur la réalité de ce qu’est l’IEF (Instruction En Famille) est à proprement parler scandaleuse.
Liberté, Egalité, Fraternité… Notre Liberté est aujourd’hui en voie d’être spoliée, l’Egalité n’est plus qu’un concept qui fait joli sur papier, et la Fraternité est effacée du fait des amalgames.
Alors que cela fait des années que l’Ecole, via ses enseignants, crie sa souffrance et ses limites, le dinosaure qui l’a engendré refuse l’évolution et nous enferme un peu plus dans cette école d’après guerre qui ne correspond plus au monde d’aujourd’hui. Ce faisant, il tue un peu plus ce qui représente l’avenir de notre société. Car que serait le monde sans les libres-penseurs, les rêveurs et les inventeurs ? Que deviendrait la beauté sans les artistes, les créatifs, les idéalistes ? Que serait la Vie sans un perpétuel renouvellement ? Au-delà d’un choix et d’une liberté fondamentale, c’est l’avenir même de notre Humanité qui est en jeu maintenant. A chaque bouleversement historique majeur, l’Humanité s’est réinventée pour s’adapter. Entraver ce processus, c’est entraver la Vie elle-même et nous condamner à disparaître. La Terre ne cesse de nous montrer que les défis qui nous attendent ont besoin de fraîcheur, de responsabilité, et de renouveau.
Le génie et la folie qui ont transformé l’Histoire au fil des siècles ne se trouvent pas dans l’Ecole de la République mais bien dans l’Ecole de la Vie, celle que défend aujourd’hui tous les parents à travers leur choix d’instruction.
Laissez-nous notre Liberté, ne touchez pas à l’IEF ! Signons la pétition !
Marie-Pierre Touchard, pour Pass Education