Alexander Neill est né le 17 octobre 1883, à Forfar en Écosse, dans une famille de treize enfants. Ses parents, tous deux instituteurs, lui inculquent une éducation stricte et très religieuse. N’ayant pas le goût aux études, il s’essaie à de nombreux petits métiers avant de commencer, à son tour, une formation d’instituteur dont il finira un des derniers de sa promotion. En 1915 , la première guerre mondiale éclate, il trouve un poste d’enseignant dans une petite école en Ecosse, dont il en sera le directeur par la suite. Il en fera le récit dans Journal d’un instituteur de campagne. Après guerre, il devient enseignant à Londres et fait la connaissance d’Homer Lane, un psychotherapeute, fondateur du “Little Commonwealth”, une institution pour jeunes délinquants basée sur le principe d’auto responsabilité. L’objectif de Lane est de créer une communauté revendiquant l’estime de soi, l’autonomie et l’esprit d’initiative. Neill lui reconnaît une grande influence sur lui. Dès 1920, il s’implique dans la “Ligue internationale pour l’éducation nouvelle”, c’est un rassemblement de militants de l’éducation dont les cofondateurs sont, entre autres , Ovide Decroly, Maria Montessori, Beatrice Ensor, Adolphe Ferrière et Elisabeth Rotten. Entre provocations et controverses, Alexander Neill sera vite mis à l’écart de ce mouvement. En 1924 , Neill fonde sa propre école “Summerhill”, dont les principes reposent essentiellement sur la liberté des élèves et l’auto responsabilité. Au début, son école accueille des enfants dits “difficiles”, des environs. Elle n’a pas très bonne réputation, l’école est mixte ce qui n’est pas très bien vu à l’époque. Les cours ne sont pas obligatoires, les enfants peuvent passer leur journée à jouer ou à faire seulement des activités manuelles, s’ils le désirent. Des ateliers de mécanique, de ferronnerie et de menuiserie sont dispensés et les outils sont à la disposition des élèves. La danse et le théâtre sont réservés pour les soirées. Les journalistes baptisèrent d’ailleurs Summerhill comme l’école « à-la-faites-ce-qu’il-vous-plaira ».
Etre libre avec la pédagogie Neill
Après la parution de son best seller “Libres Enfants de Summerhill”, son école connaît une fréquentation accrue. Des enfants de tout horizon arrivent dans l’école. Il décède en 1973 à l’âge de 90 ans. Il aura passé presque la totalité de sa vie dans une école, lui qui, au départ la détestait tant. Aujourd’hui l’école de Summerhill est toujours ouverte. Dans un premier temps, c’est d’abord sa femme Ena, qui va continuer à diriger l’école puis par la suite, ce sera sa fille Zoé, dont il dira d’elle à sa naissance que c’est “la plus libre du monde”. L’école accueille à ce jour, une communauté d’environ 75 enfants âgés de 5 à 16 ans.
Les bases sur lesquelles reposent la pédagogie Neill :
La liberté, le jeu libre, l’auto discipline et l’auto gestion
LA LIBERTÉ (le fondement principal chez Neill) :
La base de la pédagogie Neill est essentiellement basée sur la liberté. Il part du principe que « Chacun est libre de faire ce qu’il veut aussi longtemps qu’il n’empiète pas sur la liberté des autres ». On doit donc laisser l’enfant grandir en toute liberté sans aucune forme de punition ni d’autoritarisme. Cela va lui permettre de prendre de l’assurance mais cela va aussi l’aider à acquérir un sentiment d’importance et d’appartenance.
En pratique : ne pas organiser la journée et laisser le choix à l’enfant de l’organiser lui même, aller se balader dans les bois et le laisser grimper aux arbres, le laisser construire une cabane, etc
L’IMPORTANCE DU JEU
Neill a toujours voulu démontrer que le travail intellectuel était contre nature . Le jeu a donc une immense place dans sa pédagogie. En effet , l’enfant qui joue ne fait pas que “jouer”. Les bienfaits du jeu sont multiples et essentiels à son développement physique, intellectuel et social. Les jeux éducatifs vont par exemple l’aider au niveau des apprentissages. Les jeux sociaux quant à eux offrent des opportunités à communiquer, à coopérer avec les autres. Pour finir, les jeux cognitifs vont l’encourager à apprendre, imaginer et créer. En pratique : jeux libres, proposer à l’enfant de créer une pièce de théâtre, inventer des histoires d’aventures, lui proposer des jeux extérieurs avec par exemple un carton et un peu de peinture.
AUTONOMIE et AUTOGESTION
A Summerhill, l’autogestion et l’auto discipline sont les maîtres mots. Chaque vendredi soir, c’est le moment réservé à l’assemblée hebdomadaire. Pendant cette réunion, animée par un élève élu par les autres, les enfants règlent leurs problèmes, débattent, définissent leurs lois. C’est avec ces deux points fondamentaux, que l’autonomie va être développer chez l’enfant. Celle-ci va lui permettre de développer le sentiment d’avoir du pouvoir sur sa vie mais aussi un sentiment d’efficacité personnelle qui va donc favoriser sa motivation, sa persévérance et sa confiance en lui-même.
En pratique : laisser élaborer l’enfant les menus pour la semaine, le laisser cuisiner certains plats, lui permettre d’établir quelques règles de la maison, déterminer un jour de la semaine pour faire une assemblée de famille pour débattre sur les petits problèmes qui peuvent être rencontrés, le laisser effectuer certaines tâches ménagères, etc
En conclusion et par expérience, je dirais que la méthode Neill prône vraiment la Liberté . Il faut savoir se faire confiance et surtout accorder une grande confiance à l’enfant. Comme Neill, je crois à la bonté de l’être humain ; je pense que la brutalité et la complexité de la société des adultes leur sont néfastes, on obtient rien par la punition ni même avec autoritarisme. Laissez les vivre , laissez les jouer , laissez les profiter de leur vie d’enfant en toute liberté. Encore une fois , faîtes leur confiance et lâchez prise…
Manue, fondatrice de Boh’aime Family, pour Pass éducation