Aider son enfant dysorthographique au quotidien
La maîtrise de l’orthographe française est bien plus ardue que l’assimilation des bases de la lecture, même pour un enfant neurotypique. Alors, lorsque des troubles de l’apprentissage s’en mêlent, cela peut vite devenir le parcours du combattant. C’est peut-être le cas pour vous et votre enfant. Suite à un bilan, il a été diagnostiqué dysorthographique et vous souhaitez l’accompagner, mais la tâche se révèle complexe. En effet, à l’écrit, le français est truffé de règles que votre enfant peine à retenir et à appliquer. S’il commence à se décourager et à perdre confiance en lui, lisez nos 7 conseils à appliquer au quotidien pour redonner le goût des mots à votre enfant dysorthographique.
1/ Comprendre le trouble de dysorthographie
Pour bien accompagner, il faut comprendre le trouble et les difficultés qu’il engendre. Dans la majorité des cas, un enfant « mauvais en orthographe » souffre aussi de dyslexie. En effet, la lecture et l’orthographe partagent les mêmes mécanismes cognitifs. Tout part de la conscience phonologique, qui consiste à comprendre que les mots sont constitués de sons, combinés en syllabes puis en mots. Ces sons (phonèmes) correspondent à des lettres ou des groupes de lettres (graphèmes). Lire, c’est donc décoder les lettres en sons, et écrire, c’est encoder les sons en lettres. Par ailleurs, ce sont ces deux actions qui permettent de constituer le stock orthographique. Il n’est donc pas étonnant qu’un enfant en difficulté de lecture se retrouve en butte aux mêmes problèmes en orthographe.
Par ailleurs, le français est une langue « opaque ». Cela signifie que notre idiome n’est pas une simple transposition écrite des sons en mots, comme en italien. Il existe en français 36 sons pour 26 lettres, ce qui implique des combinaisons de lettres pour tous les traduire à l’écrit (ex. : -an, -on, -in) tandis que des sons identiques peuvent s’écrire de plusieurs façons. On compte ainsi 6 manières distinctes pour orthographier le son /s/ ! L’orthographe implique un rappel exact de toutes les lettres, dans le bon ordre, et complété par les flexions nécessaires (ex. : accords, conjugaison). Il faut donc avoir bien conscience, en tant que parents, que bien écrire prend beaucoup plus de temps que de bien lire. Et dans le cas d’un enfant dysorthographique, cela nécessitera un effort accru.
👉 Le diagnostic de la dyslexie est posé pour votre enfant ? Consultez notre article : Comment aider son enfant dyslexique dans ses apprentissages ?
2/ Renforcer la conscience phonologique
Pour aider votre enfant au quotidien, continuez à exercer avec lui sa conscience phonologique, éveillée en maternelle. En effet, les troubles de cette compétence du langage oral sont des prédicteurs fiables des difficultés d’acquisition de la lecture et de l’orthographe. Vous pouvez donc proposer des jeux de manipulation des syllabes, des rimes puis des phonèmes. On peut rendre la chose plus ludique en utilisant des jetons : un jeton = une syllabe. Voici quelques pistes de travail :
- Demandez-lui de compter les syllabes, de les inverser. Ôtez une syllabe et demandez à votre enfant ce qu’il reste, ou remplacez une syllabe par une autre.
- Faites classer des images selon leurs rimes ou demandez à votre enfant d’identifier l’intrus (celui qui ne finit pas pareil).
- Enfin, travaillez les phonèmes en commençant par les sons voyelles. Exercez-vous sur le son d’attaque, le son final, la suppression d’un son ou la fusion de deux phonèmes (pour former des syllabes).
3/ Adopter une méthode efficace pour apprendre de nouveaux mots
Tous les enfants peuvent tirer profit d’un enseignement explicite de l’orthographe des mots difficiles. L’enfant dysorthographique, à plus forte raison, ne peut pas apprendre seul l’écriture correcte des mots. Il faut donc l’accompagner, avec la bonne méthode. Monique Touzin, dans son ouvrage 100 idées pour venir en aide aux élèves dysorthographiques, propose le protocole suivant :
- Prendre connaissance du mot : le lire à l’enfant, lui faire répéter, s’assurer qu’il en comprend le sens.
- Observer le mot : relever le nombre de lettres, les combinaisons particulières, les doubles lettres.
- Épeler le mot : l’enfant le décompose en lettres.
- Visualiser le mot dans sa tête sans modèle sous les yeux et le manipuler : demander quelle est la dernière lettre, épeler à l’envers, etc.
- Transcrire le mot : l’enfant écrit sans modèle. S’il y a des erreurs, on les corrige et on réécrit jusqu’à ce que la forme soit exacte.
Il faut vérifier que le sens est toujours maîtrisé et qu’il peut employer le terme appris en contexte : dictée, phrase à trou ou rédaction de phrase. À ce moment-là, l’enfant est capable de relier la prononciation du mot (phonologie), sa signification (sémantique) et son image (orthographe.)
4/ Réviser régulièrement les mots appris
Un enfant dysorthographique est capable d’apprendre aussi bien que d’autres une liste de mots enseignés de manière explicite. Ce qui pose problème, c’est la mémoire à long terme. C’est pour cela qu’il faudra des révisions régulières pour fixer l’orthographe. À la maison, vous pouvez vous servir d’un répertoire ou d’une boîte à mots. Tous ceux qui sont appris y sont consignés. Il suffit alors de reprendre quotidiennement ces mots pour activer le rappel des connaissances, en épelant ou en écrivant.
5/ Améliorer le traitement visuel de l’enfant dysorthographique
Si l’orthographe est l’image du mot, c’est que le traitement visuel joue un rôle dans sa mémorisation. Comment permettre à votre enfant de mieux analyser ce qu’il voit ?
- faire des jeux d’observation comme les 7 erreurs ou Où est Charlie ? ;
- tracer et surligner des lignes ;
- chercher des mots dans une grille (type mots mêlés) ;
- les reconnaître dans une liste de termes proches ;
- traiter des mots de plus en plus longs (épeler, lire, repérer les doubles lettres, etc.)
- travailler la mémoire à court terme en demandant de transcrire des mots immédiatement, sans modèle.
6/ S’appuyer sur la morphologie des mots
Ces petits exercices permettent à l’enfant dysorthographique de supprimer certaines difficultés en transformant les mots :
- mettre des termes au féminin ;
- trouver des mots de la même famille ;
- identifier la racine ;
- construire les contraires.
Toutes ces manipulations visent à faire comprendre que l’orthographe d’un mot engendre celle des mots de sa famille, et permet d’expliquer les lettres muettes. C’est pourquoi il faut travailler de manière régulière l’acquisition du stock orthographique.
7/ Apprendre à se relire pour un enfant dys
Lorsqu’on produit un texte, la relecture permet de repérer les éventuelles erreurs d’orthographe et de les corriger. Néanmoins, c’est un exercice difficile qui peut même être contre-productif pour un enfant dysorthographique. Il peut se relire sans repérer le moindre problème ! C’est pourquoi il faut lui proposer, en fonction de son trouble, des outils et des protocoles pour l’aider :
- corriger uniquement les mots appris ;
- se concentrer sur un seul aspect orthographique (ex. : règles d’accord) ;
- utiliser un dictionnaire phonologique type Eurêka.
Vous pouvez aussi repérer les erreurs, en les surlignant par exemple, et demander à votre enfant de les corriger. Relire coûte de l’attention et de l’énergie, mais elle permet de conserver une certaine maîtrise de son travail et par conséquent, le goût de la chose scolaire.
Les troubles dys nécessitent une longue rééducation qui permet à l’individu de développer des stratégies pour pallier ses difficultés. Même s’il ne guérit pas à proprement parler, un entraînement quotidien et adapté permettra à votre enfant dysorthographique de poursuivre, accompagné de l’équipe pédagogique, une scolarité satisfaisante.
👉 Vous voulez aller plus loin ? Lisez notre article : Petites astuces pour aider son enfant dyslexique dysorthographique au quotidien.