Échec Scolaire : l’IEF (Instruction En Famille) est-elle une Solution ? | Expérience IEF

De plus en plus d’élèves se désintéressent des matières étudiées à l’école et, pour ne rien arranger, ils sont pointés du doigt au lieu d’être accompagnés au mieux pour éliminer les sources du problème. Alors, peut-on envisager qu’une Instruction en Famille puisse arranger les choses et donner une seconde chance aux élèves en difficultés scolaires ? Voyons ensemble le point de vue d’un élève de seconde, âgé de 15 ans, sur la question.

 

Vois-tu le décrochage scolaire comme une fatalité ?

« Au contraire. Je pense qu’un élève ne se définit pas seul en état d’échec scolaire. Les personnes qui l’entourent, ses proches et les enseignants sont plutôt dans cette position. En revanche, les nombreuses célébrités qui ne sont pas, ou peu, allées à l’école prouvent que ce n’est pas parce qu’on est pas bon en maths, ou en français, qu’on a forcément raté sa vie.

Il y a toujours quelque chose qui nous intéresse et pour lequel on est doué. Alors, mieux vaut se concentrer sur cette matière et donner le meilleur de soi dans les thématiques qui nous font avancer. C’est toujours mieux que de faire le minimum dans toutes les matières et ne rien en obtenir. Et ça, c’est exactement ce que suggère la règle du 80-20 : se focaliser sur l’essentiel et tout donner pour récolter les fruits de nos efforts dans cette même thématique.

L’échec scolaire n’est ni une fatalité, ni une fin en soi, et c’est pour cela que j’ai choisi de m’orienter vers des études qui lancent directement dans le monde du travail. J’ai préféré le bac pro pour réduire les cours du tronc commun qui ne me passionnent pas et faire plus de pratique que de théorie. Les cours sont intéressants car, dans la thématique que j’ai choisie. Alors, si des matières ne vous plaisent pas ou vous paraissent ennuyantes, vous pouvez toujours trouver une petite étincelle qui vous donne envie d’en apprendre plus. »

 

Qu’est-ce qui ne te plaît pas dans l’École Classique ?

« D’abord, je trouve les déplacements répétitifs, pour se rendre à l’établissement scolaire, fatigants. Mais, ce qui me gêne surtout c’est que j’ai l’impression de ne rien apprendre de nouveau. La plupart des cours sont un recommencement incessant de mêmes théories, à tel point que ça en devient ennuyant. Ils ne sont pas abordés de manière originale pour donner envie à l’élève d’apprendre, sauf, pour une minorité de professeurs qui aiment leur métier et transmettent leur positivité, même si on ne comprend pas forcément tout le cours.

Je pense que la plupart des sujets traités à l’école ne nous serviront pas dans la vie active, ou alors très peu, et blâmer l’élève en difficultés scolaires au lieu de l’accompagner avec bienveillance n’est pas la bonne manière de procéder. Très peu d’écoles aujourd’hui mettent un point d’honneur à privilégier l’accompagnement et l’entraide au détriment des bonnes notes. À l’inverse, les élèves alors habitués à ce procédé, favorisent l’apprentissage ponctuel, dans le seul but d’avoir une bonne note à l’examen, et en oublient l’acquisition des compétences. C’est exactement ce qui me déprime à l’école classique et c’est certainement aussi le problème relevé par d’autres élèves étiquetés en échec scolaire. »

 

Est-ce que tu connais le concept de l’IEF (Instruction En Famille) ?

« Alors non, je n’avais jamais entendu parler du concept de l’Instruction en famille. Je connaissais les études par correspondance et encadrées, mais je ne pouvais pas caractériser le terme d’IEF, ni savoir ce qu’il englobe.

Si j’ai bien compris, les cours sont donnés par des personnes qui nous sont proches donc, qui connaissent en principe ce qui nous plaît ou non. Les sujets sont abordés d’une manière différente pour suivre le rythme de l’enfant et l’intéresser. Ce n’est donc pas une tâche aussi facile qu’elle en a l’air puisqu’elle englobe beaucoup de responsabilités et une charge émotionnelle conséquente. L’IEF semble donc correspondre à plusieurs profils et peut réellement symboliser un nouveau départ dans les études. »

 

Penses-tu que c’est une solution pour les élèves qui, comme toi, ne sont pas à l’aise à l’école ?

« Je pense que la réponse à cette question est très mitigée et mérite une étude au cas par cas pour définir si, oui ou non, l’IEF représente une valeur ajoutée pour un profil ciblé. Dans le cas des élèves qui ne se sentent pas à leur place à l’école classique et qui ont du mal à suivre la cadence, une instruction en famille est à penser, oui, pourquoi pas. En partant du principe que cet élève n’a aucune attache à l’école et a l’impression de perdre son temps en allant en cours, plutôt que l’inverse, il peut réfléchir à la possibilité de basculer sur une Instruction en Famille.

Attention cependant, si la maison n’est pas un environnement de travail favorable pour lui, et qu’en plus, ses parents n’ont aucune pédagogie et pas les moyens concrets de l’instruire, c’est encore une fois une perte de temps et un pari très risqué. Il est dans ce cas plus avantageux de chercher d’abord le problème à l’école et de parvenir à changer la méthode des cours, par exemple, en discutant avec le corps enseignant et en s’investissant plus que ça. Parce que, c’est bien beau de tout mettre sur le dos des enseignants, mais souvent les élèves lâchent prise et ne sont pas réguliers dans leurs efforts.

Être seul est aussi un blocage pour beaucoup d’élèves à cause des préjugés associés automatiquement à l’IEF. La motivation de nombreux enfants reste la socialisation qu’offre l’école classique même si elle ne permet pas toujours un environnement favorable à l’instruction.

En résumé, il faut peser le pour et le contre dans ce cas en prenant en compte toutes les variables citées. Sans une source de motivation en IEF et des objectifs ciblés à atteindre, l’élève, déjà en échec scolaire, va encore une fois tout laisser tomber.
Après avoir tout tenté pour rectifier le tir à l’école, l’IEF est une solution courageuse pour reprendre goût à l’instruction, auprès de personnes qui nous connaissent et respectent notre rythme de travail et notre point de vue. »

 

Si tu avais eu l’occasion de te lancer dans l’Instruction en famille, aurait-elle pu Changer ta Vision de l’École ?

« Dans mon cas, je ne pense pas que l’Instruction en Famille aurait pu m’apporter quelque chose de plus, puisque chez moi, personne aujourd’hui n’est apte à me donner de vrais cours. Et, comme je l’ai cité, partir tête baissée et sans pédagogie dans l’IEF c’est comme jouer sa scolarité au loto. Il y a plus de chance que la chute fasse très mal, alors, mieux vaut plutôt chercher la source du problème actuel et trouver une solution sur la durée.

Le soucis avec l’école c’est qu’on avance au rythme des autres et tout le monde n’a pas les mêmes facilités. Pour moi, ça va beaucoup trop vite dans les matières que je n’ai pas acquises et, pour quelque chose qui est validé, on va s’attarder des heures dessus. Mais d’un autre côté, je me suis habitué à l’école classique alors je n’arrive pas réellement à imaginer mon instruction autrement.

Dans l’état actuel de mon foyer, je pense qu’il m’est impossible d’envisager une IEF et, bien qu’elle donne accès à un suivi personnalisé, elle n’est pas possible pour tout le monde. En plus, la maison représente pour moi un espace de distractions où j’ai beaucoup de mal à me concentrer et, sans source de motivation, je n’arriverai pas à suivre le rythme et l’organisation qu’une instruction en famille demande.

Envisager de faire son instruction à la maison c’est partir en étant certain de pouvoir respecter les conditions auxquelles une IEF engage. C’est une perspective intéressante pour de nombreux profils d’élèves en difficultés scolaires mais, seulement si le problème peut être défini et réglé par une instruction en famille ; et ce n’est malheureusement pas mon cas. »

Plusieurs familles sont obligées d’envisager une IEF soit, parce que l’enfant souffre d’un handicap, pour lequel l’école classique ne saura pas apporter une méthode adéquate, ou alors, car il n’est pas à l’aise avec cet environnement, mais dans la plupart des cas nous avons le choix de la meilleure instruction pour nous. Après avoir détecté les causes du mal-être de l’enfant (rythme inadapté, manque d’intérêt pour les matières abordées, oppressions à l’école…), si vous pouvez changer les choses avec une IEF, alors, le jeu en vaut la chandelle. Pourtant, une personne motivée et motivante est un aspect primordial pour la réussite d’une Instruction en Famille quand on est en échec scolaire. Selon le profil de chaque élève et les causes qui expliquent son échec scolaire, l’instruction en famille peut se montrer très utile pour remonter la pente et porter un regard différent sur la scolarité. Pour autant, elle n’est pas une méthode à la mode faite pour tout le monde.

 

Je remercie infiniment ce jeune homme d’avoir accepté de nous livrer son expérience de vie et ses conseils. Si vous aussi, vous souhaitez témoigner, rejoignez IEF Pass éducation sur Facebook, Instagram ou Twitter et contactez-nous ! Notre équipe de rédaction sera heureuse de discuter avec vous à propos de votre parcours IEF !

 

 

Dounia Benjelloun, pour Pass éducation