Cyberharcèlement des enfants : comment s’en rendre compte et réagir ?

Comment lutter contre le cyberharcèlement des enfants ?

Votre enfant, d’ordinaire si enjoué, vous semble éteint, distrait, négatif ou néglige ses devoirs. Tous ces signes vous alertent, d’autant plus qu’il semble se renfermer sur lui-même, le poing crispé sur son smartphone que vous avez de plus en plus de mal à lui faire lâcher. Ses réponses évasives ou son air paniqué face à vos interrogations concernant l’école ou le collège vous font réagir. Et s’il s’agissait de harcèlement scolaire qui s’étend également sur Internet ? 5 points pour savoir comment identifier et désamorcer le cyberharcèlement des enfants.

1/ Savoir ce qu’est le cyberharcèlement des enfants

Le cyberharcèlement est souvent une autre facette du harcèlement vécu en direct, dans ou aux abords des établissements. C’est « un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule ». Quels sont ces canaux de communication ? En voici une liste :

  • SMS ;
  • e-mails ;
  • forums ;
  • jeux en ligne ;
  • réseaux sociaux ;
  • site de partage de photos.

C’est dans cet espace numérique que les agresseurs agissent : menaces, insultes ou moqueries peuvent côtoyer la propagation de rumeurs ou la création d’une discussion qui a pour objet le dénigrement de l’enfant. À cela s’ajoutent le piratage et l’usurpation d’identité ou la diffusion de photos gênantes ou compromettantes (sextings).

Le cyberharcèlement des enfants, de par son aspect numérique, prend très vite une tout autre ampleur que le harcèlement scolaire physique. En effet, l’instantanéité et l’élargissement de l’audience facilitent la diffusion des contenus violents. De plus, l’agresseur peut se cacher derrière un pseudonyme : la victime aura beaucoup plus de mal à l’identifier. Enfin, cette pratique invasive dépasse les limites de l’établissement. L’enfant harcelé n’a plus de répit, son calvaire se prolonge chez lui.

2/ Former ses enfants à un usage éclairé des réseaux sociaux et des données personnelles

Le 4 novembre 2021 avait lieu la journée internationale contre la violence et le harcèlement à l’école, y compris le cyberharcèlement. À cette occasion, une étude réalisée par l’Ifop révélait que 82 % des parents se sentaient préoccupés par l’exposition de leur progéniture à internet et ses dangers. Elle mettait également en évidence le sentiment d’impuissance de ces mêmes parents face au phénomène. En effet, les adultes supposent, à tort, que leurs enfants maîtrisent mieux qu’eux le cyber espace. Ce qui est peut-être vrai pour l’usage des objets connectés ne l’est pas pour sa gestion : Internet est une arène sociale dans laquelle il faut pouvoir se protéger, tout comme dans le monde réel. Et c’est notre rôle, à nous parents, d’informer nos enfants et de leur donner les clés d’une navigation sûre.

L’association e-enfance et le ministère de l’Éducation nationale rappellent les points essentiels à aborder :

  • Informez-le sur le droit à l’image, le sien et celui d’autrui.
  • Montrez-lui comment sécuriser ses profils et contrôler les personnes qui viennent dans ses espaces virtuels (paramètres de confidentialité, sécurité du mot de passe tenu secret, données personnelles).
  • Apprenez à votre enfant à réfléchir avant de publier, de liker ou de commenter.
  • Expliquez-lui le phénomène de cyberharcèlement pour qu’il ne banalise pas cette violence.
  • Sensibilisez-le au phénomène de discrimination.
  • Transmettez-lui les bons réflexes : il ne peut pas rester seul face à un phénomène de ce type et doit en informer un adulte.

Vous lui inculquez, en somme, des règles de savoir-vivre numérique. De votre côté, n’hésitez pas à explorer les outils de contrôle parental qui se développent sur de nombreuses plateformes comme YouTube ou Tik-tok. Gardez cependant à l’esprit que ce moyen ne vous satisfera jamais entièrement et que la meilleure solution reste l’accompagnement par l’exemplarité et l’apprentissage de l’autonomie sur internet.

3/ Déceler les signes de harcèlement, y compris numérique

Le cyberharcèlement des enfants se manifeste souvent par des signes qui ne trompent pas :

  • anxiété ;
  • peur ;
  • plaintes récurrentes ;
  • troubles du sommeil ;
  • retards voire absences à l’école ; 
  • oubli de son matériel ;
  • résultats scolaires en baisse.

Si votre enfant se replie sur lui-même, devient agressif ou se mure dans le silence, il faut agir. Tout d’abord, rassurez-le sur votre capacité à l’écouter et à accueillir ses problèmes. Il ne doit pas se sentir seul. S’il n’arrive pas à parler mais que vous suspectez qu’il est victime de cyberharcèlement, éloignez-le d’Internet, explicitement ou par des stratégies. Vous pouvez ainsi lui proposer une activité ou une sortie, vous rendre disponible pour parler dans un autre cadre que la maison, ou encore faire un défi zéro écran. Votre enfant ne veut pas se confier à vous ? Il existe en France un numéro vert pour les jeunes victimes de violence numérique, le 3018.

4/ Réagir pour désamorcer un cas de cyberharcèlement identifié

La réaction au cyberharcèlement des enfants doit toujours être la même : en parler et accompagner.

Votre fille ou votre fils subit du harcèlement numérique ? Voici quelques recommandations :

  • Gardez des preuves des agressions sous forme de captures d’écrans ou d’enregistrement.
  • Supprimez les contenus litigieux et informez les modérateurs.
  • Déconnectez tous ses comptes.
  • Vous avez le droit de porter plainte et de vous constituer partie civile. Vous trouverez au numéro national gratuit Net Écoute 0800 200 000 des interlocuteurs qui pourront vous aider dans toutes ces démarches.

Votre enfant a repéré une situation de cyberharcèlement ? Il ne doit surtout pas répondre, liker ou commenter. Il doit le signaler et si possible, soutenir la victime.

5/ Informer l’établissement de son enfant 

À ce stade, il faut prévenir la direction de l’école, du collège ou du lycée de votre enfant, si ce n’est pas déjà fait. En effet, ce phénomène, qui doit être réglé de manière officielle, s’apparente à un délit :

  • Une injure ou une diffamation publique est susceptible d’être punie d’une amende de 12 000 € (art. 32 de la Loi du 29 juillet 1881).
  • Pour le droit à l’image, voici la peine maximum encourue : un an de prison et 45 000 € d’amende (art. 226-1, 226-2 du Code pénal).
  • L’usurpation de l’identité d’une personne peut être passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende (art. 226-4-1 du Code pénal).
  • Quelqu’un qui diffuse du contenu à caractère pornographique d’un mineur encourt 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.

S’il s’avère que votre enfant est l’agresseur, la procédure reste la même : signaler et accompagner. La toile est encore souvent vécue par les jeunes comme une zone de non-droit. Il faut briser cette illusion morbide que tout serait possible sur internet et que le cyberharcèlement des enfants, ce n’est pas si grave.

Votre enfant est en primaire ? Voici une ressource sur les Dangers d’internet – Cm1 – Cm2 – 1 image 1 débat – Les p’tits citoyens

 



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