Besoin particulier de l’élève : en parler aux parents

Comment aborder les difficultés rencontrées par un élève avec ses parents ?

En moins d’une journée, vous avez appris le prénom de tous vos élèves par cœur. Vous avez repéré l’élément moteur, le timide, celui qui n’avait pas trop confiance en lui ou celle qui voulait aider les autres tout le temps. Et puis, il y a ces élèves qui présentent des difficultés ou des signes particuliers et dont vous pressentez qu’ils auront besoin d’un accompagnement spécifique. Identifier le besoin particulier de l’élève et imaginer des aménagements éducatifs, c’est un premier pas. Reste à prendre rendez-vous pour en parler. Cette étape délicate peut vous stresser autant que la famille et il convient de la préparer avec soin. Voici nos conseils pratiques pour aborder sereinement les difficultés d’un élève avec ses parents.

Examiner le cas de l’élève à besoin particulier en équipe

Noter avec précision les observations faites en classe

Avant de prendre rendez-vous avec la famille, il convient de noter les faits qui viennent corroborer vos inquiétudes. On ne rencontre pas les parents en vertu d’une simple intuition. Il faut collecter les événements ou résultats qui appuient vos doutes, aussi précisément que possible, avec les dates exactes.

Discuter avec les professeurs des années passées et consulter le dossier de l’élève

Il est aussi nécessaire de parler avec les enseignants des classes précédentes, pour constater une rupture ou une continuité avec la situation actuelle. De même, si votre direction a créé des dossiers, n’hésitez pas à aller consulter les comptes rendus d’éventuelles équipes éducatives, les aménagements mis en place antérieurement, les propositions qui n’ont pas encore abouti. Là encore, parler en connaissance de cause avec la famille permet de gagner du temps et de susciter leur confiance. Vous inscrivez l’enfant dans son parcours. Par ailleurs, si un processus est enclenché (recherche d’orthophoniste, par exemple), vous pouvez le relancer.

Consulter les professionnels qui suivent l’enfant

Les difficultés de votre élève sont déjà prises en charge et vous souhaitez faire le point avec les parents ? Prenez contact avec les différents intervenants et n’hésitez pas à demander leurs coordonnées si vous ne les avez pas encore. Cela vous permettra de brosser un tableau plus large que ce que vous voyez en classe. N’oubliez pas, si votre élève bénéficie d’une aide humaine, de vous entretenir avec l’AESH (Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap) qui suit de près l’évolution de l’enfant.

Demander une analyse par l’équipe du RASED

Si vous en ressentez le besoin, demandez à l’équipe du Réseau d’Aide Spécialisé aux Élèves en Difficulté (RASED) de venir observer l’élève qui vous inquiète. C’est l’occasion d’enrichir sa perception de la situation par un regard extérieur. En effet, l’enseignant spécialisé relèvera peut-être des détails que vous n’aviez pas notés.

Bon à savoir : 

Le RASED recouvre trois types d’aide :

  • les aides spécialisées à dominante rééducative (maître G) ;
  • les aides spécialisées à dominante pédagogique (maître E) ;
  • le suivi psychologique (psychologue scolaire).

Cerner le besoin particulier de l’élève avec précision

Les difficultés peuvent être d’ordre varié, et il convient de les délimiter avec le plus d’acuité possible pour convaincre les parents de la pertinence de votre intervention.

Il peut s’agir de :

  • troubles des apprentissages (dyslexie, dysorthographie, dyspraxie, dyscalculie) ;
  • troubles moteurs ;
  • troubles du langage ;
  • trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) ;
  • troubles du spectre autistique ;
  • troubles psychologiques (dépression, troubles du comportement tels que la provocation, les crises d’anxiété ou les conduites à risque) ;
  • suspicion de haut potentiel ;
  • suspicion de déficience cognitive ou de handicap.

Attention, les enseignants ne sont pas formés pour poser un diagnostic. C’est pourquoi il convient d’être factuel dans la présentation des difficultés qui surviennent en classe et de parler sous forme d’hypothèses. Votre rôle sera d’alerter et de faire une proposition de bilan pour confirmer ou infirmer la réalité des troubles. Quels spécialistes pour quelles problématiques ? Voici une liste présentant les partenaires spécialisés pour la prise en charge d’un élève à besoin particulier :

  • tous les dys et troubles du langage : orthophoniste ;
  • les difficultés motrices : psychomotricien ou un ergothérapeute ;
  • les problèmes d’attention : médecin traitant puis un spécialiste (ex : neuropsychologue) ;
  • comportement : psychologue ou maître G ;
  • les différences cognitives : à évaluer par le psychologue.

Bon à savoir : avant de passer la main à un tiers, assurez-vous d’avoir mis en place des aménagements en classe qui permettent d’écarter l’hypothèse d’un simple retard ou d’une difficulté d’adaptation. Si, malgré la différenciation, la situation stagne, il faut augmenter le niveau d’intervention. Vous trouverez des ressources en faveur de l’école inclusive pour vous aider, sur le site éduscol.

Rencontrer les parents

Après avoir identifié le besoin particulier de l’élève, il s’agit d’informer les parents. Dans ce cas, faites tout d’abord passer des messages réguliers via le cahier de liaison ou le bilan de comportement hebdomadaire pour renseigner la famille en temps réel.

Ensuite, prenez rendez-vous à l’école ou à distance, si ce n’est pas possible autrement. Ne faites pas l’impasse sur la préparation de ce rendez-vous parents-professeur. Pensez à prendre en compte la situation personnelle des parents : sont-ils séparés ? Ont-ils des horaires de travail contraignants ? Sont-ils allophones ? N’hésitez pas à inviter une tierce personne au rendez-vous pour épauler les parents (ex : quelqu’un qui peut traduire) ou pour vous accompagner. La présence d’un membre de l’équipe pédagogique, comme un enseignant spécialisé, vous permettra d’être plus détendu face à un cas difficile ou des parents réputés compliqués. Si ce rendez-vous ne satisfait pas vos attentes et que le problème persiste, vous pouvez solliciter une équipe éducative qui réunit obligatoirement parents, enseignant et direction avec, si possible, les intervenants qui aident déjà l’enfant.

Adopter une attitude constructive durant le rendez-vous

Votre objectif est d’aider votre élève et de trouver une solution pour améliorer sa qualité de vie en classe. N’oubliez pas néanmoins que vous allez vous adresser à ceux qui sont affectivement les plus proches de l’enfant et chargés de son éducation. La règle fondamentale ? Montrer une grande empathie. Il n’est jamais facile pour une mère ou un père d’entendre que son enfant est en difficulté, même s’il est déjà suivi ou qu’on le leur a signalé les années précédentes. Accepter le besoin particulier de l’élève, c’est un long chemin sur lequel vous allez les accompagner. Ainsi, prenez le temps d’écouter les parents parler de leur enfant. Incluez leurs mots dans votre discours pour leur montrer que vous tenez compte, dans une certaine mesure, de ce qu’ils ressentent. Présentez aux parents les observations que vous avez relevées, les aménagements de scolarisation que vous avez déjà faits et énoncez une proposition :

  • différenciation de l’enseignement en classe ;
  • demande de bilan au sein de l’école ou à l’extérieur.

Notez bien ce que les parents acceptent et ce pour quoi ils sont réticents. Proposez-leur de faire le point dans quelques semaines pour constater les évolutions et ajuster les actions.

Bon à savoir : n’oubliez pas d’explorer les hypothèses de déficiences physiques telles qu’une mauvaise vue ou une ouïe altérée, qui peuvent influer sur la performance scolaire.

Proposer un plan d’accompagnement personnalisé

Il existe différents plans qui formalisent une aide que vous avez déjà commencé à mettre en place :

  • Le Plan Personnalisé de Réussite Éducative (PPRE) : c’est un plan initié pour un élève qui rencontre des difficultés persistantes dans ses acquisitions scolaires.
  • Le Plan d’Accompagnement personnalisé (PAP) : pour les élèves souffrant de troubles des apprentissages, les adaptations sont mises en place pour permettre une scolarisation qui aide l’élève à atteindre les objectifs du cycle.
  • Le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) : il s’adresse aux enfants dont la situation de handicap a été reconnue. Il doit être établi, quel que soit l’établissement dans lequel l’enfant suit sa scolarité.
  • Le Plan d’Accueil Individualisé (PAI) : ce protocole est rédigé si une pathologie, une allergie ou une intolérance alimentaires sont détectées

Bon à savoir : depuis la loi du 11 février 2005, les dys sont considérés comme des handicaps. Les familles des élèves concernés peuvent donc solliciter des aides spécifiques auprès de l’enseignant référent.

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