Le ministère de l’Éducation nationale a fait de la lutte contre le harcèlement scolaire sa priorité depuis plusieurs années. Quelles sont les conséquences sur le corps enseignant ?
Un phénomène de grande ampleur dans les établissements scolaires français
Comme le rappel un rapport du Sénat français de septembre 2021, 6 à 10 % des élèves français subiraient une situation de harcèlement durant leur scolarité. Cela représente entre 800 000 à 1 millions d’enfants chaque année. Ce phénomène a donc pris une ampleur sans précédent et les actions, ainsi que les études pour l’éradiquer se multiplient. Il existe trois caractéristiques pour définir le harcèlement scolaire :
- la répétition et la prévisibilité d’actes plus ou moins violents ;
- le déséquilibre dans le rapport de force entre les victimes, les auteurs ;
- l’intentionnalité de ces derniers.
Plusieurs études montrent des similitudes entre les victimes :
- ce sont souvent des enfants qui présentent des signes de faiblesse ;
- des enfants obéissants, dociles ;
- des élèves qui connaissent le succès ;
- des jeunes bien perçus par les adultes.
Des professeurs mobilisés pour éradiquer les actions négatives et répétées contre un élève
Face à ce problème d’ampleur, le ministère de l’Éducation nationale a décidé de réagir. L’une de ses principales actions fut la généralisation, en septembre 2023, du programme pHARe dans tous les établissements scolaires. Un numéro unique, gratuit et disponible 7 jours sur 7 est également effectif, le 3018, pour accompagner les victimes et leur entourage.
L’article L. 111-6 du code de l’éducation rappelle qu’aucun élève ou étudiant ne doit subir des faits de harcèlement. Cela implique un devoir d’assistance de la part de tous les agents de l’Éducation nationale. Plusieurs initiatives ont été prises dans ce contexte. Notamment, des adultes ont été formés à la prévention et à la mise en œuvre d’un protocole de prise en charge des situations de harcèlement, dans chaque établissement scolaire ou circonscription.
L’impact du harcèlement scolaire sur le bien-être des enseignants
L’Éducation nationale demande à ses enseignants d’être investis et mobilisés dans la prévention et la gestion de violences répétées, durant la scolarité. Cela implique :
- une vigilance accrue durant les heures de cours et de récréation ;
- le signalement auprès de personnes référentes, au sein des établissements scolaires et du rectorat ;
- la prise en charge des harcelés et des harceleurs, ainsi que leur famille.
Toutes ces mesures demandent du temps et de l’énergie au corps professoral et éducatif.
Or, le rapport de la DEPP publié en 2021, montre une certaine fragilité et fatigabilité des agents des établissements scolaires publics :
- 59 % trouvent qu’il y a de la violence dans leur structure ;
- 67 % seulement sont satisfaits du climat scolaire dans leur lieu d’enseignement ;
- 67 % estiment avoir une charge de travail excessive.
À travers ces chiffres on comprend que la lutte contre le harcèlement scolaire permettra de ramener un climat de travail serein. Toutefois, cela implique plus d’investissement des acteurs de l’éducation, qui sont déjà très sollicités.