L’Éducation Nationale en France traverse une crise profonde qui ne cesse de faire les gros titres. Pénurie d’enseignants, conditions de travail qui se dégradent, manque de respect, violences dans les établissements scolaires, autant de dysfonctionnement dont pâtissent aujourd’hui élèves et équipes pédagogiques. La situation est si alarmante qu’elle a fait l’objet d’une enquête pour Zone Interdite : « Professeurs malmenés, chaos administratif : l’Éducation nationale au bord du naufrage » diffusée dimanche 12/11/23 sur M6. Mais quelles sont les causes profondes d’une telle situation ?
Les signes évidents du naufrage de l’Éducation nationale
Certains signes de la crise que vit l’Éducation nationale sont visibles au quotidien :
- Les écoles manquent d’enseignants tout court, compétents encore plus. Les démissions ont quadruplé en 10 ans. La pénurie est telle que l’on assiste à des recrutements en 15 minutes par téléphone pour une professeure d’espagnol. Et ce n’est pas une exception puisque plusieurs journalistes ont déjà témoigné avoir pu se faire embaucher.
- Les établissements scolaires sont souvent insalubres, mal équipés pour des effectifs toujours plus nombreux. Dans son livre L’ex plus beau métier du monde, William Lafleur rapporte le témoignage d’un enseignant qui a dû aller chercher des tables et des chaises dans un autre établissement faute de moyens suffisants dans son lycée.
Cette situation a un impact direct sur la qualité de l’enseignement et l’épanouissement des élèves. Les professeurs, usés par des conditions de travail difficiles, sont également en souffrance. Et l’on sait finalement peu de choses sur la réalité du terrain tant le mot d’ordre « Pas de vagues » musèle la parole. La violence quotidienne ne ressort que par bribes de faits divers.
Les journalistes Julie Pellet, Kevin Denzler et Jean-Charles Doria à l’origine du documentaire de Zone interdite peuvent témoigner de ces verrous imposés : les obstacles rencontrés pendant l’année qu’a duré leur enquête dans les collèges, lycées et rectorats furent nombreux.
Les facteurs sous-jacents de la crise dans l’Éducation nationale
Parmi les causes du naufrage, les acteurs de terrain, des professionnels aux parents rapportent :
- des concours de recrutement de moins en moins attractifs (salaire, lieu et conditions d’exercice…), et donc une désaffection dans de nombreuses disciplines ;
- un salaire qui a si peu évolué qu’il plonge certains professeurs dans les difficultés financières, notamment quand ils sont nommés loin de leur domicile ;
- des effectifs de classe toujours plus importants, avec un public de moins en moins discipliné, qui rendent difficilement l’exécution des missions ;
- toujours plus d’exigences avec, par exemple, une promesse de « revalorisation » contre plus de travail dans le cadre du pack enseignant ;
- des conditions de mutation désespérantes, etc.
À cela s’ajoute un recrutement, parallèle au concours, d’une cohorte de contractuels. Ces nouveaux enseignants, non formés, servent à boucher les trous devant les élèves. Et pourtant, dans chaque académie, environ 50 professeurs remplaçants attendent d’être appelés. Mais l’outil de gestion est tellement obsolète, que le rectorat ne sait pas comment les contacter.
Difficile de dire que les choses bougent, mais des documentaires comme celui de Zone Interdite font le constat qu’il est temps que cela change. Et si parents et enseignants s’associaient pour faire avancer les choses ?