Aider un élève dyscalculique : comment faire ?
Moins connue que la dyslexie ou la dysorthographie, la dyscalculie fait partie des troubles des apprentissages. Elle toucherait environ 5 % de la population scolaire. Les élèves qui en souffrent rencontrent des difficultés dans le domaine des mathématiques. Une fois le diagnostic posé, de nombreux aménagements pédagogiques sont possibles. Vous accueillez dans votre classe un enfant dys ou multidys ? Vous ignorez comment aider votre élève dyscalculique ? Découvrez dans cet article des pistes concrètes pour étayer ses apprentissages.
Connaître ses difficultés pour soutenir un enfant dys en maths
Voici une liste non exhaustive des compétences compliquées à acquérir. Les enfants dyscalculiques ont des difficultés à :
- Mémoriser les tables.
- Effectuer de simples opérations. Ils les confondent souvent les unes avec les autres, d’ailleurs.
- Comprendre ce qu’est un nombre, faire le lien entre le symbole et la quantité qu’il représente.
- Nommer et comprendre les termes, les opérations et concepts numériques.
- Transcoder, c’est-a-dire transcrire à l’écrit un nombre prononcé par l’enseignant, et inversement. Si Théo entend 513, il écrira 50013.
- Comprendre les énoncés de problèmes mathématiques.
- Sélectionner les données pertinentes pour résoudre une situation problème.
- Choisir la ou les bonnes opérations à effectuer.
- S’orienter dans l’espace.
- Pratiquer les activités géométriques.
Aménager sa pédagogie pour compenser le handicap
Désignation orale et écrite des nombres
Voici quelques pistes pour aider un élève dyscalculique :
- Éviter les dictées de nombres.
- Fournir une file numérique à l’élève.
- Créer pour lui un support visuel avec écriture en chiffres arabes et écriture en lettres.
- Différencier, lors des corrections, ce qui relève d’une erreur de calcul et ce qui correspond à une erreur d’écriture des nombres.
- Pour lire ou écrire un nombre, le placer dans un tableau de numération. Ou faire colorier chacun de ses chiffres selon un code couleur. Bleu pour les unités, vert pour les dizaines et jaune pour les centaines, par exemple.
Opérations sur les nombres
D’autres pistes peuvent être explorées dans le but d’accompagner un élève rencontrant des difficultés dans le domaine des mathématiques :
- Autoriser la calculatrice aide grandement les élèves dyscalculiques. Ils sont ainsi soulagés d’un poids. D’ailleurs, pour certains, il sera nécessaire de se concentrer sur l’acquisition du sens des opérations. La technique opératoire passera au second plan. Le handicap ainsi compensé, vos élèves pourront s’investir dans la résolution de problèmes. À noter : pour aider vos élèves dyslexiques, admettez qu’eux aussi aient recours à la calculette.
- Laisser à leur disposition les tables d’addition et de multiplication. En effet, les élèves souffrant de dyscalculie éprouvent des difficultés à mémoriser ces tables. Vous pouvez les imprimer sur un sous-main, par exemple. En tout cas, privilégiez la présentation sous forme de tableau et évitez la fameuse table de Pythagore. Les enfants et adolescents dyscalculiques ont du mal à s’en servir.
- Fournir des gabarits d’opérations lors de séances de calcul posé. Ainsi, vos élèves se repéreront facilement dans l’algorithme spatial de l’addition ou de la soustraction. Sur ce genre de support, le rang des chiffres est mis en évidence grâce à un code couleur.
- Adopter le même code couleur pour les opérations en ligne. Ainsi, l’identification du rang des chiffres est plus facile.
- Donner des opérations « modèles » posées et effectuées avec les retenues. Elles seront rangées dans un classeur outils ou imprimées sur un sous-main).
- Permettre aux élèves dyscalculiques de prendre des notes lors des séances de calcul mental. Imaginons un travail sur « ajouter 9 ». La stratégie enseignée consiste à ajouter 10, puis à retrancher 1. Si la consigne orale est 135 + 9, la majeure partie de votre classe ne rencontrera aucune difficulté à effectuer le calcul. Votre élève dyscalculique, lui, oubliera le nombre de départ (135), le temps de réfléchir à la technique à utiliser. Voilà pourquoi il a besoin de le noter sur son ardoise ou son cahier de brouillon. Et vous pouvez même aller plus loin : lui suggérer d’écrire 135 puis de tracer un point au-dessus du 3 (pour penser à ajouter la dizaine) et un autre en dessous du 5 (pour enlever une unité).
Raisonnement logique
Aider un élève possédant des troubles de l’apprentissage en mathématiques prend en compte le raisonnement logique :
- S’assurer de la compréhension de l’exercice. L’élève reformule la situation problème à l’oral. Vous ou son AVS vérifiez ainsi que tout est clair dans son esprit.
- Schématiser la situation problème. Cette stratégie convient à certains dys, mais pas à tous. Dans un premier temps, ce travail sera fait conjointement avec l’adulte. Peu à peu, l’élève en prendra davantage l’initiative.
- Autre possibilité : théâtraliser l’énoncé de l’exercice. Jouer à la marchande aide les élèves dyscalculiques à donner du sens aux activités mathématiques.
- Adapter les consignes si elles présentent une scène de vie trop difficile à comprendre. Les histoires de billes, de fleurs et de bonbons conviennent parfaitement.
Dénombrement
Voici quelques conseils pour accompagner au mieux vos élèves dyscalculiques dans le dénombrement :
- Afficher une bande numérique sur le mur en face de votre élève dyscalculique. Ou bien en mettre une à sa disposition.
- Lors des exercices sur papier, inciter l’enfant à barrer chaque élément compté.
- Pendant les activités avec du matériel, lui demander de bien séparer chaque objet compté du reste de la collection.
- Faire dénombrer dans des situations concrètes de vie de classe. En EPS, au moment de former des équipes. En sciences, lorsqu’il faut préparer le matériel pour les expériences à venir. En géographie, quand il est l’heure de distribuer deux fiches d’évaluation par élève.
Géométrie
Pour la partie Géométrie, il existe des aides à la compréhension et manipulation :
- S’équiper du logiciel Geogebra. Cet outil aide les élèves à compenser leur handicap tout en développant leur autonomie. Téléchargeable gratuitement, il réunit géométrie, algèbre et calcul.
- Permettre autant que possible la manipulation. Au moment d’aborder la symétrie axiale, par exemple, montrez à vos jeunes comment procéder par pliage. Avec eux, utilisez cette technique pour identifier un axe de symétrie et tracer le symétrique d’une figure. Répéter la démarche ensemble jusqu’à ce que les enfants sachent le faire seuls.
Bonus : des « trucs » pour aider les élèves dyscalculiques
Vos élèves ne mémorisent pas certains termes mathématiques ? Concevez des moyens mnémotechniques pour eux. L’ensemble de la classe profitera par la même occasion de ces astuces.
Exemple : faites retenir la définition de (droites) sécantes en analysant la famille du mot. Le mot « sécant » fait penser à « sécateur », un objet coupant. Donc, deux droites sécantes sont deux droites qui se coupent.
Impossible pour vos élèves dys de se rappeler ce qu’est un triangle isocèle ? Placez-vous debout devant le tableau, puis écartez les jambes. Faites remarquer à vos élèves que vos membres inférieurs forment un triangle avec le sol situé entre vos pieds. Un triangle isocèle plus exactement, car vos jambes sont de même longueur. Ainsi, ils se souviendront qu’un triangle isocèle a deux côtés égaux.
Enfin, pour éviter la confusion entre numérateur et dénominateur, donnez ce « truc » à vos élèves :
- Numérateur commence comme nuage ; c’est alors le nombre du haut dans une fraction.
- Dénominateur fait penser à dessous ; c’est le nombre du bas.
Quand on est un élève dysorthographique, dyslexique ou dyscalculique, apprendre est source de souffrance. Heureusement, notre connaissance de ces troubles des apprentissages s’affine. Les enseignants sont de mieux en mieux outillés pour venir en aide aux jeunes dys.
Besoin de ressources supplémentaires pour savoir comment aider un élève dyscalculique ? Lisez ceci :
👉🏻 Quels sont les aménagements possibles pour un élève dyscalculique ? – CRPE 2022
👉🏻 Qu’est-ce que la dyscalculie ? – CRPE 2023